Les contestations du scrutin législatif du 11 décembre 2011 fusent de toutes les régions de la Côte d’Ivoire, depuis la proclamation des résultats par la commission électorale indépendante (Cei). « Nous avons porté plainte à la Cei et allons saisir le Conseil constitutionnel aux fins d’annulation du scrutin à Bloléquin » annonçait, lors d’une récente conférence de presse, Blé Guirao Debadéa, candidat malheureux dans cette localité. « Nous avons choisi cette voie parce que nous voulons épargner à notre population de nouvelles souffrances » ajoutait le candidat de l’Udpci. A Doropo, notamment, c’est le commandant Issiaka Ouattara dit Wattao qui est cloué au pilori par les candidats de l’Udpci, Pdci, Mfa et indépendants, dans un courrier au vitriol adressé au représentant spécial du Sécrétaire général de l’Onu en Côte d’Ivoire, Bert Koenders. Il est notamment accusé d’avoir fait le lit de la victoire du candidat du Rdr, Kambiré Sansan dit Samby. A Yopougon , où le Pdci est donné perdant à travers son candidat Zié Coulibaly Daouda, le conseil constitutionnel a été saisi aux fins de l’annulation du scrutin. « Je ne refuse pas de reconnaître ma défaite. Je dis que le Pdci a gagné ces élections à Yopougon. J’ai les preuves de ce que je dis. Nous demandons la reprise des élections », a soutenu Zié Daouda. A Man, Bouaké, et dans presque toutes les grandes métropoles politiques du pays, où le Pdci et le Rdr, notamment, se sont affrontés, la fraude est mise en avant pour expliquer, soit la victoire, soit la défaite de l’un ou l’autre de ces deux mastodontes de la politique ivoirienne. Autant dire que la protestation est présente un peu partout en Côte d’Ivoire, depuis les dernières législatives. Serions-nous en face de mauvais perdants qui voudraient dissimuler leur infortune dans ce que certains qualifient de « voyousie politique », tout en jetant l’opprobre sur leurs adversaires ou alors s’agit-il d’un phénomène réel qui prend sa source dans des « braquages » des voix des votants, par des politiciens, sans foi ni loi, qui, n’ayant aucune assise électorale, utilisent des petits tours de passe-passe, pour se faire élire ? La conséquence est que le président du Conseil constitutionnel, Romain Francis Wodié pourrait être pris de vertige devant ces centaines de dossiers, les prochains jours. De toutes les façons, son travail doit consister à faire en sorte que cela n’impacte pas négativement sur l’image de cette institution. C’est pourquoi le traitement de ces dossiers doit se faire selon la rigueur juridique, le président du conseil constitutionnel devant être ferme. Il a le devoir de ne pas laisser prospérer les dossiers qui pécheront par méconnaissance de la procédure de contentieux. Francis Wodié et ses collaborateurs ne doivent pas se laisser prendre au jeu des mauvais perdants qui contestent les résultats uniquement parce que le droit le leur permet. En outre, les dossiers qui incriminent les partis qualifiés de grands ne doivent pas être traités en faveur de ces formations politiques. En somme, Romains Francis Wodié doit être intransigeant. Président nommé par Alassane Ouattara après la grave crise postélectorale que le pays a traversée, à la tête de cette importante institution, il devrait, par son jugement, redonner confiance à ses compatriotes. Il en a l’occasion avec ce contentieux électoral qui le met véritablement au pied du mur.
Armand B. DEPEYLA
Soir Info
Les commentaires sont fermés.