Depuis peu, le paysage politique ivoirien offre diverses tendances. Certains ont opté pour la politique de la chaise vide. Quand les autres ont choisi celle du plus fort ou du plus violent.
La crise post-électorale a été l’occasion pour les plus forts de démontrer leur force. Une armée dépenaillée de combattants rebelles, armés jusqu’aux dents a fait irruption dans Abidjan. Très vite, face à une armée régulière de professionnels, ils battent en retraite. Interrogés sur les raisons de leur débandade, ils ont parlé de ‘’repli stratégique’’. Puis d’autres personnes, des blancs cette fois, plus violents et mieux équipés, ont accourus, à la rescousse de la rébellion. Vous l’aurez certainement deviné, il ne s’agit ni plus ni moins de l’armée impérialiste française. La France, ce pays vestige, tourmentée par la pire crise de l’euro. Une France dont le qualificatif ‘’puissance occidentale’’, ne vaut que par la suprématie de son armée sur de petits Etats de nègres, tels que la Côte d’ivoire. Alors les plus forts et leur rébellion, aidée par cette armée française, ont imposé leur force aux autres.
Mais l’après guerre a ses réalités. Surtout lorsqu’on est acculé de tous parts et sommé de remettre la démocratie et l’état de droit sur les rails. Là, il s’agit de politique et non de violence. De la force des arguments, de la pertinence des idées, de développement et de progrès. Et non de la raison de la force brutale et de la loi du plus fort. A cette nouvelle donne politique, ceux qui ne valaient que par la force de leurs biceps, ont été très vite à cours d’arguments. Les vaincus quant à eux, ont cru bon de s’abstenir de s’asseoir dans la chaise que leur proposaient leurs bourreaux. Peut-être ont-ils vu que cette chaise n’était pas assez confortable à leur yeux ou qu’elle risquait de s’effondrer, et eux avec, si d’aventure ils prenaient le risque de s’y asseoir. Et ce, tant que tous leurs préalables ne seraient pas satisfaits. Les autres, ceux de la politique du plus fort, ont alors crié au chantage. Ainsi, ceux de la chaise vide ont d’abord refusé d’entrer au gouvernement, ensuite aujourd’hui, de siéger au parlement.
Dans un tel contexte, les plus forts sont naturellement assurés de faire roue libre. En l’absence d’une opposition à même de les ‘’gêner’’, les plus forts n’auront pas besoin de suer sang et eau pour faire passer, à volonté, toutes leurs mesures et même les plus farfelues. Tout s’annonce donc beau dans le meilleur des mondes. Ne sont-ils pas, eux, les plus forts ?
Diriger un pays avec une opposition qu’on tient à l’écart, peut paraitre comme une aubaine. Mais il faut se croire au temps des partis uniques pour le croire. Les réalités d’aujourd’hui impliquent qu’une démocratie moderne fasse les preuves de diversité, de liberté et de pluralisme politique. A l’ère des NTIC, le monde évolue bien plus vite qu’on ne le croit, et les mentalités aussi. Faudrait être une caravane qui se dirige tout droit vers la perdition pour croire que les aboiements des chiens qui nous interpellent, ne sont que de vains bruits.
Lorsqu’on a qualifié Laurent Gbagbo ‘’d’opposant historique’’ d’Houphouët Boigny, cela n’était pas fortuit. Certes cet homme et son parti étaient dans la clandestinité en France. Mais le ‘’vieux’’ de Yamoussoukro, en homme très sage, s’était dit qu’il valait mieux, l’avoir près de lui ici en Côte d’Ivoire, qu’en France. Gbagbo près de lui, ‘’le vieux’’ était assuré d’avoir un œil sur lui et ses amis. Alors, à l’image du premier président de ce pays, dont se réclament d’ailleurs les plus forts, dès à présent il est plus que crucial, que l’opposition soit associée à des négociations sincères et durables. On ne peut diriger un pays en faisant fi de ses adversaires politiques. Surtout en pensant les jeter aux oubliettes. Cela est contraire à l’idée d’une démocratie vraie et apaisée.
Ceux qui ont refusé la chaise, ne l’ont pas refusé un point c’est tout. Ce refus implique aussi tous ces ivoiriens et ivoiriennes qui se reconnaissent en eux, en ce refus. C’est le refus de toutes ces personnes qui ont subi et qui continuent de vivre les conséquences insupportables d’une guerre injustifiée. Qui voudraient recouvrir la liberté, regagner leur pays et leurs familles, se sentir libres d’avoir une opinion contraire de ceux qui soutiennent le pouvoir en place. Bref, se sentir ivoiriens, se sentir chez eux.
Quand on en a sur le cœur, on est prêt à aller jusqu’au bout. Même à en découdre s’il le faut. Quitte à l’adversaire de mettre de l’eau dans son verre. Surtout si nos malheurs et leur fin sont de son fait. Alors quand les positions entre les deux politiques (chaise vide et plus fort) restent tranchées, le fossé s’en ira grandissant, au fil du temps. Et l’on se dit que, cette chaise qu’on refuse aujourd’hui, n’est la propriété de personne. Sinon du peuple souverain de Côte d’Ivoire, seul et vrai garant. Que la force ou la violence n’est aussi et surtout pas l’apanage d’un individu ou d’un groupe. Surtout si ces personnes comme nous, sont de simples mortels.
Marc Micael – zemami1er@yahoo.fr
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