La Refondation-Sa toujours menacée
Décidément, la presse libre n’est pas au bout de ses peines sous le régime Ouattara. Le siège provisoire du journal Notre Voie, situé à Cocody-Angré (Abidjan), a été attaqué par des cambrioleurs, dans la nuit du samedi 7 au dimanche 8 janvier 2012. Ces malfrats ont escaladé la clôture pour se retrouver dans la cour de la villa qui abrite le journal. Une fois dans la cour, ils ont réussi à s’introduire dans le bureau de la responsable du Service commercial et marketing, après avoir fracturé la porte. Ils ont fouillé de fond en combe ledit bureau sans rien emporter. L’ordinateur bien en vue sur la table est resté à sa place, intact. Les curieux visiteurs ont tenté en vain d’accéder à la salle de rédaction et aux autres bureaux. Notamment celui de la comptabilité. Ce qui fait croire que les cibles principales de leur attaque du siège provisoire de Notre Voie étaient les services susceptibles de garder de l’argent. Mais en dehors du Service commercial, ils ont buté sur les antivols solidement fixés sur les portes et les fenêtres des autres pièces. De guerre lasse, en quittant les lieux, les malfrats ont emporté la poubelle placée à l’entrée du siège ! Bien curieux vol. Qui étaient ces individus et que recherchaient-ils en réalité ? Pour les responsables de Notre Voie, cette visite nocturne n’est pas un acte isolé. Ayant constaté hier les faits, en arrivant au travail, à l’instar de ses collaborateurs , César Etou, Directeur général par intérim de La Refondation-SA et Directeur de la publication de Notre Voie, a tenu quelque peu exaspéré ces propos : «vous savez, depuis le changement violent de régime en Côte d’Ivoire, Notre Voie et son personnel sont exposés et régulièrement pris pour cible. Notre siège a été pillé, saccagé et occupé pendant cinq mois par des hommes armés. Notre imprimerie (ndlr : une rotative de 500 millions de fcfa environ) a été brûlée puis détruite. Le siège, bien que libéré en septembre dernier, est hors d’usage, d’où notre présence dans ce siège provisoire d’Angré. Le journal a été abusivement suspendu en septembre et la plainte que nous avons déposée comme recours est pendante devant la justice. Du 24 novembre au 6 décembre 2011, trois journalistes dont moi-même ont été emprisonnés pendant treize jours avant d’être déclarés non coupables». Pour César Etou, ce cambriolage peut faire partie de cette farouche campagne d’intimidation : «tout le monde sait qu’une rédaction n’est pas un endroit où on garde des millions de fcfa ! De plus, quelle fortune peut vraiment cacher une entreprise sinistrée comme La Refondation-SA ? Pourquoi c’est le siège de Notre Voie que des cambrioleurs ont visé en sachant qu’ils n’y trouveront rien !?», s’est-il interrogé. Pour lui, la persécution politique, et maintenant le cambriolage, sont peut-être «une combinaison de traitements» pour faire taire Notre Voie. «Apparemment, ajoute-t-il, il y a des gens qui ont peur de la vérité, de la liberté de la presse et donc principalement de Notre Voie». Alors, César Etou a conseillé à ses collaborateurs : «faisons notre travail avec professionnalisme et sérénité. Sachons que personne ne nous fera de cadeau, mais que dans leur écrasante majorité, les Ivoiriens, les démocrates africains et du monde ont besoin de nous. Ceux qui nous harcèlent finiront par comprendre qu’ils perdent leur temps».
Jean Khalil Sella
Notre Voie
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