Côte d’Ivoire: L’affaire Kieffer à nouveau au point mort ?

(MFI)

A Abidjan, dans la presse, les commentaires vont bon train. Les résultats du test ADN pratiqué sur le squelette exhumé dans l’ouest de la Côte d’Ivoire n’ont pas été concluants. Il ne s’agit pas de celui de Guy-André Kieffer, journaliste franco-canadien disparu à Abidjan en 2004.

Huit ans après la disparition du journaliste franco-canadien, Guy-André Kieffer, en Côte d’Ivoire, sa famille a vécu une semaine d’espoir après la découverte de restes humains près d’Issia, dans le centre-ouest du pays. Puis d’immense déception. Le squelette exhumé le 6 janvier dernier pour des raisons d’identification, avait été présenté comme étant celui de Kieffer. Mais les tests ADN pratiqués en France se sont révélés négatifs. Pour Soir Info, « cette annonce déçoit l’entourage de Guy-André Kieffer qui avait pensé que cette dépouille (…) était bien celle du journaliste ».
« L’expertise ADN est négative », a titré le quotidien gouvernemental Fraternité Matin tandis que dans Le Patriote, le quotidien proche du président Alassane Ouattara, on pouvait lire que « Le squelette exhumé en Côte d’Ivoire n’est pas celui de Kieffer ».
Comme plusieurs de ses confrères, le journal se contente de reproduire une dépêche d’agence. L’Intelligent d’Abidjan, quant à lui, affirme à la Une en parlant du juge d’instruction français : « Ramaël a encore échoué ».

Affaire Kieffer : non-dits

A la veille de la découverte de ce squelette, Le Nouveau Courrier avait publié les dires d’un mystérieux témoin anonyme se prétendant issu des ex-rebelles ivoiriens et s’accusant d’avoir participé à l’enlèvement et au meurtre de Guy-André Kieffer. Baptisé « Gorge profonde » par le journal, cet homme accuse cette fois Patrick Ramaël qu’il prétend avoir rencontré à Abidjan de ne pas jouer «franc-jeu ». Proche, comme Le Nouveau Courrier, de l’ex-président Gbagbo, le quotidien Notre Voie lance la polémique. « Que vont devenir nos confrères proches de Ouattara, (…) eux qui, sans avoir attendu les résultats du test d’ADN, comme nous l’enseigne notre métier, se sont engouffrés dans des commentaires puérils et désobligeants en soutenant que le squelette (…) était celui de Guy-André Kieffer ? »
Mais Nord Sud n’entend pas s’en laisser compter : « Tout est relancé, contrattaque le quotidien proche du Premier ministre Guillaume Soro.(…) Ce qui venait conforter l’idée qu’il pourrait bien s’agir du journaliste, c’est le fait que l’endroit d’où les restes ont été exhumés est un fief de l’ancien régime de Laurent Gbagbo. Or, toutes les personnes suspectées d’être à la base de la séquestration de Guy-André Kieffer, sont liées au clan de M. Gbagbo. Les plus dithyrambiques parmi les analystes sont allés jusqu’à faire un lien entre le lieu où a été découvert le squelette et l’ancien ministre et cadre du Front populaire ivoirien (FPI), Paul Antoine Bohoun-Bouabré qui est curieusement décédé, mercredi dernier ».

Sans le nommer, Nord Sud s’en prend à un de ses confrères. « Alors que tous attendaient avec impatience, les résultats du test d’Adn, un journal proche de l’ancien régime au pouvoir avait révélé que le squelette (…) ne pouvait pas être celui de Guy-André Kieffer (…) En tentant de démonter, avec promptitude, avant les résultats, la thèse de ceux qui soutenaient que ce sont bien les restes d’un Blanc qui ont été exhumés, les partisans de Laurent Gbagbo donnent les preuves qu’ils en savent plus qu’ils n’ont craché. Ils savent donc où se trouve le journaliste franco-canadien ».
Reste que, après cet épisode douloureux pour la famille et les proches de Guy-André, une question demeure. L’identité de la personne retrouvée dans le lit d’un cours d’eau reste un mystère. Etait-il blanc, noir ou d’une autre couleur ? Pourquoi et comment son corps a été retrouvé sous le pont où les villageois de Yaokro disent l’avoir enterré ?

La justice ivoirienne doit faire face à une multitude de demandes d’enquêtes pour retrouver des personnes disparues pendant la crise postélectorale – et au-delà depuis près de dix ans. Des fosses communes ont été localisées mais l’identification des corps découverts prendra plusieurs années. Il n’y a pas de statistique officielle des personnes disparues. Depuis quelques mois, une cellule spéciale d’enquête reçoit les demandes de recherche. A chaque fois, une information judiciaire est ouverte, mais l’enquête ne démarre pas dans la foulée.

MFI / RFI

Israël / Côte d’Ivoire : Bohoun Bouabré in memoriam

(MFI / 17.01.12) Sa dépouille mortelle est arrivée ce samedi à 18 heures à Abidjan, accueilli à l’aéroport international par sa famille et une poignée de partisans. Paul Antoine Bohoun Bouabré est mort en Israël des suites d’une grave maladie à l’âge de 55 ans. Ancien ministre de l’Economie et des Finances, puis du Plan, sous Laurent Gbagbo, ce cacique du Front populaire ivoirien (FPI) était visé par un mandat d’arrêt international délivré par la Côte d’Ivoire. Cet ancien professeur à l’université d’Abidjan avait été mis en cause notamment dans la disparition du journaliste franco canadien Guy André Kieffer. Il était dans le collimateur de la justice française qui le suspectait d’avoir été l’un des commanditaires de la disparition du journaliste Guy André Kieffer. Le juge d’instruction Patrick Ramaël l’avait entendu à Abidjan en avril 2009. Une audition qui n’avait pas permis de faire progresser l’enquête. En mars 2011, quelques semaines avant la chute de l’ancien régime, Bohoun Bouabré s’était envolé pour Israël, un visa humanitaire en poche. Celui qui fut le grand argentier du régime déchu espérait que les médecins de l’hôpital Hadassah, à Jerusalem, viendraient à bout de la maladie qui le rongeait. Ses avoirs gelés par l’Union européenne, il aurait, ces derniers mois, sollicité les nouvelles autorités ivoiriennes pour qu’elles prennent en charge ses soins – ce qui lui aurait été refusé, aux dires de ses partisans. Personnage très influent durant les cinq premières années de la présidence Gbagbo alors qu’il était ministre des Finances, l’homme avait conservé l’oreille de l’ex-président ivoirien en dépit de ses brouilles avec Simone Gbagbo et feu Désiré Tagro, son frère ennemi de la région d’Issia.

Source MFI / RFI

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