Côte-d’Ivoire Faut-il jeter les FRCI aux orties ?

CONTRIBUTION

Rien que pour la manifestation de la vérité et pour une réconciliation vraie, afin d’apporter des éléments aux raisons ou causes à la base de la situation que vit la Côte d’Ivoire, je voudrais proposer cette analyse.

Faut-il jeter le discrédit sur les FRCI et les mettre en pâture aux populations ? N’est-ce pas là un piège à double tranchant ?

1 –
Craindre un dépit amoureux entre les FRCI et le Président Alassane Ouattara avec son gouvernement, dépit qui pourrait aller jusqu’à une insurrection.

2 –
Affaiblir les FRCI, donc le pouvoir en place qui leur doit beaucoup et faire le lit à ceux, et Dieu sait qu’ils sont nombreux et tapis dans l’ombre, qui vouent une haine viscérale à ADO, au RDR et aux Nordistes qu’ils considèrent comme la cause de tous les maux de ce pays et de tous leurs malheurs. Il n’y a pas longtemps, précisément le dimanche 18 décembre dernier, des affrontements entre populations et FRCI ont eu lieu à Vavoua où l’on déplorait 6 morts. Ensuite dimanche 25 et lundi 26 du même mois, c’est à Sikensi qu’ont eu lieu d’autres affrontements entre populations autochtones et FRCI qui a pris de l’ampleur pour opposer populations autochtones et allogènes. Là encore, 5 morts sont à déplorer dans les deux camps. Selon un témoin sur RTI, les autochtones s’en sont pris aux Malinké, les accusant de soutenir les FRCI. Et si l’on suivait cette piste pour savoir pourquoi cette accusation de toute une communauté ?

Comme l’a écrit Lacina Ouattara, in Le Patriote : « C’est un lieu commun d’affirmer que les armes n’ont jamais fait bon ménage avec les civils. Ajoutée au contexte de sortie de crise que connaît la Côte d’Ivoire où, il faut le dire, les partisans de l’ancien président, Laurent Gbagbo, n’acceptent pas la présence des soldats, qu’ils considèrent, non pas comme des éléments de l’armée nationale de Côte d’Ivoire, mais comme des ‘’envahisseurs’’ qui ont chassé leur champion, les relations sont permanemment conflictuelles et souvent chaotiques. La moindre dispute comporte d’énormes risques d’affrontements avec leurs cortèges de morts et de blessés. Les exemples sont légions ». Pour ces personnes, les nordistes sont dans ce même prisme déformant de la haine tribale. Déjà sous l’ancien régime (sans vouloir réveiller de vieux démons), cette population issue du Nord du pays a connu toutes les exactions possibles. Le crime était de porter des noms comme Traoré, Ouattara, Koné… pour être taxés de frères de tels ou tels. A San-Pedro, des gendarmes sont allés abattre un jeune homme dans le salon de sa mère, sous les regards de ses enfants de moins de 10 ans. Des voisins l’avaient signalé comme un rebelle revenant de Bouaké. Des personnes avaient été arrêtées et conduites au tribunal pour diffusion de la chaîne ‘’TCI’’ d’alors. Combien de soulèvements populaires a-t-on comptés du temps des FDS ? En demandant aux FRCI de quitter leurs sites, ne favorise-t-on pas la création de multiples foyers de tensions orchestrés par des mains occultes afin d’abandonner des zones non encore sécurisés aux seuls gendarmes et policiers ? Souvenons-nous des nombreuses armes découvertes dans l’Ouest et le Sud-Ouest du pays dont San-Pedro. Il s’y murmure que toutes les armes n’ont pas été encore remises aux FRCI. Pourquoi à l’Ouest, des populations, bien qu’anonymes, rechignent encore à rejoindre leurs villages ? Après avoir dépouillé des planteurs nordistes de leurs plantations du temps de Gbagbo, la roue a tourné. Beaucoup de ces frustrés sont allés rejoindre les FRCI au moment de la prise des villes et villages de ces localités. Aujourd’hui, tous ces villageois qui se reprochent quelque chose et qui savent que leurs victimes (devenues FRCI ou Dozos) sont là, ne veulent pas rejoindre leurs villages, évoquant des problèmes d’insécurité. Alors qu’en réalité, ils ont peur de se retrouver face à leurs victimes d’hier. Autre aspect de cette crise qui interpelle le gouvernement pour une interprétation vraie et l’application de la loi sur le foncier rural.

Il faut éviter de tomber dans le piège des cris de détresse

Ils sont encore nombreux, ceux qui croient dur comme fer, les partisans de l’ancien régime, qu’ils vont revenir au pouvoir. Lorsque vous les entendez discuter, ils ne ‘’voient’’ même pas qu’il y a un pouvoir en place. Ils continuent de traiter le
Président Alassane Ouattara de tous les noms, sans oublier les FRCI et tous les nordistes. A l’intérieur du pays, nous sentons et vivons cela au quotidien que ceux habitant la capitale Abidjan. Ce n’est pas du jour au lendemain que la paix viendra dans les cœurs. C’est tout un long processus. Il faut aller lentement mais sûrement.

Il faut aussi éviter de ‘’brûler’’ les FRCI
« Autant nous avons dénoncé ici les agissements de certains soldats, autant nous disons qu’il faut arrêter le lynchage systématique des FRCI. Si nos soldats ne sont pas des anges, il faut éviter de les assimiler à des démons. A la vérité, il s’agit de conforter les passerelles de revendication qui s’offrent aux citoyens, victimes d’exactions. Il est clair que lorsque ceux-ci appellent à la vendetta, nous sortons de l’état de droit. C’est pourquoi, l’on n’a pas le droit de « brûler » les FRCI et tomber ainsi dans le piège grossier des refondateurs qui ne cessent de manigancer contre la paix et la cohésion sociale » Bakary Nimaga, in Le Patriote. « Aujourd’hui, tous reconnaissent que la question militaire en Côte d’Ivoire est une équation bien délicate. Elle mérite qu’on s’y attarde, qu’on y réfléchisse sérieusement. Car, il s’agit pour le pouvoir actuel de bâtir le pays avec comme fondement la stabilité politique. Mal traités, les problèmes militaires deviennent facilement des bombes aux mains des gouvernants dont l’explosion emporte des régimes et désorganisent dangereusement des nations. Le président Alassane Ouattara qui ne veut pas d’une telle situation n’a pas d’autres choix que de prendre au sérieux ce problème» A. Bouabré in Soir
Info.

Les FRCI, ces héros qu’il ne faut pas ignorer
Force est de reconnaître que ces hommes en armes parmi lesquels quelques brebis galeuses comme dans toute société, sont et demeurent pour beaucoup d’Ivoiriens, de véritables héros. Il ne faut point l’ignorer. Pour toutes les raisons évoquées plus haut, ce ne serait pas mal vu que le gouvernement prenne une loi pour désigner ‘’Anciens combattants’’ les éléments des FRCI qui retournent à la vie civile. Qu’il leur octroie des primes d’installation comme ce qui est en cours et qu’il leur alloue une pension dite ‘’d’anciens combattants’’ sur une durée déterminée. La Côte d’Ivoire ne s’en porterait que mieux.

Ben Kéita Ibrahim Email :ibrahimkeitaalias@yahoo.fr

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