Paul Antoine Bohoun Bouabré est mort! Salut «Paul-Antoine», mon frère, mon ami, mon camarade, mon collègue. Du complot de Marcoussis, nous étions tous les deux, adoubés ministres d’Etat parmi «les rescapés» de l’équipe Affi. Toi, dans le protocole, premier des ministres fidèles au Président de la République, Laurent Gbagbo.
Combien de fois nos secrétariats respectifs ont réglé nos intérims alternatifs! Témoignage de nos excellents rapports, actifs depuis l’Université, dans le cadre du Synares (Syndicat de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique) puis, dans le cadre du FPI.
A la tête du groupe ministériel FPI dans les durs moments à partir de 2002 qui ont précédé les élections de 2010, tu as su gérer avec intelligence notre cohésion autour du Président de la République, Laurent Gbagbo dans un environnement d’arrogance et d’hostilités des «rebelles».
D’abord de 2002 à 2005, en qualité de ministre d’Etat, ministre de l’Economie et des Finances, tu as mis en œuvre la structure de l’administration financière et des procédures: appels à candidature, co-nomination des DAAF des ministères, adhésions des opérateurs économiques à la philosophie de la résistance économique, gestion équilibrée des ressources, inspection quotidienne des régies financières, transparence avérée (attestée par les audits des partenaires bilatéraux et multilatéraux) des secteurs clés : Café-cacao, Pétrole, Mines, Régies financières etc.; politiques poursuivies par tes successeurs, et qui ont permis à notre pays d’obtenir le point de décision auprès des bailleurs de fonds dans le cadre du PPTE.
Ensuite, les turpitudes du complot anti-Gbagbo t’ont conduit en 2005, au ministère d’Etat, ministère du Plan et du Développement. A ce poste encore, tu conduis remarquablement les démarches qui ont abouti, dans un processus participatif national exemplaire, à la rédaction et à l’adoption du DSRP.
Je suis absolument convaincu, «Paul Antoine», et les premiers hommages en sont les témoignages, que notre génération te reconnait déjà comme un artisan essentiel, autour du Président de la République Laurent Gbagbo de la démarche qui, malgré la rébellion, a sauvé la Côte d’Ivoire de l’effondrement économique et protégé le Président Laurent Gbagbo.
Les générations futures retiendront que sous le régime actuel imposé à notre pays, les réalisations en cours, les financements décaissés, la qualité de la signature Côte d’Ivoire, sont l’héritage de la gestion ante-électorale du Président Laurent Gbagbo et qui porte l’empreinte indélébile de «Paul Antoine».
Les générations futures retiendront que si le Président de la République Laurent Gbagbo a été déclaré «indigent» par la CPI, autrement dit «transparent» au regard de son patrimoine personnel; et qu’il déclare « …on ira jusqu’au bout…» c’est que son conseiller financier, «Paul Antoine» a veillé en permanence à la réputation de Laurent Gbagbo, et donc à sa propre réputation.
Je me souviens encore, quelques heures avant les dernières discussions avec les institutions de Bretton Woods, «Paul Antoine», tu as descendu comme d’habitude, à pied, les marches qui séparaient nos bureaux à l’immeuble Sciam Abidjan Plateau pour me dire amicalement: «Monnet, si tu n’as pas de casseroles aux Mines et à l’Energie, c’est gagné pour le point de décision…»; ma réponse a été : «Monsieur le ministre d’Etat, si la contrainte, c’est la gouvernance des secteurs mines, énergie, pétrole, alors, c’est gagné…».
Avec «Paul Antoine», porteur de l’héritage de Paul Antoine Bohoun Bouabré, homme intelligent et intègre, «on ira jusqu’au bout» de cette noble aventure commencée en 1990 avec le multipartisme, continuée en 2000 avec la Refondation et qui se poursuit toujours, malgré la parenthèse encore douloureuse du 11 avril 2011.
Sur le chemin d’à coté s’en est allé, jusqu’au bout, Paul Antoine Bohoun Bouabré.
Nos prières l’accompagnent près du Dieu de toute Miséricorde, son Dieu.
Le ministre Léon Emmanuel Monnet
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