Crise postélectorale –
Le rapport d’enquête de l’Organisation des femmes actives de Côte d’Ivoire (Ofaci) est disponible. Cette organisation féminine de promotion et de protection des droits humains y dresse le bilan de sévices subis par les femmes pendant la crise postélectorale en Côte d’Ivoire. Dans les seize localités de l’enquête, ce sont au total 766 femmes qui ont été victimes de viols et d’autres violences survenus majoritairement à Yopougon, Duékoué, Abobo et Guiglo.
Décidée à passer du cap de l’engagement en faveur des droits de la femme à celui de l’action, l’Ofaci dirigée par Namizata Sangaré a mis en place une commission d’enquête chargée de documenter les faits et les circonstances des violences perpétrées sur les femmes pendant la crise postélectorale du 28 novembre 2010 au 25 mai 2011. Les équipes d’enquêteuses réparties dans seize localités, à savoir Abobo, Adjamé, Agboville, Bloléquin, Danané, Divo, Duékoué, Guiglo, Koumassi, Man, Port-Bouet, San-Pédro, Toulépleu, Toumodi, Yopougon et Zouan-Hounien ont livré les résultats de leurs investigations. Contenues dans le rapport dont nous avons obtenu copie, les conclusions de l’enquête révèlent 766 femmes victimes de viols et autres violences. Les résultats indiquent dans l’ensemble des sévices (viols, décès, destructions de biens, enlèvements et disparitions) 30 cas à Abobo, 147 à Adjamé, 20 cas respectivement à Agboville, Bloléquin, Divo, Danané et Port-Bouet, 58 à Duékoué, 74 à Guiglo, 5 à Koumassi, 43 à Man, 19 à San-Pédro, 55 à Toulépleu, 10 à Toumodi, 181 à Yopougon et 44 à Zouan-Hounien.
Acteurs militaires et civils pro-Gbagbo et pro-Ouattara incriminés
«Ces violations ont été perpétrées par les FDS, les FN, les FRCI, les mercenaires étrangers, les miliciens, les jeunes patriotes, les mercenaires étrangers, le commando invisible, des membres de la Fesci, les Dozos et les militants de LMP et du RHDP», accuse l’Ofaci. Avant de noter que ces violations doivent être analysées à la lumière des différends politiques qui ont déchiré la Côte d’Ivoire. «Dans l’ensemble, 766 femmes victimes de violence ont été enregistrées dans les localités qui ont constitué notre terrain d’étude. Parmi les victimes, l’on dénombre 129 cas de décès survenus suite aux effets collatéraux de la guerre, des affrontements des FDS, des miliciens, des mercenaires, des FRCI, des dozos, des jeunes patriotes et de la Fesci et suite aux conflits entre partisans LMP et RHDP», relève le rapport.
Yopougon, Abobo et Guiglo en tête des cas de viol
Au titre des sévices portant sur le viol, le rapport mentionne 71 cas dont 37 à Yopougon, 9 à Abobo et 7 à Guiglo. Et ce, contrairement aux cas de décès où les forts taux de femmes tuées sont notifiés à Duékoué (44), à Adjamé (20) et Abobo (14). «Sur les seize localités, la commune de Yopougon a connu le plus fort taux de viol soit 52,11% suivie d’Abobo (12,68%) et Guiglo (9,86%). Certaines victimes, notamment celles de Yopougon, déclarent avoir été violées par les miliciens et des FRCI, soit pour leur appartenance politique, soit à cause de leur groupe ethnique. Selon d’autres victimes, ce sont des jeunes de leurs quartiers qui, pour se venger d’elles, les auraient violées pour tirer partie d’elles. Outre Yopougon, les victimes d’Abobo et Guiglo ont témoigné avoir été violées par des dozos et des hommes en treillis non identifiés», indique le rapport. Au titre de la violence intitulée ‘’cessation d’activités’’, l’Ofaci relève 215 victimes contre 241 pour les victimes de disparitions. Face à ce sombre tableau, l’Ofaci recommande au gouvernement «de prendre en charge le volet médical, psychosocial et juridique des victimes sans distinction, d’approfondir la documentation des cas de violences commises contre les femmes pour assurer une prise en charge effective des victimes, de poursuivre les auteurs desdites violations devant les juridictions compétentes quels que soient leur qualité et leur camp, de créer un centre d’accueil et de réhabilitation pour les victimes dans les zones les plus affectées et de faciliter l’accès aux crédits pour les femmes devenues chefs de famille du fait de la guerre». L’organisation appelle également les institutions internationales et les organisations de la société civile à « fournir une assistance aux victimes, à sensibiliser la population sur l’ampleur des violences faites aux femmes et à l’instauration de la cohésion sociale ».
M Tié Traoré
Cndhci/ Promotion des droits de l’Homme
Victorine Wodié ouvre un centre d’information et de documentation
La commission nationale des droits de l’Homme est désormais équipée d’un centre d’information et de documentation ainsi que d’un site internet rénové. Ces outils de vulgarisation des droits humains ont été présentés à la presse hier mercredi 28 décembre 2011 dans les locaux de l’institution sise à Cocody. Selon Madame Victorine Wodié, sa structure entend ainsi améliorer la visibilité de ses activités de promotion et de protection des droits de l’Homme afin de faire de la Côte d’Ivoire un pays véritablement démocratique. «Les Etats qui n’ont pas mis en place de commission des droits de l’Homme sont régulièrement interpellés au niveau international. La Cndhci est donc pour notre pays une chance. C’est pourquoi l’Etat doit nous donner davantage de moyens pour être plus opérationnels sur le terrain. Le besoin de sensibilisation des populations à la culture des droits de l’Homme est réel. Il n’y aura pas de paix véritable, de démocratie véritable si les droits de l’Homme qui constituent le socle de toute société qui se veut moderne et démocratique sont ignorés, méconnus et bafoués. Il nous faut donc plus de moyens», a-t-elle interpellé. Le chargé d’études, François Konangui, et l’archiviste-bibliothécaire Kouakou Sylvestre qui ont présenté ces outils de communication, ont appelé à des visites régulières tant du portail rénové www.cndhci.net que du CID pour «s’instruire au quotidien sur les droits de l’Homme et être en interactivité avec la Cndhci». Pour sa part, le premier vice-président, Me Drissa Traoré, a livré le bilan de la quinzaine des droits de l’Homme qui a été exécutée dans les dix communes d’Abidjan. On retient, entre autres, l’organisation de séances de sensibilisation et des campagnes de consultation juridique gratuite.
M.T.T
L’Intelligent d’Abidjan
Commentaires Facebook