Trois questions à SEM. Mgr Ambrose Madtha:
Présent à la paroisse Notre Dame de l’Assomption de Koumassi Prodomo pour la messe d’action de grâces à l’occasion du 100ème numéro du mensuel ‘’Prière d’Afrique’’, Mgr Ambrose Madtha, Nonce Apostolique d’Abidjan, s’est prêté à nos questions relatives à sa récente visite au Chef de l’Etat. Il a fait des précisions sur sa demande de libération provisoire des pro-Gbagbo et s’est aussi penché sur le phénomène récurrent des attaques des édifices religieux.
Monseigneur, lors de votre visite le jeudi dernier au Président de la République, vous lui avez demandé de libérer les prisonniers politiques afin de leur permettre de fêter avec leurs familles. Ou en est cette requête ?
La fête de Noël et celle du Nouvel An sont particulières. On les passe généralement en famille. C’est pourquoi, je me suis permis de façon personnelle d’en faire la demande, car certains journaux ont affirmé qu’il s’agissait d’une demande du Pape Benoît XVI. Il n’en est rien. Ce n’est pas le Pape qui l’a demandé. C’est à mon initiative personnelle que j’ai présenté cette doléance au Président Ouattara en lui expliquant que donner la liberté provisoire à ces prisonniers n’allait pas les soustraire à la justice. Cette dernière ayant les moyens de les récupérer après ces moments. En tant que chrétien et émissaire du Christ, je connais la détresse des gens qui sont privés de la présence d’êtres chers surtout en cette période de fin d’année. Je vis avec les Ivoiriens et je sais combien ce moment est particulier.
Au lendemain de la crise postélectorale et la prestation de serment du Président Ouattara, l’Eglise a subi et continue de faire face à de nombreuses attaques armées. Vous êtes-vous ouvert au Chef de l’Etat et quelle a été sa réaction ?
Oui, j’en ai longuement parlé au Président Ouattara. Depuis l’investiture du nouveau Président, nous avons vécu dans un climat d’insécurité généralisée mais surtout particulière au niveau des édifices religieux. J’ai demandé au Chef de l’Etat de renforcer la sécurité des bâtisses religieuses, des maisons des prêtres. Il faut préciser que les nombreuses attaques n’ont pas seulement eu lieu à Abidjan, mais aussi dans des villes de l’intérieur comme San-Pedro, Abengourou, Gagnoa et bien d’autres. J’ai donc demandé plus de sécurité au Président pour tout le monde et aussi pour nos églises. Il m’a répondu que des consignes ont déjà été données pour renforcer la sécurité et il m’a fait savoir que d’ailleurs des succès ont été enregistrés avec l’arrestation de deux bandits spécialisés dans l’attaque armée d’églises et de patrimoines religieux chrétiens. Evidemment, ils ne sont pas seuls et nous espérons que la grande majorité sera dans les mains de la justice.
Excellence, nous serons bientôt à la veille du nouvel an. Quel est votre message pours les Ivoiriens qui se remettent difficilement de cette crise ?
Le nouvel an est une occasion pour prendre des résolutions afin de mieux faire. Nous appelons les Ivoiriens à tourner une nouvelle page de leur histoire après les douloureux évènements que nous avons tous vécus. Les Ivoiriens doivent comme tous les peuples prétendre au bonheur. Cela passe par retrouver ‘’le vivre ensemble’’, tourner l’épisode de la division. C’est pour cette raison que nous collaborons de bonne volonté avec la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR), car c’est un instrument important dans le processus de réconciliation. J’exhorte toutes les populations à collaborer en toute franchise avec la CDVR pour aller à la paix et à la réconciliation.
Propos recueillis par Olivier Guédé
L’intelligent d’Abidjan
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