France – Le gâteau ivoirien, retour sur investissement « Allez ! Ramenez 
du pognon ! »

La France a joué un rôle décisif dans l’installation d’Alassane Ouattara au pouvoir. Huit mois après 
les bombardements de la force Licorne, Paris attend 
un retour sur investissement. « Allez, allez les privés ! 
On vous ouvre les portes mais il faut ramener 
du pognon ! », résumait crûment le ministre de 
la Coopération, Henri de Raincourt, lors de la visite de François Fillon à Abidjan, en juillet dernier. Et pour « ramener du pognon », le gouvernement français 
a trouvé une formule magique : faire passer les cadeaux aux entreprises françaises opérant en Côte d’Ivoire pour de l’aide au développement. Dès le 21 mai, Nicolas Sarkozy promettait, sur la base militaire française de Port-Bouët, de consacrer 2 milliards d’euros à un « contrat de désendettement et de développement » (C2D), en fait une conversion de dette en aides publiques. « Les C2D correspondent à un refinancement par dons des créances d’aide publique au développement : les pays continuent d’honorer leur dette, mais, aussitôt le remboursement constaté, 
la France reverse au pays la somme correspondante pour l’affecter à des programmes de lutte contre la pauvreté et pour la croissance », explique-t-on au Quai d’Orsay. En clair, les Ivoiriens régleront bien, sur quinze ans, la facture. Ces sommes seront ensuite allouées, 
via l’Agence française de développement (AFD) ou le budget ivoirien, à des programmes de « développement ». La lutte contre la pauvreté et 
pour la croissance étant ici comprises dans une acception très large, cette usine à gaz fera en fait des 600 entreprises françaises et des 140 filiales de grands groupes français installés en Côte d’Ivoire les bénéficiaires prioritaires d’une manne exorbitante. Ces entreprises, qui pèsent plus de 30 % du PIB ivoirien, pourront aussi compter sur la sollicitude du nouveau régime, pressé d’instaurer un climat favorable aux affaires. Le 8 décembre, devant des diplomates, Alassane Ouattara se réjouissait des projections du FMI, qui table sur 8,5 % de croissance en 2012. Le président ivoirien faisait miroiter, au passage, des « opportunités d’autant plus intéressantes que le pays va disposer d’un nouveau code des investissements très incitatif ». De quoi faciliter la vie à ceux qui veulent « ramener du pognon ».

R.M.
http://www.humanite.fr/monde/les-legislatives-ont-ete-boudees-par-les-electeurs-485790

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