Résultats des législatives du 11 décembre: Le RDR de Ouattara est-il un parti régional ?

Résultats des législatives du 11 décembre: Le Rdr, un parti régional

On connaît, depuis jeudi soir, tous les noms des députés qui vont siéger à l’Assemblée nationale version Ouattara. Issus des élections que les Ivoiriens ont vite fait de qualifier d’«élections wouya-wouya», ils seront au nombre de 255 contre 225 dans la précédente législature. Un confrère qui relaie les propos des Ivoiriens les appelle des députés «flêkê-flêkê». Normal que l’on dise d’eux qu’ils ne sont pas des députés lourds puisqu’il leur manque tout : la légitimité et la légalité. Le taux de participation, très faible et reconnu par tous comme tel, est passé curieusement à 36%. Dans les rues d’Abidjan et les salons de Cocody, on parle de la magie avec laquelle ce bond a été fait. La fraude était si grande que les plaintes se sont multipliées au Conseil constitutionnel. A plus de 90%, elles sont toutes dirigées contre le Rdr. Dans nombre de circonscriptions, plusieurs absents et même des morts enterrés depuis des lustres ont voté et émargé pour le compte du même Rdr. Résultat, le Rdr, qui partait à ces législatives avec une avance de près de 74 sièges au nord, s’est retrouvé au finish avec 127 sièges. Sur ce total, 100 sont des ressortissants du nord. Soit près de 80% des sièges qu’il a obtenus. Que toutes celles et tous ceux qui veulent éviter des ennuis ne parient guère sur le caractère ethnocentrique du Rassemblement des Républicains (Rdr). Avec ce parti, il est mieux de se tenir à carreau.
Pour montrer le caractère régional de ce parti qui se targue pourtant d’être un parti national et le premier de Côte d’Ivoire après ces législatives, Notre Voie a dressé pour vous la liste de tous les élus Rdr. Votre journal a pris le soin de détacher les élus dont la région d’origine est le nord ivoirien. Pas pour inciter à la xénophobie ou au tribalisme, mais bien pour dénoncer le tribalisme rampant dont le Rdr se fait le héraut. Si, pour des raisons évidentes de sécurité et d’éthique, certains partis politiques et citoyens n’osent pas parler de ce fléau, encore moins le dénoncer, un journal comme Notre Voie ne peut se taire indéfiniment. Ne serait-ce que pour l’histoire, pour nos progénitures qui ne comprendraient pas qu’on ait assisté à un tel désastre sans mot dire. Le mal est profond et pernicieux. Il faut utiliser les grands moyens pour le stopper net. C’est la seule raison qui sous-tend ce dossier qui, nous l’espérons, s’installera dans la tête des gouvernants, d’où qu’ils viennent, comme un petit gendarme.
Abdoulaye Villard Sanogo
Notre Voie

Occupation du terrain politique : Le Rdr, un parti national

Le Rassemblement des républicains (Rdr), au regard des résultats des dernières législatives, prouve encore qu’il est présent sur toute l’étendue du territoire national.
Dès sa création en 1994, le Rdr n’a pas mis assez de temps pour faire parler de lui. Dix-sept ans après, le parti porté sur les fonts baptismaux par Feu Djéni Kobenan a totalement gagné le cœur des Ivoiriens, au point de devenir un parti national, au regard des derniers résultats des législatives du 11 décembre. Si en mars 2001, les Républicains l’ont prouvé, en décrochant les municipales à Gagnoa, Sinfra, Daloa, Bouaflé, San Pedro, Soubré, Bouaké, Abobo et Adjamé, ils en ont fait plus cette fois. En effet, à l’issue des dernières législatives, sur les 254 députés à l’Assemblée nationale, le parti de la ‘’case verte’’ a opéré une razzia, engrangeant 127 députés sur l’ensemble du territoire national. Du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest, en passant par le centre, le parti aux couleurs orange et blanc, en plus de sa victoire à la présidentielle de 2010, s’est imposé, outre la partie septentrionale du pays, dans plusieurs circonscriptions électorales du Sud, du Centre-Ouest et de l’Ouest. Daloa, Gagnoa, Issia, San Pédro, Zuenoula, Toulepleu, Lakota, Sinfra, Dabou, Bodokro, Duekoué, Man, Agboville, Bassam, Vavoua, Bédiala et Gonaté, Ouragahio, Guéyo, Yamoussoukro, Bouaké, Bouaflé, Facobly, Taabo, Guiglo, du Zanzan, de Bingerville, d’Anyama, d’Abidjan…, sont tombées, dans l’escarcelle du Rdr, avec des candidats pour la plupart, issus de ces zones (voir tableau ci-contre).

Le Fpi, un parti circonscrit

Une preuve suffisante, pour reconnaître que cette formation politique est loin d’être un parti régional. Ce qui est tout à fait le contraire chez le Front populaire ivoirien (Fpi) de Laurent Gbagbo, dont les militants racontent déjà que le parti au pouvoir ne compte que des députés issus du Nord. Le parti des Frontistes, bien qu’élu de façon ‘’calamiteuse’’ à la présidentielle du 22 octobre 2000, n’avait eu aucun poste aux législatives du 17 décembre, au Nord du pays. Pendant que tous les ministres de Ouattara ont obtenu un sans faute en décembre 2011, dans leurs localités respectives, Koné Dramane, le ministre de la Culture de Laurent Gbagbo en 2000, mordait la poussière à Tengrela. Lahoua Souanga Etienne alias César Etou, de son côté, se faisait battre à Languibonou au centre. La plupart des députés du Fpi, après les législatives de 2000, étaient issus du Centre-Ouest et de l’Ouest (Moyen-Cavally). Témoignage du sectarisme de ce parti dont des têtes fortes n’avaient pas hésité à torpiller Pascal Affi N’guessan, lui, du Centre-Est, qui avait été coopté par Laurent Gbagbo, pour lui succéder à la tête du Fpi, et Mamadou Koulibaly du Nord, choisi pour être le président de l’Assemblée nationale. Une géopolitique que les radicaux et les sectaires du Fpi n’avaient pas voulu comprendre. Pour eux, il fallait des personnes issues de l’Ouest, à la tête de ces deux entités. ‘’Le parti doit demeurer dans son giron originel’’, pouvait-on entendre en sourdine. C’est cette menace à peine voilée, qui avait amené Affi N’guessan, si réservé et si froid par le passé, à s’engager à partir de mars 2002, lors de la fête de la liberté à Daloa, dans une virulence indescriptible contre les opposants d’alors, pour prouver son militantisme et sa capacité à jouer les durs au sein de sa formation. Il avait à cet effet, traité ‘’Robert Guéi d’éternel putschiste, Henri Konan Bédié de pneu réchappé, et Alassane Ouattara d’apatride’’. On peut sans risque de se tromper, affirmer que si Affi N’guessan est libéré aujourd’hui, le Fpi risque de se fissurer davantage avec la guerre des clans, comme Mamadou Koulibaly en a fait récemment l’amère expérience, avant de créer par dépit, son propre parti. Cela dit, la formation politique montée de toutes pièces par Laurent Gbagbo est actuellement mal placée pour faire des leçons à qui que ce soit dans ce sens. Pourtant, il n’y a que des militants de ce parti, -soit atteints de cécité, soit pourvus d’une bonne dose de mauvaise foi- pour constater que le Rdr n’est pas un parti national. Mais la réalité est implacable, et la vérité infalsifiable. Le Rassemblement des républicains est un parti qui a tissé sa toile sur l’ensemble du territoire national, malgré la volonté du Fpi de l’empêcher d’évoluer depuis dix ans. ‘’On peut ne pas aimer le lièvre, mais il faut reconnaître qu’il sait bien courir ou qu’il a de grandes oreilles’’. Et le Fpi devrait faire sien cet adage. En toute honnêteté.

Ouattara Abdoul Karim
L’Expression

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