APRÈS LES TUERIES DU WEEK-END, LES PARENTS DES VICTIMES INCONSOLABLES
Écrit par Saint-Tra Bi
Fraternité Matin
L’atmosphère qui prévaut au lendemain des tueries dans la ville de Vavoua contraste avec la folle journée de dimanche 18 décembre où tout était à l’arrêt pour des protestations contre les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) basées dans cette ville.
À l’entrée de la ville, les cendres de l’ancien corridor accueillent les visiteurs. Les minibus ont repris du service, les boutiques ont rouvert. Au dire des populations encore sous le choc, les actes posés par les éléments des Frci n’honorent ni leur corporation, encore moins la Côte d’Ivoire toute entière.
Au quartier Totocolesso, Sidibé Boubacar de nationalité malienne, n’a pas ouvert sa petite boutique. Et pour cause, il a reçu une balle dans la tête lors des évènements de dimanche alors qu’il revenait de l’hôpital. « Malade depuis deux jours, il s’est rendu à l’hôpital pour une consultation. Il a croisé la route de la mort à son retour sans avoir pris un seul des médicaments qu’il avait achetés. Dieu avait décidé que mon frère allait le rejoindre. En tant que croyant, nous nous en remettons à Dieu, mais demandons au gouvernement qu’il fasse tout pour punir les coupables de cette barbarie », raconte Sidibé Moussa, son frère cadet en larmes.
L’état-major des FRCI a été incendié par la foule en colère
Connaissances, amis et compatriotes affluent pour encourager les parents de la victime. Oumou Sidibé, sa femme nourrice, Minatou Sidibé, sa mère déjà malade avant la mort de son fils ne tient plus debout et aucune parole ne sort de sa bouche. Seules ses larmes coulent.
Même ambiance au quartier Château où le frère de Konaté Nagnofo, une des victimes, est lui aussi effondré par la perte tragique de son frère. « Mon frère m’a dit ce matin qu’il allait au champ. En chemin, il a rencontré les manifestants qui lui ont intimé l’ordre de retourner à la maison. C’est en ce moment qu’une bombe lacrymogène a explosé à ses côtés. Voulant fuir pour échapper au gaz, il a reçu une balle mortelle. Nous regardons le gouvernement pour que justice soit rendue et les coupables sévèrement punis », souligne Fofana Yssouf. Avant d’ajouter qu’il n’est pas prêt à pardonner les auteurs de la mort de son frère âgé de 17 ans. Le corridfor n’a pas échappé à la colère.Le corridfor n’a pas échappé à la colère.
Un seul mot est sur toutes les lèvres : justice ! Tous les habitants rencontrés affirment que s’ils ont accepté de reprendre le service, c’est parce que les autorités ont promis que justice sera faite sans complaisance. Certains manifestants e xpliquent qu’ils ont eu la chance grâce à leurs jambes. « Nous n’avons plus confiance en ces militaires qui ne pensent qu’au racket et aux femm es », affirment ces populations. « La guerre est finie. On ne sait pas pourquoi les militaires ne font pas la place aux policiers et gendarmes », s’interro gent-t-elles.
Une délégation de militaires venue de Bonon, Daloa, Issia, Gagnoa et Séguéla conduite par le capitaine Diomandé Yacouba dit Delta de la Garde républicaine a visité les cours familiales des cinq victimes. Au nom du général de division, Soumaila Bakayoko, le capitaine Diomandé a présenté les condoléances et réconforts aux familles éplorées. Il a annoncé que des mesures urgentes seront prises pour éviter de nouveaux drames de ce genre.
Quant au préfet Diané Bassina, il avoue que cette situation pouvait être évité si les uns et les autres avaient mis un peu d’eau dans leur vin. C’est pourquoi, il appelle les populations au calme et leur promet que la justice fera son travail. Il a par ailleurs félicité tous ceux qui ont participé à la décrispation de l’atmosphère.
Saint-Tra Bi
Correspondant Régional
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