Ce n’est nullement une spécificité ivoirienne, encore moins une création du président Alassane Ouattara. La Police Militaire (PM) a existé et existe ailleurs. De façon générale, et selon un document tiré sur internet, il s’agit d’une unité des forces armées qui est mise en place pour assurer la sécurité et l’application des lois au sein d’une organisation militaire.En temps de guerre, la Police Militaire peut s’occuper de la sécurité des infrastructures, la protection des officiers et des personnalités importantes, la gestion des prisonniers de guerre, le contrôle du trafic routier et de l’approvisionnement des marchés, ainsi que de toutes les missions habituellement accomplies en temps de paix. Les forces militaires disposant d’un système judiciaire indépendant des entités civiles, de tribunaux avec une législation différente, et de leurs propres prisons, la Police Militaire peut enquêter sur des membres de l’armée et procéder à des investigations dans des affaires criminelles (stupéfiants, vols, etc.) en temps de paix ou de guerre. Le commandement de la Police Militaire est souvent connu sous le nom de prévôté ou prévôté militaire. Ce titre ancien était donné, à l’origine, à un officier dont la mission consistait à s’assurer que les armées du roi ne s’en prenaient pas sans raison au peuple. Le statut de policier militaire passe souvent par le port apparent d’insignes distinctifs sur le casque et/ou sur le bras (brassard). Dans la marine, les policiers militaires sont souvent appelés maîtres d’armes. C’est donc cette entité militaire que le président ivoirien, Alassane Ouattara a été obligé de mettre en place suite aux exactions, parfois meurtrières dont se rendaient coupables, et de façon récurrente, des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI). Le 19 décembre 2011, le président Ouattara a annoncé la création de cette police militaire « pour inspecter les rues et traquer les soldats qui font le rodéo en ville ». La mission a été confiée au commandant Koné Zackaria, ex-com-zone et membre des forces spéciales ivoiriennes. Il a été installé dans ses nouvelles fonctions le mercredi 21 décembre par le ministre délégué à la Défense, Paul Koffi Koffi. L’équipe de Koné Zackaria est basée à l’état-major général des armées, au Plateau. Elle devrait disposer de 300 éléments des forces républicaines, de gendarmes, de policiers et des éléments de l’Onuci. Aussitôt installée, la police militaire s’est mise au travail. Elle sillonne, à bord de véhicules pick-up, les quartiers d’Abidjan à la recherche d’éléments indisciplinés, et de véhicules non identifiés dans les fichiers des FRCI. Mais également pour mettre de l’ordre sur la voie publique.
Sans casser des œufs
La mission est noble, mais reste semée d’embuches. Pour y parvenir, le patron de la Police Militaire doit faire des malheureux, notamment les commerçants qui sont installés de façon anarchique sur la voie publique et qu’il dégage à chacun de ses passages. « Je le fais parce que je trouve que cela empêche mes hommes de travailler. C’est une question de sécurité. La voie publique n’est pas faite pour un marché », a martelé le commandant Zakaria hier sur les antennes de la radio Rfi. Cette traque aux commerçants sur les voies s’apparente à une mission sisyphienne, puisque les personnes chassées reviennent toujours s’installer sur les mêmes lieux. « Ce que nous demandons, ce sont les emploi. Dès qu’il y a des emplois, les jeunes vont s’en sortir. Mais quand il n’y a pas d’emplois, on risque de tomber dans les mêmes choses », a rétorqué une des victimes de la Police Militaire, louant toutefois les actions posées par cette unité de l’armée. Côté militaire, la traque n’est pas non plus une partie de plaisir. « On croise les éléments, on les approche, on les interpelle. S’ils ont un ordre de mission, il n’y a pas de problème. Dans le cas contraire, on essaie de récupérer les armes qu’ils ont en main pour aller les déposer au PC (poste de commandement ndlr) », a laissé entendre un collaborateur de Koné Zakaria, le lieutenant Yves Seri. Un autre membre de la Police Militaire s’est voulu clair. « Tout le monde n’est pas appelé à devenir militaire. Il y a une sélection qui se fait. Donc ceux qui sont retenus sont déjà avec nous. Ceux qui ne sont pas retenus et qui ont encore les armes avec eux, on les recherche. Ils cachent les armes chez eux à domicile pour ne pas se faire prendre. Mais de toutes les façons, on mettra le grappin sur eux », a prévenu le sergent Nixon Seri, témoignant ainsi des difficultés rencontrées dans leur mission. Et ce n’est pas tout. La mission de la Police Militaire, selon de bonnes sources, est également minée par les rivalités entre les chefs de guerre. Koné Zakaria devra en effet affronter les éléments de certains de ses frères d’armes. La franche collaboration de ces derniers devient un facteur déterminant dans la réussite de sa mission. Ce qui n’est pas toujours le cas. Le commandant Zakaria et ses hommes doivent user de tact pour faire incursion dans une zone placée sous l’autorité d’un autre chef militaire. Cela pour éviter les affrontements entre factions armées, comme c’est souvent le cas. A cela il faut ajouter les difficultés d’ordre matériel, notamment le manque de moyens de locomotion, de transmission et l’armement nécessaire qui rend difficile la tâche confiée à la Police Militaire. Ceux qui ont nommé Koné Zackaria devraient l’aider à trouver solution à ces écueils, au risque de voir sa mission capoter.
Hamadou ZIAO
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