Cinq morts et une trentaine de blessés. C’est le triste bilan des affrontements survenus entre les éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) et les populations autochtones de Sikensi, le week-end de Noël. Des affrontements qui ont très vite tourné en conflit entre les autochtones Abidji et les allogènes Malinké qui, selon plusieurs sources, se sont sentis également visés. La ville de Sikensi ressemblait hier à un véritable champ de bataille. Des barrages érigés sur les voies par-ci, des pneus enflammés et des magasins incendiés par-là, et le ciel enveloppé dans un épais nuage de fumée. Aucun véhicule n’était visible sur les voies tant les protagonistes, les Frci et les jeunes malinké, d’un côté, et les jeunes Abidji de l’autre, embusqués à des endroits névralgiques de la ville, se regardaient en chiens de faïence.
A l’origine de la brusque montée de fièvre, une bagarre dans un maquis-restaurant, le samedi 24 décembre 2011, autour d’une jeune fille qui a dégénéré. Selon des témoignages, le copain de la fille violemment pris à partie par un élément des Frci a été blessé à la tête avec une bouteille. La victime a été aussitôt évacuée dans une formation sanitaire afin de recevoir les premiers soins. Comme une traînée de poudre, la nouvelle de l’agression du jeune homme, Abidji, a fait le tour des foyers et provoqué la colère des populations, excédées par les frasques des Frci. Ainsi, les jeunes de la ville, majoritairement de l’ethnie de la victime, auxquels se sont joints d’autres habitants des villages environnants, se sont rendus à l’hôtel M’Bouafoué plus connu sous le nom de « Golf Hôtel » où sont basés les éléments des Frci, pour protester vigoureusement contre cette autre barbarie des forces du nouveau pouvoir. En réaction, les Frci ont dû tirer des coups de feu en l’air, toute la nuit de samedi, pour dissuader les mécontents. Le dimanche, ils font appel à des renforts. Parce que, entre-temps, le mécontentement a gagné tous les villages environnants. Les Frci n’hésitent donc pas à ouvrir le feu sur les mécontents. Plusieurs personnes sont atteintes par balles. Cette fusillade n’effraie pas les jeunes Abidji. Loin s’en faut.
Estimant que les actes des manifestants les visaient, les jeunes Malinké se joignent aux Frci. La situation est alors électrique. C’est la chasse à l’homme dans la ville. Tous les villages Abidji sont sur le pied de guerre, particulièrement à Bécédi. La confusion est totale. Devant la détermination des autochtones à ne plus se laisser dicter la loi des armes, les éléments Frci fuient Sikensi. Certains enlevant même leurs treillis pour se fondre dans la population. Dans l’après-midi, les affrontements cessent.
Le ministre délégué à la défense, Paul Koffi Koffi, et son collègue de la culture et de la francophonie, Maurice Bandama, se sont rendus. Selon un habitant de la ville joint en début de soirée, plus aucun élément Frci n’était visible dans la ville. Seuls les gendarmes et les militaires (membres des ex-Fds) patrouillaient. La même source a vu des véhicules de l’opération des nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci). Ainsi va la Côte d’Ivoire, le pays des « solutions ». Les jours passent mais les habitudes demeurent. Après les événements sanglants de Vavoua, il y a juste une semaine, c’est au tour de Sikensi. Les menaces du Manitou n’ont eu aucun effet sur les troupes. Comme quoi, les promesses n’engagent que ceux qui y croient.
Quelques blessés
1- Amani Okon Benoît
2- Adja Maximin
3- Kodjo N’Guessan Etienne
4- N’dri Yao Cédric
5- Bébé Guy-Richard
6- Mondé Constant
7- Aka Antoine
8- Nago N’Dri
9- Abato Koi
10- N’Guessan Kassi Bertin
11- N’Guessan Watto Delphine
12- Brindou Ban koffi Richard
13- Diby Nikébié Charlie
14- N’Guessan Wilfried
15- N’Guessan Agnès
16- Kadjo Adagra Boris
17- Baï Alain-Patrick
18- Yapi Ahiba Florent
19- Bindé Yao Junior
20- N’dri Robert
21- Tiébley André
Notre Voie
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