Noël 2010. Laurent Gbagbo était encore aux affaires et donc à la résidence officielle destinée au chef d’Etat ivoirien-25 décembre 2011-L’ex-président n’est plus au pouvoir, transféré à la Haye pour répondre des charges qui pèsent sur lui. Du Golf Hôtel où il avait trouvé refuge après la présidentielle de 2010 qui a débouché sur une crise postélectorale, Alassane Ouattara a remporté le suffrage du peuple et est au pouvoir. D’un réveillon à l’autre en Côte d’Ivoire- Des fortunes diverses pour Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara.
D’un réveillon de Noël à l’autre sur les rives de la lagune Ebrié. Un titre qui pourrait bien inspirer de nombreux écrivains pour retracer le bouleversement politique survenu en Côte d’Ivoire après la fête de la Nativité en 2010. Le pays était allé à l’élection présidentielle pour désigner son futur président le 31 octobre 2010. Un deuxième tour était nécessaire pour départager les deux candidats arrivés en tête du premier tour, en l’occurrence Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. Mais les choses vont se gâter quand le verdict des urnes ne va pas être respecté par le camp du président sortant.
Gbagbo, du bunker de la présidence à la prison de la Haye en Hollande
Commence alors une longue crise qui va s’achever le 11 avril 2011 par la chute et la capture de Laurent Gbagbo qui sera placé en résidence surveillée à Korhogo au Nord de la Côte d’Ivoire. Mais avant cette date, le président sortant se maintient au pouvoir contre le vœu du peuple ivoirien. Du 28 novembre 2010 au 11 avril 2011, c’est une crise sans précédent avec une demande de recomptage des voix refusée, un panel des Chefs d’Etat de l’Union africaine, un ballet diplomatique à Abidjan. Laurent Gbagbo continue de clamer qu’il a gagné cette élection. Les Ivoiriens en général et Abidjan en particulier passent les fêtes de fin d’année dans l’angoisse, la peur et la restriction de leur liberté avec le cycle infernal de couvre-feu reconduit chaque semaine. Abobo et Anyama sont déclarées des zones rouges et le couvre-feu y est permanent. C’est dans cette atmosphère de suspicion, d’attaques armées des FDS contre des positions des hommes de Ouattara qu’interviennent les fêtes de fin d’année. Restrictions des libertés pour les Ivoiriens qui ne peuvent s’éclater, se réjouir comme ils peuvent. Laurent Gbagbo passe les réveillons de Noël et de la Saint Sylvestre 2010 dans le bunker de la résidence présidentielle. Ses derniers réveillons comme chef de l’Etat ? Il perd le pouvoir le 11 avril 2011, est transféré deux jours après à Korhogo où il sera en résidence surveillée jusqu’au 29 novembre 2011, date de son transfèrement à la prison de la Haye aux Pays-Bas. Laurent Gbagbo vient de fêter loin des siens, le réveillon de Noël 2011 hors du bunker présidentiel et dans les geôles de la Cour pénale internationale où il attend d’être jugé.
Ouattara, du Golf Hôtel au palais présidentiel
Pour échapper hier aux hommes de Gbagbo prêts à casser tout ce qui est Rdr ou Rhdp, Ouattara avait trouvé refuge au Golf Hôtel, sécurisé par les soldats de l’Onuci. Il y demeurera jusqu’à la fin de la crise postélectorale le 11 avril 2011. Avec le président Bédié, reclus lui aussi dans ce réceptif hôtelier, Ouattara y célébrera la Noël et le 31 décembre 2010 ou la Saint Sylvestre. Cet hôtel représentait pour lui une autre prison, une sorte assignation à résidence surveillée non dévoilée où les libertés avaient été confisquées. C’est dans cette atmosphère délétère, faite d’incertitudes, de graves périls sur la vie de toutes les personnes retranchées au Golf Hôtel, que sont intervenues les festivités marquant la Noël et la Saint Sylvestre 2010. Le prête qui devait officier la Noël, a eu du mal à franchir le blocus des FDS pour accéder au Golf. En un mot comme en mille, Ouattara a passé ces fêtes-là dans cette ‘’prison’’ du Golf Hôtel où il a trouvé refuge avec son épouse. De cette ‘’geôle’’ au palais présidentiel, on peut affirmer que le président Alassane Ouattara est passé de la prison à la présidence de la République. Pendant que Laurent Gbagbo faisait le sens opposé : du palais à la prison- Deux hommes politiques, deux fortunes diverses, deux destins différents. Laurent Gbagbo lui-même le ressassait : ‘’on peut partir de la prison pour le palais présidentiel et vice versa’’. La prophétie du ‘’Christ’’ de Mama s’est accomplie pour Ouattara qui célèbre sa première Noël 2011 au palais présidentiel. D’un réveillon à l’autre, de 2010 à 2011, Laurent Gbagbo est sorti du bunker présidentiel pour la prison de la Haye, quand Alassane Ouattara quitte la ‘’résidence surveillée’’ du Golf Hôtel au palais présidentiel du Plateau.
Maxime Wangué
L’Intellligent d’Abidjan
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