Libre Opinion
L’avènement du pluralisme politique en Afrique dans les années 1990 laissait présager une nouvelle ère qui verrait le peuple ou les peuples africains recouvrer le chemin de la liberté et s’orienter vers la démocratie. Aujourd’hui toutes ces espérances semblent allez à vau-l’eau tant les élections « libres et transparentes » ne sont qu’un simulacre visant à cachez la confiscation du pouvoir.
« Le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple » de Lincoln voudrais voir le peuple exercé sa souveraineté.
50 ans après les indépendances de façade, 20 ans après la marche forcée vers la démocratie, marche à reculons, il est plus qu’impérieux de poser la question : quel démocratie pour nos « états » cinquantenaires ?
Notre approche se veut être une contribution à un débat sans passions, sans a priori, sans calcul ; c’est un plaidoyer pour la démocratie.
Dans nos états, qui gouverne et au nom de qui, de quoi…? La question mérite d’être posée, tant on se permet tout au nom de tous.
La désillusion du peuple laisse entendre :
Allez dire aux hommes politiques
Qu’ils enlèvent nos noms dans leur business…
Allez dire aux marchands d’illusion
Que nos consciences ne sont pas à vendre.
Le peuple à qui l’on a confisqué le pouvoir voudrait que les politiques ne parlent plus en son nom ; il a hâte de recouvrer sa souveraineté.
Il faut donc dans cet apprentissage démocratique aller à un régime parlementaire.
Système constitutionnel caractérisé par l’équilibre entre les pouvoirs du gouvernement et du Parlement, le régime parlementaire qui réconcilie le peuple et la politique saura moderniser et pacifier le jeu politique.
Ce parlementarisme politique nous le souhaitons moniste.
Il faut à la tête de nos états des gouvernements issus de majorité parlementaire, c’est aux députés de faire un chef de gouvernement et nom l’inverse.
Il est de notoriété publique que nombreux sont les députés qui sont élus grâce à l’influence d’un chef de l’état tout puissant qui fait la pluie et le beau temps dans nos régimes présidentiels en Afrique. C’est un véritable confort que d’être un candidat de la majorité présidentiel.
La fin du régime présidentiel est pour nos chefs d’état un véritable coup d’état ; « c’est la mort de dieu » ; la fin des privilèges sans limites. Pour eux, c’est un non sens qu’être au pouvoir et devoir rendre compte à la représentation nationale.
Le comble de l’histoire n’est pas que nos chefs d’états veuillent garder leur pouvoir à tout prix mais le fait que les principaux partis d’opposition sensés proposer une alternative à tous ces abus sont de farouches défenseurs du régime présidentiel.
« Ces opposants » aspirent eux aussi non pas à une part du gâteau mais à plus de gâteau, plus de crème, plus de beurre ; de chocolat et j’en passe.
Ils veulent que le pouvoir soit le plus absolu, le plus juteux, le plus mielleux en un mot le plus dictatorial. Un pouvoir certes obtenu à l’issu d’élection quelques rares fois libres et transparentes mais un pouvoir qui vite vire à la dictature. C’est l’élection de dictateur constitutionnel.
Les tensions autour de nos élections viennent donc du fait que le gâteau est trop alléchant il faut donc tuer le pouvoir présidentiel. Tuer le dictateur.
« Il n’y a pas de banc présidentiel mais fauteuil » a dit un homme politique aguerri.
Je lui concède un fauteuil mais moins moelleux. Etre au service du peuple et responsable devant sa représentation. Ça ce n’est pas la démocratie mais un début significatif.
Le régime parlementaire moniste proposé n’est pas une négation de la fonction présidentielle, mais au contraire, le président de la république devra être le garant de l’unité national le conciliateur. C’est un rôle noble.
Ce régime n’est pas la panacée au(x) problème(s) africain(s) mais trouve un sens dans nos chefferies et royautés. La cohésion nationale n’aura de sens que s’il existe un minimum de justice. Si comme le fait remarquer M’Bra Ekanza, « dans l’Afrique traditionnelle, le chef ne se conçoit pas sans pouvoir judiciaire », il faut garde à ce que le pouvoir politique ne se voit confié à un seul individu.
Les coalitions pouvant naitre de combinaison entre parti ou groupement ne partageant pas les mêmes idées politiques sont la preuve du dialogue possible qui pacifie le jeu.
Notre marche vers la démocratie voudrais que le peuple soit le mieux représenté, tant dans sa majorité que sa minorité. Un parlement digne de ce nom, siège de la représentation du peuple ne saurait se restreindre à un groupe de député élu à une quelconque majorité. Que fait-on des minorités dans cette représentation ?
Une des solutions envisagées serait un scrutin proportionnel plurinominal. Chaque parti présente une liste de candidats aux électeurs. Puis les sièges sont attribués aux différents partis proportionnellement au nombre de voix qu’ils ont obtenues. De multiple formes et méthodes de réparation existent et sont à explorer pour que la le parlement reflète le plus possible le peuple dans sa diversité, afin que cette institution ne se borne pas à être le siège d’une majorité quelconque. Ceci fera l’objet d’un développement plus élaboré.
Ce plaidoyer appartient à toutes et à tous, il n’appartient à aucun groupement politique, ethnique, religieux, sectaire, national, économique, il est à défendre au sein de toutes les formations politiques. Cette idée doit faire son chemin et devenir le fer de lance d’une nouvelle ère dont le dynamisme marquera le sceau d’une Afrique tournée vers le progrès.
Un Africain de Côte-d’Ivoire
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