Publié par diopdame dans afriquedemocratie.net
Gbagbo à La Haye, Abdou Diouf de l’OIF au bord de la Seine en dépit du « massacre de civils » en Casamance
C’est à travers un journal appartenant à l’un des magnats les plus lunatiques, condescendants, grandiloquents et lobbyistes de la presse sénégalaise que j’ai récemment lu une déclaration inattendue du Secrétaire général de la Francophonie, affirmant que Gbagbo ne doit pas compter sur lui pour sortir des geôles de la Haye. Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est important de souligner que c’est ce même journal qui avait pourtant grandement contribué à l’inoubliable défaite cinglante et historique du président Diouf en l’an 2000, suite à la rebuffade d’un peuple brimé, exploité, affamé, assoiffé, spolié et privé de justice, de paix et de liberté.
En effet, il est inconcevable de constater la volte-face d’un tel journal, qui avait hier jeté l’anathème sur l’actuel « propagandiste » de la langue de Molière, qui n’a jamais cessé par la suite de lui vouer une très grande importance et estime, au point de le ridiculiser sur l’échiquier national et international en lui octroyant des pouvoirs exceptionnels, extrêmement démesurés. A quoi joue donc ce fameux journal qui se veut « l’Aurore », voire les lampadaires du pays de la Teranga (hospitalité en Wolof) ? Autrement dit, au lieu de nous éclairer la lanterne, cette « Pénombre » au milieu de l’espace médiatique n’a fait que relayer la bourde de « L’homme au destin francophone », à qui Amnesty International avait jadis infligé une grande part de responsabilité dans des cas de « tortures », « viols », « enlèvements », voire de « massacre » en Casamance commis par une armée nationale, sous son Magistère.
Malgré le rapport très détaillé d’Amnesty International, le président Diouf n’a jamais été inquiété
Pourquoi Abdou Diouf est-il passé entre les mailles du filet de la justice nationale et internationale, suite aux accusations graves portées contre lui dans un rapport très détaillé d’Amnesty International ? A mon sens, ce sieur déjà épinglé par Amnesty International ferait mieux de garder le silence en ce qui concerne la crise ivoirienne, au regard de son passé sulfureux jalonné d’insouciance, de cruauté, voire de massacre envers des civils de la Casamance « enlevés », « torturés », « violés » et « exécutés », d’après Amnesty qui avait estimé le nombre de disparus à des « centaines de milliers », y compris des villageois pour la plupart pris pour des complices de la sanglante rébellion.
Toutefois, Diouf n’a jamais été inquiété par les prétendus justiciers qui ne cessent de transformer le monde en une véritable jungle, tout comme Georges W. Bush et Tony Blair impliqués dans des crimes de guerre en Afghanistan et en Irak. L’ancien président sénégalais nous a-t-il pris pour des demeurés lorsqu’il a fait savoir sa passion effrénée pour la Justice et sa détermination contre l’impunité en Côte d’Ivoire, alors qu’il avait toujours nié l’existence de répression aveugle, voire de charnier dans la partie sud de son pays meurtri par des décennies de guerre au bilan humain très lourd? Par conséquent, si Laurent Gbagbo doit répondre des actes de son armée, pourquoi pas Abdou Diouf, ne serait-ce que pour permettre aux familles des victimes de faire enfin le deuil ? Personne n’est dupe ! Le procès de ce francophile, qui a plombé l’économie du Sénégal en nous plongeant dans la misère, la stupeur et le chaos, y compris tout le sud du pays, ne sera pas d’actualité, tant qu’il continue de cajoler l’Occident. Outre ces « crimes de sang », son successeur Abdoulaye Wade ne lui avait-il pas assuré de ne jamais le poursuivre en justice pour des crimes économiques commis pendant ses 20 ans de règne calamiteux, avant son exil volontaire en Métropole ? Bref, cet homme n’est pas aussi innocent, fréquentable, compétent et pragmatique que nous le présentent la France et certains médias menteurs et manipulateurs.
Jean-Claude Marut enfonce le clou avec son livre: « Le conflit de Casamance : ce que disent les armes »
Malgré les dénégations de l’actuel secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie qui a qualifié, à tout bout de champs, ces accusations de « tissu de mensonge » et de » contrevérités », les atrocités déjà soulevées par Amnesty ont été réaffirmées par Jean-Claude Marut à travers son livre : « Le conflit de la Casamance : ce que disent les armes ». C’est pourquoi je me suis demandé au niveau du titre de cette chronique si vraiment ce type de l’OIF est le mieux placé pour nous parler « d’impunité et d’Etat de droit » dans ce monde où les plus forts ont le droit de massacrer les plus faibles au nom de la démocratie afin de détrôner des « tyrans », leurs anciens complices et de justifier la « légitime défense » (conflit israélo-palestinien) encouragées par la Cour des grands, l’Onu? Mais, que cherche en réalité Diouf, lorsqu’il s’est résolu à soutenir une CPI qui a remporté la palme d’être une « justice », à deux vitesses, aux mains des plus forts, contre les plus faibles? Est-il amnésique ou vise-t-il simplement à faire plaisir à sa patrie d’adoption, la France dotée du pouvoir d’inculpation et d’acquittement vis-à-vis des tortionnaires de ses ex-colonies? Et s’il est contre l’impunité, pourquoi avait-il accordé l’asile à Hissène Habré ? La réponse est qu’il savait pertinemment qu’il s’est agi d’un complot ourdi par un Occident hypocrite qui a toujours élevé au pinacle tous nos dictateurs, avant de les discréditer, voire de les éliminer sauvagement, sous prétexte de la « responsabilité de protéger » (Libye par exemple).
Quelqu’un qui a choisi l’exil volontaire en France a-t-il voix au chapitre ?
« C’est ce genre d’Africain qu’aime l’Occident »
Le professeur Jean-Paul Pougala ne s’est pas trompé dans un portrait laconique consacré à Diouf : « Voila le genre d’Africain qu’aime l’Occident». De fait, Jean-Paul Pougala s’est étonné de le voir se gargariser dans un communiqué de presse daté du 5 octobre 2011 en vue de la promotion de la langue française dans le Monde, quitte à oublier pour de bon le Sénégal, le pays qui lui avait pourtant tout donné :« Je souhaite que le Forum mondial de la langue française soit un grand rassemblement de la société civile où toutes les générations, hommes et femmes, groupes organisés ou individus, universitaires, diplomates ou citoyens viennent partager leur amour de la langue française, leurs craintes, leurs ambitions et leurs espoirs ». Outre cette description significative, l’avocat Maître Doudou Ndoye ne l’avait-il pas remis à sa place en 2010 : « Abdou Diouf n’a pas raison de s’immiscer dans un débat de Sénégalais qui ont choisi de rester chez-eux à la fin de leur mission officielle ».
En tout cas, si jamais Amnesty International réussit son pari visant à faire « coincer » et écrouer l’ancien président sénégalais, accusé d’avoir accordé « blanc-seing » aux « militaires » qui n’hésitaient pas à commettre des exécutions sommaires en Casamance, la France sera comme à l’accoutumée dans l’embarras , pour l’avoir d’abord lavé de tout soupçon, protégé, avant de l’adouber, malgré les accusations de massacre. Une chose est sûre : Diouf peut, en attendant, savourer encore tranquillement et paisiblement le « beau paysage » de la Seine et les quartiers huppés de Paris qui ne cessent de l’émerveiller de plus en plus, au mépris de la forêt, de la savane et des steppes de l’Afrique et de son pays natal, pour ne pas dire de la « brousse » aux plantes rabougries, en proie à des difficultés économiques, sociales et politiques.
Au demeurant, il est actuellement mal placé pour se prononcer sur des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité ou d’impunité afin de ne pas raviver la mémoire des familles des victimes casamançaises. Quid de l’écriture de ses mémoires qu’un jeune africain, fier de défendre son pays et son continent en crise, lui demande d’en commencer la rédaction pendant qu’il est encore temps par ces mots : « Le parcours d’un éternel opportuniste accusé de massacre… » ? Son fameux poste à l’OIF n’est-il pas aussi tout mielleux que celui de président de la République ?
Dame Diop
Note (1) : « Walfadjri » quotidien : Abdou Diouf, secrétaire général de la Francophonie : ‘Si le pouvoir judiciaire est déliquescent, il n’y a plus d’Etat de droit’
Si Laurent Gbagbo cherche soutien pour l’extraire de la Cpi, il ne doit pas compter sur le président Abdou Diouf. Le Secrétaire général de la Francophonie veut que ‘justice soit faite’ et soutient ‘avec force’ la Cour pénale internationale. Il l’a fait savoir, vendredi dernier, lors d’une conférence de presse de clôture de la Conférence ministérielle de la Francophonie. www.walf.sn
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