Les sections 1 et 2 du mouvement des instituteurs pour la défense de leurs droits de Gagnoa ont organisé, le 19 Décembre dernier, une marche à travers les rues de la cité du Fromager pour protester vigoureusement contre les sévices morales, corporels et matérielles que des éléments des FRCI font subir aux enseignants dans les quartiers, villages et campements de Gagnoa. Les deux gouttes d’eau qui ont fait déborder le vase, remontent au Mercredi 14 décembre 2011. Mme Marie Laurence Djedjemel, institutrice de son état, en service à l’EPP Gagnoa centre 2, profite de ce jour de repos pour aller faire des achats. Aux environs de 12 h, des éléments des FRCI en faction dans le grand marché de Gagnoa l’interpellent et lui demandent de se joindre aux balayeuses. Éberluée, l’institutrice marque son étonnement et décline son identité aux hommes en armes. « On s’en fout de çà. Nous, on ne connaît pas papier. Fais ce qu’on te demande », a lancé l’un d’eux. L’enseignante oppose une fin de non recevoir. Ce refus est ressenti comme une faute lourde. Mme Marie Laurence Djédjemel est molestée et battue sauvagement à coups de crosse de fusil et de matraque. Humiliée et bafouée dans sa dignité humaine, l’enseignante, en sang et en larmes, se rend au centre hospitalier régional de Gagnoa pour y subir les soins appropriés. Le certificat médical qui lui est délivré mentionne une incapacité de travail temporaire de 15 jours. Le même jour, à 3 h du matin, des éléments des mêmes FRCI font irruption aux domiciles des enseignants du village de Noaguihio et les dépouillent de leur argent, portables et chaussures. L’enseignant Maxime Gbahio Tchero n’a eu la vie sauve que grâce à son agilité à se soustraire de sa chambre par la fenêtre. M. Diarra Idrissa, secrétaire général MIDD de la région du Fromager, en a marre. Car, à l’en croire, ce vent de violence contre les instituteurs dans les villages et campements de Gagnoa a déjà soufflé sur Dobé, Dagodio, Olibribouo, Kabia, Bobia, Obodroupa, Gnagbodougnoa et Doukouyo. Et la section régionale MIDD n’est pas passée par quatre chemins pour accuser les éléments FRCI basés à Gagnoa d’être responsables de ces actes ignobles de vols et de pillages.
L’imposante procession a eu pour points de chute la préfecture de région puis la direction régionale de l’éducation nationale (DREN) de Gagnoa. M. Diarra Idrissa, secrétaire général du mouvement des instituteurs pour la défense de leurs droits (MIDD), a lu et remis la motion de protestation aux maîtres des lieux. Dans la motion remise aux autorités, le MIDD recommande aux autorités compétentes de garantir la sécurité des enseignants de Gagnoa et de leurs familles et exige le retrait des éléments des FRCI des rues, quartiers et villages de campements, la prise en charge médicale immédiate de la blessée, le remboursement des frais médicaux et paramédicaux engagés par elle, la restitution de tous les biens matériels arrachés aux instituteurs des villages sus-cités, les excuses publiques dans les plus brefs délais des FRCI aux enseignants, des sanctions contre les auteurs de ces actes de barbarie. M. Rémi N’ZI Kangah, préfet de la région du Fromager, préfet du département de Gagnoa, a reconnu la justesse du combat des enseignants. Il a soutenu que Gagnoa est à l’image de toute la Côte d’Ivoire. Il a loué le courage des enseignants qui sont venus massivement jusqu’à lui pour exprimer leur mécontentement. » Je tiens à vous dire que vous n’êtes pas seuls dans cette situation. Mes collaborateurs en font les frais chaque jour. Mais comme eux ils n’ont pas de syndicat, ils n’arrivent pas à s’exprimer vivement comme vous l’avez fait ce matin. La solution à cette situation est nationale. Quand elle s’appliquera, Gagnoa en bénéficiera. Sinon comment comprendre que dans la ville où je suis le représentant du chef de l’État, on tire sans que je ne sois informé sur l’origine et les raisons de ces tirs. Saisissez la justice! Portez plainte contre X ! », a-t-il conseillé. Quant à M. Silué Gozié, directeur de l’Education nationale de Gagnoa, il a demandé aux enseignants de se calmer. Il a promis de trouver, en accord avec les autorités compétentes, une solution rapide aux problèmes posés.
La section régionale MIDD du Fromager menace de lancer un mot d’ordre de débrayage dès le retour des vacances de Noël si une solution rapide et appropriée n’est pas trouvée.
Marius Dangan Kpan
Notre Voie
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