Après les législatives : Mort de l’APO et du RHDP, place à la dictature absolue du RDR ?
Ça y est ! Les élections de sortie de crise sont finies avec l’organisation des législatives le dimanche 11 décembre dernier. Nouveau visage de la Côte d’Ivoire.
Après le 28 novembre 2010, Alassane Ouattara a obtenu le pouvoir exécutif par césarienne. Du sang a coulé à flot. Du fait d’une crise postélectorale avec à la clé plus 3000 morts, plusieurs centaines de portés disparus et des milliers d’exilés. On parle de revivre ensemble dans les diversités avec la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (Cdvr) sans siège ni budget. On en reparlera.
Passons d’abord à la dernière étape des élections de sortie de crise comme prévu par l’Accord politique de Ouagadougou (APO). C’est-à-dire, les élections législatives.
Le dimanche 11 décembre dernier, le pouvoir législatif a été mis en jeu. Tous sauf le Fpi (en tant que parti politique) à l’assaut de l’Assemblée nationale. Là encore, le pouvoir législatif a été remporté avec une majorité absolue par le Rassemblement des républicains (RDR), le parti d’Alassane Ouattara avec plus 130 députés (selon des journaux ivoiriens) sur les 255 sièges. Le RDR n’a plus à revendiquer ou lutter pour le perchoir, la Présidence du Parlement ivoirien. Il l’a déjà par la majorité absolue de ses députés. Une victoire obtenue avec près de 80% des Ivoiriens qui n’y ont pas participé. Une majorité écrasante restée à la maison et en exil. Et puis, son allié principal, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de l’inamovible et indéboulonnable Henri Konan Bédié, en a eu plus de 90 sur les 125 sièges restants. Mais le Rassemblement des Houphouëtistes pour le développement et la paix (RHDP) n’a plus d’importance. Adieu les accords d’alliance passés avant la série d’élections ?
Actuellement, le RDR est très fort
Il peut gouverner sans ses alliés d’hier qui lui ont offert le pouvoir exécutif au péril de leurs vies. Les 125 députés non RDR ne feront sans doute que de la figuration au Parlement ivoirien. Si bien sûr, les 130 députés RDR restent des élus à la solde de leur parti d’origine, au lieu de se muer en députés de la Nation. Donc de légiférer pour leur chapelle politique et non pour le pays et le peuple ivoirien. Ce serait alors la dictature parfaitement absolue.
Ouattara 1er deviendra Louis XIV
Il marquera la construction de la Côte d’Ivoire d’un absolutisme de droit divin. Seul maître à bord. Chaque désir sera un ordre exécuté « parce qu’il faut qu’il travaille et que son programme soit intégralement et absolument appliqué ». Même les projets les plus utopiques emballés dans une certaine démagogie qui ont fait pâlir et perdre ses adversaires politiques. Il n’y a plus d’APO et le RHDP peut être rangé aux calendes grecques, avec les 130 députés RDR acquis à la cause de Ouattara 1er. Alors la dictature absolue de moins de 20% des Ivoiriens peut imposer sa vision et ses méthodes de gestions aux 80% autres qui se sont abstenus de gré ou de force par l’exil. A moins que la responsabilité de la destinée commune avec la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens habite et inspire les députés RDR pour qu’ils sortent du carcan partisan et légifèrent dans l’intérêt de la Nation et du peuple ivoiriens. Sinon, avec la mort de l’APO et le RHDP qui ne vaut plus que par le nom, le RDR risque d’installer une dictature absolue. Et ce sera adieu le pays de droit et le pays émergeant à l’orée 2020 qu’a promis Ouattara 1er.
GUY TRESSIA
Source: lebanco.net
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