Reportage à Abidjan. Après une décennie de guerre militaro-civile et une crise post-électorale, qui a fait 3000 morts, selon l’ONU, l’heure est à la réconciliation en Côte d’Ivoire. Cette réconciliation tant souhaitée par les nouvelles autorités du pays sera-t-elle possible avec le transfert de Laurent Gbagbo à la CPI ? A Abidjan, les avis divergent.
Certains Ivoiriens insistent pour que justice soit faite et pour qu’on définisse les responsabilités de chacun avant d’envisager une véritable réconciliation. D’autres par contre, pensent que la réconciliation doit primer sur la justice afin d’effacer les différents.
« Les Ivoiriens ont payé les frais de cette crise qui a plongé dans le deuil de nombreuses familles »
« Chaque Ivoirien a été victime de cette crise. D’aucuns ont perdu leurs frères, leurs pères ou leurs sœurs, c’est-à-dire : un membre important de sa famille. Et mon souhait le plus ardent c’est de ne plus revivre ce cauchemar », lance Moustapha Koné, 30 ans, gérant d’un cyber café. Pour lui, toute cette affaire repose sur Laurent Gbagbo qui a ses yeux, est le seul responsable. « A cause de lui, les Ivoiriens vivaient dans la clandestinité. Il a réussi à instrumentaliser la jeunesse. On se regardait en chien de faïence », dit-il.
« Les autorités actuelles doivent avoir le sens du pardon »
Adrien Kouamé, 26 ans, étudiant en Sociologie à l’Université de Cocody ne partage pas cet avis. Au contraire, il sollicite la tolérance des nouvelles autorités du pays en vue d’aider le peuple à se pardonner. « La réconciliation veut dire quoi ? C’est d’oublier ce qui s’est passé. Par conséquent, quand deux familles sont en combat et qu’on veut les réconcilier, on ne doit pas dire : « vous qui êtes en faute, on va vous punir ». Au contraire : « on dira tout simplement qu’on vous pardonne et vous vous serrez les mains et après vous partez sur de nouvelles bases. En ce qui concerne la Côte d’Ivoire, il serait convenable qu’au nom de la réconciliation, que tous les prisonniers politiques soient libérés », suggère le jeune homme.
« La paix n’a pas de prix »
« Un mea-culpa pour tous les acteurs politiques de ce pays », estime en revanche Vanessa, coiffeuse résidant à Youpougon. « Il faut que nos acteurs politiques s’asseyent autour d’une même table de négociation pour discuter de ce qui s’est réellement passé. Ils doivent se poser la question de savoir : D’où est venu ce problème ? Après cela, organiser une campagne de sensibilisation à travers tout le pays », préconise-t-elle.
Même son de cloche pour Deli Daniel, 30 ans, prestataire dans une Agence de Communication : « Il faut qu’on se regarde en face et oser se demander pardon. La paix n’a pas de prix. Il faut sensibiliser surtout les jeunes pour éviter qu’ils soient à la solde des politiciens dont le seul objectif est de briguer un mandat présidentiel ».
par Mamadou Sarifou Barry
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