Côte d’Ivoire – Législatives: Anaky Kobena (RHDP) « Le RHDP est mort de sa belle mort »

Le président du Mfa, Innocent Anaky Kobena, tire les leçons des élections du 11 décembre et regrette l’alliance des houphouétistes.

M. le président du Mfa, comment expliquez-vous votre défaite à Cocody lors des élections législatives du 11 décembre ?

Pour ce qui est des élections à Cocody, nous au Mfa, pensons qu’il n’y a pas lieu d’en faire une affaire nationale, même s’il est su de tout le monde qu’elles ont été très remuantes et remuées et qu’en dernier ressort, il a fallu qu’au plus haut niveau de l’Etat, on prenne des décisions. En tant que candidat à Cocody, je voudrais remercier tous les électeurs et habitants de cette circonscription qui m’ont voté. Je les sais nombreux et même très nombreux. Je peux leur dire d’être rassurés et que je ne crois pas en ma défaite, même si j’accepte la victoire de la liste Ouégnin-Touré. Je ne crois pas que j’aie perdu. Que ceux qui ont voté pour moi sachent que pour les élections à venir, si je devais me présenter dans cette commune, au lieu de faire des meetings ou autres rencontres, je prendrais la précaution de concentrer mes moyens pour bien sélectionner mes représentants dans les bureaux de vote, veiller à ce que le jour du vote, ils ne manquent de rien et surtout à ce qu’en aucune manière, on ne puisse les corrompre avec des espèces sonnantes et trébuchantes. J’ai été, certes, proclamé vaincu, mais je n’ai pas l’âme d’un battu ou d’un vaincu, bien au contraire. Je suis serein.

Etes-vous en train de dire que l’on vous a volé votre victoire ?

(Rires). Monsieur, ce n’est pas dans ma bouche que vous allez manger votre piment, comme on le dit en Côte d’Ivoire. Tout le monde sait qu’à Cocody, les élections ont été tout, sauf normales. Je mets quiconque, notamment les autres candidats et leurs partis, au défi de me porter la contradiction. Mais je préfère, en tant que président d’un parti membre du Rhdp, que l’on s’en tienne aux résultats proclamés et qu’il n’y ait absolument pas de polémique.

Je ne saisirai pas le Conseil constitutionnel, quels que soient les éléments irréfutables de preuve que j’ai en ma possession. Nous sommes dans une situation où c’est un allié qui a été déclaré vainqueur. A notre avis, il serait malsain, très mal indiqué et surtout choquant pour les populations ivoiriennes et les militants des partis membres du Rhdp de savoir qu’entre nous, nous pouvons nous glisserdes peaux de bananes ou nous donner des coups au-dessous de la ceinture.

Au sortir de ces élections législatives, comment voyez-vous l’avenir du Rhdp pour lequel vous renoncez à saisir le Conseil constitutionnel ?

(Sourire). Je pense qu’il est temps que l’on soit réaliste et que l’on n’ait pas peur des mots. On peut considérer que le Rhdp est mort. Il est mort, de sa belle mort. Il est mort du moment où l’on n’a pas pu, pour ces élections législatives, au plan national, aller en groupe uni, alors que c’était l’un des principaux objectifs que nous nous étions fixés depuis le départ. C’est dommage. Nous le déplorons, mais il faut reconnaître que le Rhdp est mort.

Mais il y a eu des listes Rhdp qui ont gagné…

Il y a eu, certes, quelques listes qui se réclament de notre alliance, mais on peut les considérer comme des nostalgiques, des rêveurs (comme nous au Mfa et surtout moi Anaky). Parce que nous n’aurions jamais pensé que le président d’un parti membre du Rhdp, candidat dans une circonscription, aurait en face de lui des candidats d’autres partis de ce même Rhdp. A partir de ces élections, le Rhdp est bel et bien mort de sa belle mort. Je le dis avec d’autant plus de regret et d’amertume que nous avons finalement donné raison à ceux du Fpi ou de La majorité présidentielle et à tous ceux qui, depuis le départ, avaient dit que le Rhdp était une alliance contre-nature dont le seul objectif était la chute de Laurent Gbagbo. J’ai travaillé pour les faire mentir. Mais aujourd’hui, je dois me rendre à l’évidence. Le Rhdp est mort. A preuve, savez-vous que depuis la chute de Laurent Gbagbo le 11 avril 2011, il n’y a pas encore eu de réunion au sommet des responsables du Rhdp?

Qui est responsable de cette mort du Rhdp, à votre avis ?

Si l’on devait chercher les coupables de cette mort, comme on le dit : « A tout Seigneur, tout honneur». Il faudrait donc penser, en premier lieu, au président du Rdr qui est le candidat élu, du Rhdp au second tour de la présidentielle et à côté de lui, son aîné, le président Henri Konan Bédié, qui est le doyen des présidents des partis membres du Rhdp, donc la caution morale de notre coalition. C’est seulement quand le procès de ces deux personnes sera terminé que l’on pourra se tourner vers nous autres.

Pour vous donc, le Rhdp, c’est fini, ou alors allez-vous interpeller vos pairs ?

Aujourd’hui, je suis tellement déçu et amer que j’estime que le Rhdp, c’est fini. Je prends sur moi de ne même plus en parler. Sauf si au niveau des états-majors, des militants et des responsables de la société civile de chacun de nos partis, je voyais surgir une espèce de volonté forte de se battre pour que l’idéal Rhdp revienne. Auquel cas, je serais prêt à m’y associer et à y mettre toute mon énergie.

Avec les résultats des législatives, certains pensent qu’il n’y aura pas d’opposition à l’Assemblée nationale. Etes-vous de cet avis ?

Non, je pense plutôt qu’il y aura forcément une opposition à l’Assemblée nationale. Elle viendra de certains députés du Rdr et du Pdci qui voudront s’affranchir des directives de leurs partis pour prendre en main les aspirations des populations, surtout si au niveau de l’action gouvernementale, il y a beaucoup de dérives (je touche du bois). Prenons un cas simple. Plus de sept mois après la chute de Laurent Gbagbo, le coût de la vie n’a pas encore beaucoup baissé, l’insécurité demeure grande, les problèmes de santé sont ce que nous vivons, les problèmes d’emplois demeurent vivaces. Les députés seront régulièrement interpellés par le peuple si les choses ne s’améliorent pas.

Quel peut être l’avenir politique de M. Anaky après sa défaite ?

(Rires). M. Anaky Kobena est le président du Mfa. Un parti politique qui a quand même trois députés (contre un seul pour la législature passée. Ndlr) et espère en rallier d’autres à sa cause pour former un groupe parlementaire. Je vous le promets, Anaky Kobena sera plus actif en politique que par le passé.

Source – Fratmat.info

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