Marc Dossa dans Nord Sud |
Sauf pour ceux qui étaient exagérément optimistes ou qui ne maîtrisent pas l’histoire des votes en Côte d’Ivoire, le faible de taux de participation enregistré lors des législatives d’hier n’est guère surprenant.
Erreur pour ceux qui claironnent ou qui critiquent le manque d’engouement des électeurs autour des législatives ! Si ceux qui ont trop tôt entrepris de se réjouir du taux de participation relativement bas, doivent ranger leurs clarinettes, ceux qui sont critiques doivent, quant à eux, revoir leurs livres d’histoire sur les élections en Côte d’Ivoire. A titre de comparaison, le taux de participation lors des dernières législatives n’a guère dépassé les 35%. Il était de 32%.
Or, selon toute évidence, en dépit des lamentations des uns ou des cris de joie des autres, le taux de participation de ces législatives-ci devrait égaler, sinon dépasser celui de l’élection des députés en 2001. Et, au-delà de la Côte d’Ivoire, le taux de participation aux élections présidentielles, législatives, sénatoriales ou cantonales, en France, a toujours évolué en dents de scie. Si pour la présidentielle de 2007, le taux de participation avoisinait les 86%, les Français, lors des élections locales, ne se sont guère bousculés.
Aux législatives, on les estimait à 60%. Aux cantonales, les Français ont encore boudé puisque le taux de participation n’était que de 36%. Toujours au chapitre des comparaisons, les dernières législatives dans certains pays de la sous-région, n’ont pas donné de meilleurs résultats en terme de taux de partici pation : Bénin, en avril 2010, moins de 50% ; au Mali, en 2006, 33% ; au Sénégal en 2004, 24%. Mais, loin de cette comparaison, il est bon de rappeler le contexte dans lequel surviennent ces législatives, organisées, hier.
C’est après des affrontements armés d’une rare violence qui ont occasionné 3000 morts et provoqué le déplacement d’environ un million de citoyens ivoiriens que ce scrutin a été organisé. Il ne faudrait donc pas minimiser l’impact de la grave crise que le pays a connue sur les législatives. Mis, bout à bout avec le processus de désignation des candidats à l’intérieur des partis politiques puis avec le fait que ces élections surviennent dans une période de fête très prisée par les Ivoiriens, le miracle était quasi-impossible.
En réalité, c’est un vrai défi que le nouveau chef de l’Etat, Alassane Ouattara et l’ensemble de son gouvernement, tenaient à relever. Pour eux, il s’agit, plus que tout, de doter le pays d’une institution-clé pour mieux accompagner le processus de normalisation. Le choix à faire était, soit de suivre la Guinée dans ses tergiversations (alors que le pays a organisé sa présidentielle avant la Côte d’Ivoire, il peine à tenir son scrutin législatif), soit de donner un sérieux coup de barre au processus de retour à la normalité.
L’argument selon lequel c’est le boycott du Front populaire ivoirien (Fpi) qui justifierait le manque d’engouement, est loin d’être solide puisque depuis le 23 novembre dernier, nous annoncions que le taux de participation ne sera pas du tout élevé. « Ce qui guette le 11 décembre », avions-nous déjà alerté à la Une de Nord-Sud Quotidien. « Les législatives ne mobilisent jamais autant que la présidentielle », a rectifié le ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko.
Cette précision venait donner un écho plus large aux propos optimistes du président de la Commission électorale indépendante (Cei), Youssouf Bakayoko qui, par-dessus tout, n’a pas manqué de relever le climat apaisé dans lequel le scrutin s’est déroulé. « Ces élections se passent dans un climat de paix, dans un climat rassurant pour les électeurs et pour les candidats », a-t-il souligné, après avoir visité quelques bureaux de vote.
Marc Dossa
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