Laurent Gbagbo doit avoir les larmes aux yeux. Voir ses partisans se tirer dessus à boulets rouges, pendant que lui croupit dans les géôles de la prison de Scheveningen, à La Haye, n’est certainement pas une situation qui donne du baume au cœur d’un prisonnier. Et pourtant, c’est bien ces nouvelles qui parviennent à l’ex-président ivoirien, détenu à la Cour pénale internationale (Cpi) depuis la nuit du 29 au mercredi 30 novembre 2011. Depuis sa chute du pouvoir le 11 avril 2011, le camp de Laurent Gbagbo est frappé par le démon de la division. Le dernier fait en date est certainement la création de la Ligue des mouvements pour le progrès (Lmp) dont les têtes d’affiche sont l’ancien porte-parole de Laurent Gbagbo, Gervais Coulibaly, ses proches collaborateurs, les ministres Kabran Appiah, Mel Eg Théodore, Lagou Henriette. Ils disent lutter pour l’instauration de la démocratie, et banissent l’usage de la violence dans le règlement des problèmes poltiques en Côte d’Ivoire. Les membres de la nouvelle Lmp sont issus du Congrès national de la résistance pour la démocratie (Cnrd), mais n’agissent pas dans le cadre de cette coalition de mouvements politiques créée par Laurent Gbagbo. Ils sont également en rupture totale avec le Front populaire ivoirien (Fpi) dont ils dénoncent les attitudes et habitudes. Ces deux groupements politiques se sont illustrés dans la presse, à travers une passe d’armes plutôt salée qui n’honore pas les anciens tenants du pouvoir. Là où il est attendu d’eux une cohésion forte et solide afin de constituer une opposition crédible face au régime Ouattara, c’est à un émiettement de l’ancienne coalition au pouvoir que l’on assiste. Cela au grand dam de leurs camarades prisonniers qui ont plus que jamais besoin de leur union pour avoir la force de résister dans l’univers carcéral. Mais que non ! C’est la saignée qui continue depuis le 11 avril 2011. D’abord avec le troisième vice-président du FPI, et deuxième personnalité de l’Etat, le professeur Mamadou Koulibaly, qui s’est séparé de ses anciens camarades de lutte pour divergence de vue. Ensuite, ce sont Gervais Coulibaly et ses camarades de la nouvelle Lmp, qui ouvrent un autre chantier dans le marigot politique ivoirien. Sans compter les mésententes récurrentes qui meublent la vie des mouvements patriotiques proches de l’ancien président. En tout cas, disons-le tout net, l’adage qui dit que l’union fait la force, n’est pas du tout partagé par les membres de l’ancien régime. Autant dire que les pro-Gbagbo cherchent encore leur marque, face à un pouvoir decidé à tout mettre en œuvre pour les casser.
H. ZIAO
L’Inter
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