Face aux rumeurs persistantes de probable dévaluation – Que vaut le franc CFA actuel ?

Malgré les assurances données par les deux gouverneurs de la zone du Franc Cfa, (Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) et la Bceao ) et des responsables de l’union monétaire Ouest africaine (Uemoa) , les rumeurs restent persistantes sur une probable dévaluation du franc Cfa. Mais, au fait, sur quoi se basent les rumeurs et qu’elle est la valeur actuelle de cette monnaie ?

Les rumeurs se basent sur la crise économique qui s’est faite jour dans la zone euro, monnaie à laquelle le Fcfa est arrimé depuis des années. S’exprimant le 19 décembre dernier dans le quotidien Camerounais, ‘’Mutations ‘’ le gouverneur de la Beac, M. Lucas Abaga Nchama, a qualifié de «rumeur infondée» la probable dévaluation du Fcfa.

Selon lui, les indicateurs économiques des pays de la zone franc sont au vert. Ils sont meilleurs qu’en 1994, date de la dernière dévaluation du franc cfa.

«En 1994, nous étions dans une situation de récession économique». Laquelle était caractérisée, principalement pour les économies de la zone franc, par une détérioration plus accrue des termes de l’échange due à une chute brutale des prix des matières premières exportées vers l’occident ; ce qui a impacté considérablement les recettes d’exportation et les recettes budgétaires des Etats en général, d’où le recours à l’endettement extérieur. Au plan monétaire. Cette situation a conduit à la diminution des avoirs des Etats à l’extérieur, au point où, apprend-on, le taux de couverture des importations des pays membres de la Cemac culminait à 14%, c’est à dire largement en dessous de la norme statutaire de 20%. Au finish, il a fallu procéder à ce que le gouverneur de la banque centrale a appelé «un ajustement monétaire», », explique Lucas Abaga Nchama. Avant de se poser la question suivante : Sommes-nous dans la même situation aujourd’hui ? Non, répond-t-il.

Mieux, le taux de croissance dans la zone est positif. Dans la zone Cemac en 2011, elle va atteindre 4,8% et augmentera en 2012 pour culminer à 5%, c’est-à-dire loin des 0,3% de 1993 à la veille de la dévaluation du franc Cfa. De même, tout au long de cette année, le taux de couverture de la monnaie a toujours été de plus de 100%, contre 14,8% à la veille de la dévaluation du franc Cfa.

Le 23 décembre dernier, le gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) Tiémoko Meyliet Koné, lui a été catégorique sur la question depuis Dakar. « Il n’est pas question de le ( FCFA) dévaluer et il ne sera pas dévalué », a-t-il insisté. Avant de révéler que la dévaluation du franc CFA n’est actuellement ni nécessaire, ni souhaitable.

« Toutes les économies de l’Union monétaire Ouest Africaine sont dans un train de croissance », a argué le gouverneur de la Bceao.

Fraternité Matin

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Franc CFA

Zone franc en Afrique

Le franc CFA (franc des Colonies Françaises d’Afrique et aujourd’hui franc de la Communauté Financière Africaine) est la monnaie de plusieurs pays d’Afrique constituant en partie la Zone franc.

En Afrique, la zone franc constitue un espace monétaire et économique. Cet ensemble, formé d’États et de territoires est issu de l’évolution et des transformations de l’ancien empire colonial français et d’États qui n’étaient pas des colonies françaises comme le Cameroun (d’abord allemand), la Guinée équatoriale et la Guinée-Bissau. Après l’accession à l’indépendance, la plupart des nouveaux États ont choisi de rester dans un ensemble monétaire homogène, dont le cadre institutionnel a été rénové et qui a été structuré par un système de change commun. Leurs devises sont des contrevaleurs à parité fixe avec l’euro, dont la valeur est garantie par le Trésor public français, dans le cadre du traité de Maastricht.

La zone franc

La zone franc rassemble quinze états africains et des territoires du Pacifique répartis en quatre groupes :

Huit États d’Afrique de l’Ouest : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo formant l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), dont l’institut d’émission est la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) ; pour ce groupe, franc CFA est désormais désigné par franc de la communauté financière d’Afrique ; son code ISO 4217 est XOF.

Six États d’Afrique centrale : le Cameroun, la République centrafricaine, la République du Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad, formant la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), dont l’institut d’émission est la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) ; pour ce groupe, franc CFA est désigné par franc de la coopération financière d’Afrique centrale ; son code ISO 4217 est XAF.

L’Union des Comores, utilisant le franc comorien ; son code ISO 4217 est KMF.

La Guinée, utilisant le franc guinéen ; son code ISO 4217 est GNF.

Le Rwanda, utilisant le Franc rwandais

L’île de La Réunion a utilisé le franc CFA de 1945 à 1975, avant d’adopter le franc français.

Les trois collectivités françaises du Pacifique : la Polynésie française, Wallis-et-Futuna et la Nouvelle-Calédonie, dont l’institut d’émission est l’Institut d’émission d’outre-mer (IEOM) utilisant le franc pacifique (ou franc CFP) ; son code ISO 4217 est XPF.

L’arrimage monétaire a permis à ces pays d’avoir une monnaie exceptionnellement stable pour l’Afrique (auparavant rattaché au franc français, maintenant l’euro) en jugulant la tentation de la « planche à billet ». La plupart des pays de ces zones ont mis en place des mécanismes de contrôle des changes afin d’éviter les fuites de devises.

Ces monnaies (XAF, XOF, KMF et XPF) représentent 3 % de la masse monétaire de l’euro.

Si CFA a désormais une signification différente en fonction de l’institut d’émission, il signifiait entre 1945 et 1958 colonies françaises d’Afrique, puis entre 1958 et la décolonisation communautés françaises d’Afrique (y compris en Algérie avec le franc algérien, aux Comores et à Mayotte, jusqu’à l’indépendance des premiers et le remplacement du franc CFA par le franc français à Mayotte).

Avant 1945 (mais surtout au début de la colonisation africaine ou l’établissement de protectorats français dans d’autres États), CFA a pu signifier aussi comptoirs français d’Afrique, ou communauté financière d’Afrique, et le franc CFA était utilisée comme monnaie séparée pour les établissements financiers privés et l’administration française avant d’en devenir la monnaie commune et légale (parallèlement aux autres monnaies locales dans le cas des protectorats).

Historique du franc CFA

Créé initialement en 1939, juste avant la Seconde Guerre mondiale, de fait le franc CFA est officiellement né le 26 décembre 1945, jour où la France ratifie les accords de Bretton Woods et procède à sa première déclaration de parité au Fonds monétaire international (FMI). Il signifie alors « franc des colonies françaises d’Afrique ». Il est alors émis par la caisse centrale de la France d’outre-mer.

Il s’agit alors de restaurer l’autorité monétaire française dans ces territoires qui ont été isolés de la métropole durant la seconde guerre mondiale, et ont souffert de la raréfaction des échanges, et ont dû parfois créer des émissions locales appuyées sur d’autres devises que le franc français (par exemple le dollar US), voire accepter des émissions fantaisistes par les troupes armées, ou accepter la monnaie des occupants, comme ce fut le cas pour les protectorats et territoires français en Asie, alors que ces territoires, et les institutions financières locales publiques et privées, doivent gérer leurs dettes extérieures à la fin du conflit mondial.

La règle du jeu monétaire est simple : dans tous les pays membres circuleront désormais des billets de nom et des graphismes différents mais de valeur respective fixe — la parité. Un franc CFA ou comoriens vaudra donc partout et toujours 2 centimes français — 1 franc français vaut donc 50 francs CFA ou comoriens. Les initiales CFA désignent alors la « Communauté financière africaine » pour les sept États de l’Ouest et la « Coopération financière de l’Afrique centrale » pour les six autres pays. Le franc CFA jouit de la « libre convertibilité » rendant l’échange constamment possible à ce cours entre toutes les monnaies.

Cette « libre convertibilité » devient une arme à double tranchant, car imprimer du franc CFA équivaut à créer du franc français. La Banque de France aura donc pour tâche de surveiller au plus près les politiques monétaires des trois banques centrales africaines et comorienne. Cette prééminence passe par l’engagement de la Banque de France de fournir en cas de besoin des devises aux trois banques centrales si celles-ci épuisent leurs réserves — en fait elle s’engage à combler les trous. Pour mieux exercer son contrôle, la Banque de France fait centraliser les réserves de change auprès du Trésor français qui détient donc un « compte d’opération » au nom de chacune des banques centrales. Ces comptes pouvant être débiteurs ou créditeurs, ils génèrent des mouvements d’intérêts

Pendant longtemps, les soldes ont toujours été à peu près équilibrés, le système ne coûtait pas beaucoup de devises à la France, d’autant plus qu’elle n’intervenait qu’en dernier recours. Les banques centrales devaient d’abord inciter les pays endettés de la zone à négocier en priorité des délais de paiements supplémentaires à leurs créanciers étrangers avant de demander de bénéficier de la couverture du parapluie monétaire français.

En 1958, le franc CFA devient « franc de la communauté française d’Afrique ».

Avec les indépendances, une première critique de nature « idéologique » traverse la zone franc. Selon ses détracteurs, le mécanisme du franc CFA pérennise des relations dépassées entre les pays nouvellement indépendants et l’ancienne métropole coloniale. Les États africains sont privés d’un réel pouvoir monétaire qui est un rouage d’une réelle indépendance. C’est cette conviction qui explique le départ du Mali en 1962 et de Madagascar en 1973. Cependant, rapidement ces deux pays se retrouvent avec de sérieuses difficultés économiques et le Mali finit par réintégrer le système en 1984. Cette expérience, finalement, servit à renforcer la cohésion des pays membres, ceux-ci ayant vu que la liberté monétaire pouvait surtout être la « liberté de faire faillite ».

Un autre débat, tournait autour des conséquences des fluctuations du franc français, car la valeur du franc CFA dépendit longtemps des impératifs des relations économiques et financières entre la France et l’Allemagne plutôt que de la réalité et des besoins des pays membres de la zone franc. Quand le franc français était dévalué, toutes les autres grandes monnaies devenaient plus chères, leurs produits plus onéreux et leurs dettes en dollars toujours plus lourdes. En revanche, les exportations des pays de la zone franc devenaient plus compétitives, mais comme ces exportations ne concernaient en général que des produits agricoles de base (banane, café, coton, bois…) dont la demande n’est pas élastique, l’avantage s’avérait relativement faible, excepté pour la France qui voyait ses produits industriels acquérir un avantage concurrentiel dans la zone franc, d’où la notion de chasse gardée.

En 1985, la Guinée équatoriale intègre le système et en 1997 la Guinée-Bissau l’intègre à son tour.

En septembre 1993, la « libre convertibilité » est abolie.

Aujourd’hui, l’appellation franc CFA signifie franc de la communauté financière d’Afrique pour les pays membres de l’UEMOA, et franc de la coopération financière en Afrique centrale pour les pays membres de la CEMAC.

Les arguments « pour » ou « contre » le système du franc CFA

La dépendance monétaire et politique

Aucune décision de la CEMAC, de l’UEMOA et de leurs banques centrales ne peuvent être prises sans l’accord de la Banque de France1.

La convertibilité

Le franc CFA confère aux pays qui l’ont adopté, grâce à son lien fort avec l’Euro, une crédibilité internationale que n’ont pas de nombreux autres pays. En revanche, l’euro s’avérant une devise extrêmement forte, les pays de la zone franc CFA souffrent de leur monnaie trop surévaluée, tout le contraire de ce qui se passait avant lorsque le franc français connaissait de nombreuses dévaluations — ce qui d’ailleurs avait aussi des côtés négatifs (voir plus haut dans la partie historique).

La mise en commun des réserves

Le franc CFA en fonctionnant comme un pot commun de devises, la zone permet un équilibre global des réserves monétaires. Cependant, si ce sont toujours les mêmes pays qui sont créditeurs, la tentation peut s’avérer forte, pour ces pays, de quitter le système. Devenus crédibles par leur appartenance à la zone franc, certains pays comme le Gabon et le Cameroun ont su amorcer une diversification de leurs échanges et fortifier leur économie, ce qui a incité la France à s’interroger sur l’opportunité de continuer à délivrer sa garantie monétaire, mais en fait, le même problème se pose pour l’euro.

La création monétaire et inflation

Les planches à billets étant sous contrôle de la Banque de France, aucun pays n’est en mesure de créer de la monnaie au-delà de ses stricts besoins, ce qui favorise une inflation très basse du même ordre que celle de la zone euro, à comparer avec les taux nettement supérieurs de leurs proches voisins.

Les dépenses publiques

La maîtrise de la création monétaire a comme corollaire l’obligation de maîtriser la dépense publique. Le Trésor français consent des avances mais, en aucun cas, elles ne peuvent dépasser 20 % des recettes budgétaires, pays par pays. Tout dérapage se traduit immédiatement par des fins de mois difficiles pour la trésorerie du pays en cause — les retards dans le paiement des factures de l’État et dans le versement des salaires des fonctionnaires constituent ainsi un indicateur de solvabilité des pays de la zone franc.

Cependant, lorsqu’ils sont privés de trésorerie, ces pays ont dans une certaine mesure la possibilité de s’endetter à l’extérieur de la zone franc, auprès de bailleurs de fonds (comme l’agence française de développement) qui jamais n’auraient consenti de crédits s’ils n’avaient pas eu la garantie que la gestion de leurs finances publiques n’était pas aussi rigoureuse.

Fonctionnement des unions monétaires du Franc CFA

Bien que les devises XOF et les XAF sont désignées communément par le même nom de franc CFA et ont (actuellement) la même valeur, elles ne sont ni interchangeables ni convertibles entre elles. Il ne s’agit donc pas d’une zone monétaire commune mais de deux zones juxtaposées.

Initialement les francs CFA émis par les différents instituts étaient librement convertibles ; ce n’est plus le cas depuis septembre 1993.

Entretenant des relations de coopération étroites avec les banques centrales de la zone franc, la Banque de France participe, avec ses consœurs africaines, au fonctionnement des institutions communes de la zone.

Cette coopération permet à ces pays aux économies fragiles et aux systèmes politiques assez souvent instables de bénéficier d’une monnaie stable. Cependant, le lien entre les cours du franc CFA et l’euro ne permet pas aux pays africains de faire varier le cours de leur monnaie en fonction des aspects économiques censés l’influer. Ils subissent donc les aléas économiques de l’Europe et de sa monnaie sans pouvoir intervenir. Ces aléas sont toutefois amortis par le mécanisme du compte d’opérations qui permet de faire varier la quantité de monnaie en circulation dans la zone en fonction de l’appréciation (ou la dépréciation) de l’ancre monétaire.

Avec un euro fort, ils sont handicapés pour exporter leurs produits vers d’autres destinations que l’Europe mais peuvent importer à moindre coût les biens d’équipement hors zone :

Lorsque l’euro s’apprécie, la quantité de monnaie par rapport au DTS augmente et les Banques centrales créditent le compte d’opérations auprès du Trésor français, diminuant ainsi leurs réserves et pénalisant le mécanisme de crédit. Ce mécanisme permet de contrer l’effet inflationniste de l’euro fort.

Dans le cas de l’euro faible, c’est le Trésor français qui débite ce compte pour créditer les banques centrales, ouvrant plus fort le robinet du crédit (augmentation de la quantité de monnaie).

Fin 2004, des billets plus sécurisés mais aussi plus fragiles ont été mis en circulation dans les zone BEAC et BCEAO, remplaçant ainsi les anciens billets.

Parité

Création du franc CFA : 26 décembre 1945

1 F CFA = 1,70 FF

Dévaluation du franc français (FF) : 17 octobre 1948

1 F CFA = 2,00 FF

Instauration du nouveau franc français (FRF) : 27 décembre 1958

1 F CFA = 0,02 FRF

Dévaluation de 100% du franc CFA : 11 janvier 1994

1 F CFA = 0,01 FRF

Arrimage du franc CFA à l’euro : 1er janvier 1999

1 € = 655,957 F CFA (XAF ou XOF)

Convertibilité

Garantie en euro par le Trésor français

Possible en devises à travers le marché des changes de Paris, avec l’euro comme étalon

Liberté des transferts au sein de chaque union monétaire

Mesure de suspension de rachat des billets de banque CFA entrée en vigueur le 2 août 1993. Auparavant, et ce jusqu’au 1er août 1993, la convertibilité des billets était libre et illimitée aux guichets de la banque de France.

Mesure de suspension de rachat des billets CFA entre la zone UMOA et la zone CEMAC à compter de septembre 1993.

Numismatique

Afrique centrale (BEAC)

La série de pièces actuelles a été mise en circulation en 2006. La gamme de billets date de 2002.

La thématique commune symbolise, au revers des pièces, un panier de fruits tropicaux.

Afrique de l’ouest (BCEAO)

La série de billets actuelle a été mise en circulation en 2003.

Sur chaque pièce et au recto des billets est représenté le logo de la BCEAO, un poisson-scie stylisé. Celui-ci représente une figurine en bronze employée anciennement par les Akan pour peser l’or. Dans leur mythologie, cette espèce incarne la puissance de la mer, la fécondité et la prospérité.

Théodore Kouadio

koudore@fratmat.info

(Sources : wikipedia)

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