La privatisation de l’armée ivoirienne – Les FRCI et le dénuement de la Côte d’Ivoire par Serge Nicolas NZI

Par Dr. Serge Nicolas NZI |

CONTRIBUTION EDITORIALE – Connectionivoirienne.net |

I – Introduction

Le 19 octobre 1984, le père Jerzy Popielusko, l’aumônier du syndicat libre solidarité est enlevé par trois hommes, dont l’un déguisé en milicien. L’opinion publique polonaise met immédiatement en cause les services de police politique du pays. De fait, après avoir évoqué une provocation des extrémistes de solidarité, le pouvoir totalitaire et criminel du général Wojciech Jaruzelski, admet la responsabilité de quatre officiers de la sécurité intérieure du pays.
Ils passent aux aveux et le gouvernement doit se résoudre à organiser le procès des assassins du père Popielusko. Procès qui s’acheva le 7 février 1985 par des condamnations allant de 25 à 14 ans de prison pour les assassins.

Nous sommes étonnés que notre frère le Dr Allassane Ouattara, qui est un libéral pure sang et qui se dit démocrate, l’homme qui nous avait dit durant la campagne électorale ivoirienne qu’avec lui il n’y aura pas d’impunité pour les crimes de sang. Nous sommes tous malheureux de constater que là-même où le régime totalitaire du Général Jaruzelski, soutenu par Moscou, avait réussi un procès exemplaire retransmis à la télévision, le Dr Allassane Ouattara, dans la même situation, soutenu par la France, n’arrive même pas à faire arrêter un seul élément des FRCI qui endeuillent la Côte d’Ivoire aujourd’hui pour le remettre à la justice de son pays. Est-ce parce qu’ils sont du même groupe ethnique que lui, qu’il se refuse à les faire traduire en justice ? Bien sûr qu’on trouvera quelques courtisans pour dire que ce n’est pas de sa faute. Que ce sont les populations qui provoquent les FRCI, qui sont des soldats gentils et doux comme des agneaux.

Mais alors qui est allé les chercher et à qui la faute? On a même l’impression que le Dr Allassane Ouattara, est content et éprouve une jouissance certainement comparable aux jubilations de Jules César dans la Rome antique, abaissant le pousse pour mettre fin à la vie du gladiateur vaincu et déjà à terre.
Le Dr Allassane Ouattara, doit donc rire de toutes ses dents devant les humiliations quotidiennes que les FRCI imposent aux ivoiriens. Bizarrement les exactions se déroulent toujours à l’Ouest, au centre Ouest, au sud et à l’Est du pays et jamais dans le nord de la Côte d’Ivoire.

Lorsque notre frère le Dr Allassane Ouattara, arriva au pouvoir suite à la crise militaro politique poste électorale de décembre 2010 au 11 Avril 2011, la Côte d’ivoire est confrontée à trois problèmes : la sécurité pour permettre la résurrection de l’Etat qui était complètement déliquescent, la paix sociale nécessaire pour remettre le pays au travail et le vivre ensemble de tous les ivoiriens dans un pays juste pour tous. Notre frère le Dr Allassane Ouattara, avait toutes les cartes en mains pour rassurer tous les ivoiriens et fonder la confiance nécessaire au renouveau de la Côte d’Ivoire.
Hélas nous faisons aujourd’hui le constat que la moindre critique sur le fonctionnement de son régime peut faire de vous un homme mort ou mettre vos parents en danger si vous êtes à l’étranger. À l’époque coloniale cette méthode fut utilisée par le gouverneur Gabriel Louis Angoulvant, dont un Boulevard d’Abidjan porte le nom aujourd’hui encore. Les parents de tous ceux qui avaient des problèmes avec l’administration coloniale étaient de fait des ennemis de la France.
Nous avons cru que de telles pratiques n’existeront plus après notre indépendance. Notre peuple se retrouve pieds et points liés devant la force, l’omnipotence et l’omniscience des FRCI devenus la milice privé du régime d’Allassane Ouattara. Cela nous amène à l’une des difficultés majeures qui empêchent tous les pouvoirs politiques qui se sont succédés à la tête de la Côte d’Ivoire du 7 août 1960 jusqu’à nos jours.
Ils ont toujours cru comme une vérité biblique ou coranique, que tous ceux qui expriment une méfiance ou une différence d’approche d’un problème de la société ivoirienne, sont des opposants, des assoiffés de pouvoir. Soyons sérieux, le régime du Généralissime Francisco Franco, avait expérimenté cette méthode avec les résultats que l’on sait dans l’Espagne franquiste.

Comment un homme de l’intelligence du Dr Ouattara, a-t-il pu se vautrer sans vergogne sur les ossements de son propre pays, alors que gouverner pour le bien être des ivoiriens était le but déclaré de son mandat?

N’oublions pas que c’est le type de pouvoir et la manière dont le pouvoir a été exercé de 1960 à nos jours qui a conduit ce malheureux pays et son peuple dans la situation actuelle. A l’époque du président Houphouët-Boigny, on collait facilement sur vous l’étiquette de communiste pour mieux vous isoler de la scène politique.
Nous pensons à notre frère ASSI Adam Camille et à notre devancier Jean-Baptiste MOCKEY, paix à leurs âmes.
Sous le président Henri Konan Bédié, on est allé dans les immondices pour chercher le poison de l’ivoirité, pour venir l’inoculer dans le corps social de la nation. Voilà le PDCI-RDA aujourd’hui qui se lamente pour obtenir le poste de premier ministre comme si, il n’y avait que cela dans la vie publique.
Ce parti est né des mains de planteurs qui étaient tous des gens qui avaient appris à travailler pour eux même d’abord. C’est le syndicat agricole africain qui fut transformé en parti politique le 9 avril 1946. Les fondateurs de l’époque étaient-ils des petits quémandeurs de postes pour eux-mêmes ? Vaste question dont la réponse permettra au PDCI-RDA de se repositionner sur l’échiquier politique ivoirien.
Quant au Général Robert Geuï, il avait introduit la duplicité en politique en utilisant la force, la fausseté et surtout en reniant la parole donnée aux ivoiriens. Il avait pensé que la force pouvait tout résoudre. Le Dr Allassane Ouattara est aujourd’hui dans la même logique.
Sous le président Laurent Gbagbo, la refondation patriotique et souverainiste considérait tous ceux qui exprimaient la moindre réserve, comme des aigris en pleine quête alimentaire. Voilà qu’aujourd’hui sous le régime de la solution Ouattara, tous ceux qui expriment leurs angoisses et des critiques sur les dérives de l’Etat sont considérés comme des ennemis de la nation.
La seule chose qui manque jusqu’à présent à ce sombre tableau sous le régime Ouattara, c’est la pendaison publique avec les excréments du pendu sur lui en couverture du journal officiel. Ce n’est pas encore arrivé, mais à l’allure où vont les choses. Nous pensons que cela ne tardera pas.
Le pire est que si le protestataire est un Bété, un Guéré, un Abbey, un Abouré, un Dida ou un Attié, on entre tout de suite dans des considérations ethno tribales sans chercher à comprendre le contenu de ses observations sur l’avenir commun. Notre déception est immense sur ce sujet. Nous avons tous pensé que le Dr Allassane Ouattara, ayant été la première victime de l’ivoirité, allait prendre des mesures pour renforcer le vivre ensemble en mettant fin à l’association nuisible entre l’ethnie et le pouvoir.
En vérité de gros nuages planent déjà dans le ciel ivoirien. La soldatesque ethno tribale que constitue les FRCI, risque de pousser les ivoiriens qui ne sont plus protégés par l’Etat en pleine décomposition, à créer à leur tour des groupes d’autodéfense ou des milices qui plongeront la Côte d’Ivoire dans un désastre plus grand. Les FARC de Colombie sont sous nos yeux comme exemple de ce qui peut arriver à un pays à cause de irresponsabilité de sa propre classe politique.

II – Les ivoiriens pitoyables devant la privatisation de l’armée

Les FRCI, sont-elles au service du peuple ivoirien ou du Dr Allassane Ouattara et de sa tribu ? Comment sortir de l’engrenage ? L’armée ivoirienne dans sa forme actuelle peut-elle assurer la défense des frontières du pays et protéger les ivoiriens ? Une armée de pillards, de voleurs, de violeurs, d’égorgeurs, de cambrioleurs de banques, de trafiquants en tous genres, peut-elle défendre la paix et la sécurité de la Côte d’Ivoire ?

Une armée dans laquelle on retrouve des évadés de prisons, des dozos et autres zozos, peut-elle se porter garante de la survie de l’Etat et des citoyens ? Peut-on instaurer la démocratie et l’enracinée dans un environnement ou les milices côtoient les forces régulières ralliées du bout des lèvres au vainqueur d’un bras de fer électoral ? Comment restaurer la confiance entre le peuple et son armée ?

De loin nous voyons déjà se dessiner les germes de la prochaine mutinerie qui prendra pour prétexte le désarmement, l’encasernement des ex rebelles illettrés, la recomposition de l’armée ou l’harmonisation des grades au sein des FANCI ivoirienne comme sa source d’explosion. Le pouvoir fait semblant de l’ignorer, mais il sait qu’il est assis sur un baril de poudre.

Ne pas se poser ces questions au grand jour et maintenant, c’est se mettre aujourd’hui dans l’impossibilité de comprendre ce qui arrivera demain. Car il y aura dans le futur proche des l’élections communales et régionales. Chaque camp a gardé dans cette perspective sa capacité de nuisance.
Les fers sont aux feux. Pour certains l’objectifs est de consolider leurs positions tandis que pour les autres c’est sortir la tête de l’eau pour survivre politiquement. De nombreux candidats risquent d’être enlevés ou de disparaître tout simplement. Certains risquent d’être dénudés avant une grande bastonnade en public par les FRCI. Cela a déjà eu lieu pendant les récentes législatives. Sassandra est un exemple parmi tant d’autres.

Cette phrase terrible qui ne choque plus les ivoiriens montre le degré de décomposition du pays. < < Nous on va te tuer et il n’y aura rien>>. Dans tout pays qui se respecte le militaire en tenu qui prononce de telles paroles qui sont des menaces de morts contre un citoyen est aussitôt mis aux arrêts. Mais en Côte d’Ivoire il peut le faire, le filmer et le diffuser dans le monde entier sans que le président de la république Allassane Ouattara n’élève la moindre protestation.
La Côte d’ivoire est devenue un pays ridicule et dénudé dans un environnement où le meurtre et le sang sont banalisés. De Duékoué, à Vavoua, d’Agboville, à Akoupé, à Abengourou jusqu’à Sikensi, pourquoi à aucun moment le Dr Allassane Ouattara n’élève la voix pour mettre fin aux souffrances, à la tragédie et à l’humiliation des ivoiriens ?

Cautionne t-il les agissements des FRCI qui se réclament de lui et de son groupe ethnique ? Ou alors il n’a aucun contrôle sur les forces républicaines de la Côte d’Ivoire dont-il est le chef de l’Etat ? Ce qui serait plus grave que nous le pensions, car cela voudra dire que les FRCI seront encore là dans les rues pour 10 ans ou 15 ans dans le but de brutaliser et tuer gratuitement des ivoiriens avec des méthodes expéditives comparables aux chemises noires dans l’Italie fasciste de Benito Mussolini.
Ceux qui pensent que la crise ivoirienne est terminée se trompent, de longues souffrances sont encore devant les ivoiriens. Il faut dans ce sens apprendre à voir loin en commençant par voir ce qui est sur le bout de son propre nez.
Les FRCI, ne sont pas là pour protéger les ivoiriens. C’est une milice privée au service d’un régime. Elles ont certes la coloration d’une armée nationale, mais elles ne sont pas au service du citoyen ivoirien qu’il méprise allégrement. Elles sont au service d’un régime et de ses objectifs politiques. Telle est la triste vérité.
Nous savons tous que dans aucune armée au monde, un soldat ne peut dire à un citoyen qu’il peut le tuer, et il n’y aura rien. Ce n’est que dans la Côte d’ivoire actuelle que cela peut-être possible, au vu et au su de tout le monde sans que cela n’interpelle le gouvernement qui est sensé œuvrer pour le bien être de tous. La lutte contre l’impunité, la tolérance zéro. Tous ces slogans n’étaient que des bobards de petits bonimenteurs et rien de sérieux.

La preuve est que si vous demandez à un membre du gouvernement ivoirien aujourd’hui, quand est-ce que les propriétaires des maisons spoliées par les FRCI retrouveront-ils leurs domiciles et leurs biens emportés par la soldatesque ? Vous feriez le constat dramatique que ni le président de la république, ni le premier ministre et encore très moins le ministre de l’intérieur ne seront en mesure de vous donner une réponse précise, à cette simple question de bon sens.
En ce qui concerne la réconciliation nationale, elle est devenue une chimère et comme depuis 2002 les ivoiriens courent après des rêves chimériques. Ils vont poursuivre les mêmes chimères avant de se rendre compte qu’ils ont été embarqués dans une immense plaisanterie.

III – Les FRCI et la tentation du tribalisme.

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Nous observons en Afrique que la lutte pour la survie politique de la part des régimes civils ou militaires et du groupe qui l’entoure, lié par des intérêts divers (parenté ethnique, clientélisme, tribalisme et népotisme) rend peu à peu toute tentative de développement et de construction du pays inaccessible aux non membres, c’est à dire à la grande majorité de la population.
Du point de vue du recrutement, beaucoup de cadres militaires de nos forces républicaine de Côte d’Ivoire, doivent davantage leur nomination et leurs promotions à des considérations politiques ou personnelles (relations de confiance, appartenance tribale, ethnique, amitié, copinage etc..) qu’à leurs aptitudes professionnelles ou leurs faits d’armes.
Des exemples existent en Afrique : L’armée mono ethnique Hutu, d’Habyarimana au Rwanda, l’armée Ngbandi de Mobutu au Zaïre, l’armée Kabyé de la dynastie Eyadema au Togo et l’armée Kranh de Samuel Doé, au Libéria en sont des tristes exemples.

Inversement, des officiers réputés pour le sérieux de leur formation, de leurs compétences, mais ne se prêtant pas au jeu du pouvoir ou n’étant pas de la même région que le chef de l’Etat, se voient disqualifiés, tenus à l’écart, voir victimes de purges. Une telle armée est forte et féroce quant-il s’agit de mater des étudiants en grève, une tribu révoltée par les abus du pouvoir en place ou une protestation de travailleurs n’ayant perçu aucun salaire depuis plusieurs mois.
Une telle armée, vole en éclat et se trouve en complète débandade face à une menace militaire bien structurée venant de ses frontières. La défaite des troupes d’Idi Amin Dada en Ouganda, la défaite d’Hissène Habré au Tchad, la déroute de l’armé hutu d’Habyarimana et la défaite de l’armée ridicule de Mobutu composée en majorité des courtisans de l’ethnie Ngbandi, en sont les meilleures illustrations de cette affirmation.

Croire aussi qu’en Côte d’Ivoire, une armée de violeurs, de racketteurs, de trafiquants de drogue, de cambrioleurs de banques, de pillards et de vulgaires criminels à la petite semaine, de Dozos et de Zozos, peut assurer la défense nationale et protéger les vie humaines, c’est tout simplement se leurrer.
La création en son temps par le président Henri Konan Bédié, d’un conseil national de sécurité qui coiffe dans les faits l’Etat majors de l’armée nationale et placé sous la direction du Général de Gendarmerie, Joseph Tanny Ehuéni, fut pour beaucoup dans la passivité des officiers supérieurs de l’armée ivoirienne vis-à-vis du putsch de décembre 1999. Car ils y voyaient une tentative de dérive ethnique. Pour mettre les forces de défense et de sécurité sous l’autorité d’un courtisans du Bédiéisme triomphant.
Nous pensons que le risque existe en Côte-d’Ivoire, de voir les mécontents d’aujourd’hui, ceux que l’Etat à abandonné, ceux que l’Etat ne protège plus et ne défend pas à cause de leur appartenance régionale ou ethnique, se constituent en force de rébellion comme les mouvements de guérilla en Amérique latine ou comme la rebellions Ouattariste de 2002. En vue de renverser la dictature ou un régime oppressif à leur encontre.

La victoire de Soro guillaume et sa rébellion armée. Celle l’Ougandais Yowéri Mussévéni, du Tchadien Idris Deby, et du congolais Laurent désiré Kabila ou de Denis Sassou Nguesso à Brazzaville en sont des exemples concrets qui illustrent cette affirmation. Croire qu’un régime reposant sur des bases tribales ou ethno religieuses, peu promouvoir le développement d’un pays africain, c’est faire simplement le pari du plus lamentable des fiascos.
IV – Le Dr Allassane Dramane Ouattara et la nation ivoirienne
Il ne nous appartient pas en tant qu’observateur attentif du marigot politique ivoirien de dire à un homme politique ce qu’il doit faire ou ne pas faire. Ses courtisans et autres conseillers sont auprès de lui à cet effet et le font déjà assez bien.
Nous pouvons simplement exprimer, nos craintes, nos angoisses et notre vision de la direction souhaitable pour construire le bien commun. Nous pensons qu’ayant le plus souffert du cancer de l’ivoirité, le Dr Ouattara est le mieux placé aujourd’hui pour rendre l’Etat à la nation ivoirienne.
La Nation est de par sa définition, diversité d’intérêts, de corps sociaux, et c’est le rôle de l’Etat d’harmoniser et, au besoin d’arbitrer ces intérêts. Elle est, aussi diversité de tendances, de tempéraments, de sentiments et de croyances. Un de ses traits de génie consiste précisément à sécréter, à partir de ces éléments divers, une psychologie, une civilisation commune et à susciter autour des populations diverses qu’elle regroupe, une atmosphère où chacun respire un parfum qui ne lui est pas étranger, comme “ une sorte d’émanation subtile ”.

De l’empire du Ghana à celui du Mali en passant par la confédération Ashanti de Kumasi ou l’empire Peul du Macina. Des exemples concrets sont sous nos yeux sans aller en Chine ou au Mexique.

Parce qu’elle est solidarité, la Nation est nécessairement respect des individualités, des originalités des groupes et des personnes. Elles ne peut les méconnaître sans se renier elle-même et se condamner elle-même à se briser. Etrangère à tout absolu totalitaire qui en est proprement la négation, la Nation est lieu de dialogue et d’échanges permanents entre groupes, entre peuples de souches divers, entre familles spirituelles d’une même communauté.
C’est justement parce qu’elle est lieu de dialogues et d’échanges qu’elle a pu réaliser, dans le passé le plus lointain, ces vastes regroupements cités plus haut, qui ne cessent de nous étonner par leurs dimensions et la diversité des masses humaines qui en étaient les composantes, surmontant les obstacles que dressaient, sans cesse, sur sa route longue et difficile, les nationalismes des tribus et des clans.
C’est parce qu’elle se nourrit elle-même de dialogues et d’échanges qui en sont sa substance qu’elle a pu susciter à partir d’elle-même, cet élan universaliste, ce mouvement de formation de civilisations spécifiques, si caractéristiques des principaux mondes culturels qui traduisent symboliquement l’image d’une humanité qui est à la fois unité et diversité.

Mais la Nation est aussi un fait de conscience et, en tant que tel, une puissance d’enracinement dans le psychique et une puissance d’évasion dans le cosmos.
Elle est à la fois passé et avenir, tradition et progrès, culture et histoire. C’est par son enregistrement dans le psychique de notre être, dans le passé, les traditions, la culture de nos pays africains, par les échos profonds qu’elle provoque en chacun de nous, par l’évocation de souvenirs communs, d’une vie vécue ensemble, que la Nation se fait attachante, génératrice et propagatrice d’émotion, de sympathie et de fraternité vraie.
C’est cet héritage affectif qui lui donne un autre visage que celui d’une communauté d’intérêts et explique les sacrifices ultimes que nous sommes conduits à lui consentir, ces possibilités extraordinaires d’entraînement dans les moments d’exaltation et de ferveur nationales et tout le parti que l’on peut en tirer pour le grand bien de la collectivité, si l’on sait en garder le contrôle, pour consolider la démocratie naissante.
C’est une modeste pierre de notre part dans le jardin de notre frère le Dr Allassane Ouattara. Nous ne sommes pas ici dans une posture d’opposant, ceux qui le font sont dans des partis politiques dédiés à cet effet. Nous sommes en réalité des ivoiriens déçus et navrés de voir l’intelligence s’éloigner de la vie publique de la Côte d’Ivoire, pour laisser aux ivoiriens amers et médusés un pays ou l’armée est privatisée au profit d’un groupe ethno tribal.
V – Les FRCI, la vie humaine et l’Etat de droit

Si le Dr Allassane Ouattara, veut convaincre les ivoiriens de sa bonne foi et surtout s’il n’a rien à avoir avec les bastonnades, les perquisitions nocturnes sans aucun mandat délivré par un tribunal. Les occupations physiques des maisons dont certaines ont été achetées par crédit bancaire avec des traites hypothécaires qui ne sont pas encore terminées. Ne parlons même pas des viols, des vols et autres pillages qui ont transformé la Côte d’Ivoire en un far West, digne de ce nom. Qui a introduit cette troupe de criminels dans la vie politique et sociale de la Côte d’ivoire ? Nous posons toutes ces questions car elles seront utiles aux ivoiriens au moment de recoudre le tissu social de la Côte d’ Ivoire.

Les soldats coupables des exactions pouvaient-ils agir autrement ? Pouvait-on attendre d’eux qu’ils soient les protecteurs de nos populations et les gardiens de la loi ou d’un ordre nouveau de paix et de fraternité entre ivoiriens ? Cette violence inutile des FRCI contre les populations ivoiriennes, est-elle un ordre du président de la république chef des armées ? Si non pourquoi n’ordonne t-il pas depuis longtemps la cessation de toutes ces brutalités qui font de lui et de son gouvernement les représentants d’un Etat barbare comparable à la Pologne du général Jaruzelski?

En observant de près, on se rend compte que non seulement les FRCI, pouvaient se conduire différemment, car ils avaient toutes les données pour être conscients le la situation que leurs comportements créeraient dans le pays et prévoir les conséquences de leurs actes.

Ce ne sont donc pas des actes isolés et fortuits qui ont fait d’eux des brigands et des criminels, mais un choix conscient, planifié et prémédité. Cette faute pour utiliser le langage des juristes, leur est donc imputable. Il est donc inutile de transférer en fanfare, Laurent Gbagbo, à La Haye, toutes sirènes hurlantes, dans le but d’éloigner un adversaire politique et de se donner bonne conscience quand on est pas capable sur place de rendre un minimum de quiétude aux ivoiriens dans leur propre pays.
Nous laissons aux criminologues, aux psychologues, aux psychiatres, aux sociologues et aux politologues le soin de déterminer qui a construit ces robots tueurs. Puisse que le Dr Allasse Ouatera, nous a dit qu’il n’y aura plus d’impunité pour les crimes de sang, c’est donc au procureur qui soutiendra l’accusation devant le tribunal militaire s’il y a procès, de déterminer qui a mis en mouvement cette machinerie indigne, criminelle et criminogène qui a conduit la Côte d’Ivoire dans un immense lac rouge de sang humain et de souffrances parfaitement évitables.

Nous disons toutes ces choses graves sans une once de haine au fond de nous. Car persuadés que ce n’est pas chacun de son côté qu’il faudra rebâtir la Côte d’Ivoire, mais ensemble. Il y a donc au fond de chaque ivoirien un faisceau d’espérance, de confiance en l’homme, dans des attitudes morales et éthiques pour ne point tuer pour gouverner, ou gouverner pour tuer.

Il y a une norme dont la fonction sociale est de garantir la vie humaine. Elle garantie la sécurité en protégeant la vie comme valeur suprême, cette norme est : < < tu ne tueras point >> tu ne tueras pas car c’est interdit. On peut donc l’exprimer également en terme d’obligation par respect pour la vie humaine.

Chaque homme politique ivoirien et chaque membre des forces de l’ordre et de sécurité de Côte d’ivoire est concerné par cette norme < < tu ne tueras point >> afin que les ivoiriens n’inscrivent pas en masse leurs noms sur la liste des martyrs des régimes criminels.

VI – Postulat de conclusion générale

Les ivoiriens avaient pensé au matin du dimanche, 7 août 1960, qu’en sortant de la nuit coloniale, ils allaient tous dans la même direction portant ensemble une sorte de communion fraternelle pour bâtir une nation à leur service. Ce fut une grave erreur d’appréciation.
C’est donc par une sorte de malédiction découlant d’une tragique inculture qu’aujourd’hui avec l’aide des spécialistes qui ont fait leurs preuves ailleurs que, des ivoiriens se retrouvent torturant, pillant et tuant d’autres ivoiriens.
C’est par tragique inculture qu’un gouvernement indépendant organise lui même la terreur et la dispersion de son propre peuple à travers la sous région, faisant de l’état de réfugié, qui est anormal, une situation normale qui soit désormais en cet univers de violence et de haine, qui prouve que les droits des hommes ont été bafoués, piétinés et détournés.

Il y a des choses à ne plus faire dans ce malheureux pays pour reconstruire la confiance qui permettra à la Côte d’Ivoire de se relever. Il faut arrêter les violences inutiles. Les occupations des domiciles, les pillages, les vols de voitures qui favorisent un commerce juteux dans les pays voisins.
La situation des propriétaires de domiciles pillés et des femmes violées qui ne peuvent même pas aller dans un commissariat ou à un poste de gendarmerie pour se plaindre fait de la Côte d’ivoire un pays pitoyable déserté par la raison et le bon sens.

La loi du fusil n’a jamais fait le bonheur de personne sur cette terre. Y a t-il encore quelqu’un qui a de l’autorité pour arrêter tous ces massacres inutiles ? Le Dr Allasse Ouatera, n’est-il pas pris à son propre piège ?

Quelle Côte d’Ivoire gouvernera t-il quand la barbarie poussera toutes les intelligences vers l’exil ? Car le risque est grand aujourd’hui pour ceux qui sont menacés jusque dans leur vie privée de se constituer en milice pour se défendre à leur tour.

C’est de cette façon que sont nés les mouvements de guérillas en Amérique latine : Front sandiniste de libération nationale, au Nicaragua. Front Farambundo Marty, de libération nationale au Salvador. Le mouvement Maoïste du sentier Lumineux au Pérou. L’armée Zapatiste de libération nationale au Mexique. Sans parler des FARC de Colombie, qui ressemblent curieusement aux FRCI de Côte d’Ivoire.
Nous pensons que ce pays est allé trop loin dans son jeu avec le feu pour se permettre le luxe d’une instabilité chronique à la somalienne ou à la congolaise-Kinshasa. Nous devons tous avoir à l’esprit ce qu’il ne faut plus faire pour retourner définitivement vers la paix. Pour Rechercher une solution de dignité aux frustrations et aux ressentiments des uns et des autres pour reconstruire le vivre ensemble.

C’est ce qui nous fait dire à la suite de notre maître le Pr. Joseph Ki Zerbo que : < < Seul l’avenir est grand, parce qu’il est avenir, nous pouvons l’invoquer, nous pouvons le convoquer, nous pouvons le domestiquer, comme une bête féroce qui vient vers nous >>.
Telle doit être selon nous en 2012, la nouvelle direction à prendre pour relever le défi de la paix et de l’instauration de la démocratie en Côte-d’Ivoire.

Merci de votre aimable attention

Dr Serge-Nicolas NZI
Chercheur en Communication
Mail. nzinicolas@yahoo.fr

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