Comment vivent les élèves-gendarmes de Toroguhé hors de leur établissement? Quels sont leurs loisirs? Que font-ils pendant leurs vacances ? Nous sommes allés dans leur antre et dans le jardin secret de la nouvelle vie de ces élèves-gendarmes formés à Toroguhé.
Située sur l’axe Daloa-Vavoua, l’école de gendarmerie de Toroguhé est à quelques encablures de la commune de Daloa. C’est une institution de référence dans la région du Haut-Sassandra qui donne aux ‘‘Galebawan’’ (populations autochtones Bété) toute la fierté due à leur région. Ce sont les dividendes de ce rayonnement social qui confèrent aux propriétaires terriens, beaucoup d’égards et d’admiration sans borne dans les villages environnants, surtout dans celui dont l’école porte fièrement le nom. Profitant de l’aubaine qui leur est offerte, les élèves-gendarmes, pendant leur temps perdu, ne se font pas prier pour rendre un hommage bien mérité à Bacchus (dieu de l’alcool) et Aphrodite (dieu de l’amour). C’est dans cette intention qu’ils se retrouvent très souvent dans le village le plus proche(Toroguhé) pour ‘’s’éclater’’ sous le regard bienveillant des parents.
Dans le jardin secret des élèves-gendarmes de Toroguhé
Selon certaines indiscrétions, ces élèves-gendarmes sont, pour la plupart, hébergés, gracieusement selon la coutume, dans le village où ils passent de bons moments pour s’attacher à une âme sœur pendant les deux ans que dure la formation. C’est la présence de ces élèves qui donne une animation toute particulière à Toroguhé qui grouille de monde pendant les activités socioculturelles quand ceux-ci sont en week-end ou en vacances. Selon l’imagerie populaire à Daloa, le nombre d’élèves-gendarmes est égal au nombre de naissances dans le village de Toroguhé. Chaque année, Aphrodite est vénérée par les futurs gendarmes. Après la formation, les élèves sont appelés à quitter les lieux. C’est là où le bât blesse après leurs aventures avec les jeunes filles du village. Certains s’en vont avec leurs dulcinées, pendant que c’est la séparation pour d’autres. Quant aux enfants nés de ces liaisons, les choses deviennent, par la suite, très difficiles. Comme en pays Bété, chaque enfant doit, vaille que vaille, aller chez son père biologique, c’est ce qui permet souventefois aux mamans de retrouver le père de leur gosse. Les fortunes sont diverses au moment de quitter l’école et le village de Toroguhé. Tout n’est pas aussi rose quand le couple quitte Toroguhé pour d’autres horizons. Un jeune gendarme, actuellement en fonction à Abidjan, ayant requis l’anonymat, explique qu’il a rencontré une jeune fille dans le village de Toroguhé quand il était en formation. Ils s’entendaient parfaitement bien. Mais, les choses se sont mal passées quand les deux tourtereaux ont quitté le village pour Abidjan, son lieu d’affectation. Car sa dulcinée, a-t-il déclaré, a décidé de retourner dans son village de Toroguhé au motif que la vie au village est mieux que celle de la ville. Renseignement pris, celle-ci aurait rencontré un autre élève-gendarme d’une autre promotion avec lequel elle se la coule douce actuellement. Pour le jeune gendarme, la vérité de cette séparation prend sa source dans l’infidélité de celle-ci. Il nous a été aussi donné de voir dans le village de Toroguhé, des enfants nés d’une liaison avec des élèves-gendarmes. Selon les grands-parents de ces enfants, certains pères expédient de l’argent pour la ration alimentaire de leur progéniture et classent leurs mères aux oubliettes. Par contre, certaines filles du village ont fait des enfants dont les pères-gendarmes se sont évanouis dans la nature après leur formation. Et pourtant, ceux-ci donnaient des signes de jeunes responsables. Parmi les élèves-gendarmes de Toroguhé, il y a des ‘’voyous’’ qui ‘’filent’’ des grossesses à nos filles qui se retrouvent seules, a déploré dame Tapé C.
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Il arrive des fois que les filles du village vont derrière la clôture de l’école pour faire les yeux doux aux jeunes gendarmes. Pis, à distance, elles leur présentent leurs seins et les invitent à venir dans le village pour être leurs copains, au vu et au su de tous. Et c’est de cette manière qu’une bonne partie des unions sont ficelées. Selon Bailly A., un jeune du village qui nous a servi de guide, Toroguhé est animé quand il y a de grandes manifestations socio-sportives et les filles abondent. Pour lui, les enfants abandonnés par les gendarmes sont si nombreux que personne ne sait le nombre exact. « Il arrive des moments où certains pères viennent à la recherche de leurs enfants », a révélé Bailly A. notre interprète. « Parmi les élèves-gendarmes, il y en a qui refusent de rentrer chez eux quand ils sont en congés. Ils restent dans le village et nouent des amitiés avec les jeunes avec lesquels ils partagent les mêmes passions : l’alcool et les filles. Mais quand ils quittent l’école après leur formation, ils nous oublient ainsi que les filles », a fustigé Bailly A.
Enquête réalisée par M. Ouattara, envoyé spécial
L’Intelligent d’Abidjan
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