A trois jours d’un nouveau scrutin en Côte d’Ivoire, les revenus du cacao, la principale ressource du pays, déclinent dangereusement. Les cours sont au plus bas depuis fin 2008.
Les planteurs ivoiriens ont vraiment de quoi être déçus par les prix du cacao cette année. Le prix du kilo bord champ est descendu sous les 600 francs CFA. Parfois, il n’atteint pas 500 francs CFA, c’est-à-dire 75 centimes d’euro. L’an dernier, à la même période, les planteurs en recevaient près de 900 FCFA, soit près de 1,3 euro ! En Côte d’Ivoire, le prix payé au producteur est le reflet du prix mondial du cacao puisqu’il n’y a pas encore de système de stabilisation dans le pays. Or, ce prix mondial est redescendu à son plus bas niveau depuis trois ans, c’est-à-dire depuis l’irruption de la crise financière, en 2008. De 2 400 livres sterling la tonne en mars dernier, le cours s’est effondré de 40%.
L’aggravation de la crise en Europe et aux Etats-Unis laisse présager une moindre consommation de chocolat dans ces zones, ce fut déjà le cas en 2008-2009. La production de cacao est très importante cette année grâce à l’influence bénéfique de la Niña sur le murissement des cabosses. C’est une surprise puisqu’on s’attendait à une mauvaise récolte du fait du manque de renouvellement des vergers. Il n’y aura donc pas de déficit mais un beau surplus mondial à l’issue de cette campagne, pronostique le Conseil international du cacao, ce qui fait baisser les cours.
Cette chute est d’autant plus violente que les inquiétudes sur la disponibilité de la production ivoirienne avaient maintenu les cours à des sommets jamais vus toute l’année dernière, depuis l’élection d’Alassane Ouattara. Le bras de fer avec son rival Laurent Gbagbo avait abouti à une menace de saisie des fèves de la part de l’un, à un embargo sur les exportations de fèves de la part de l’autre, puis à une interdiction d’importer en Europe prononcée par Bruxelles. Ce qui avait fait s’envoler les cours.
Par prudence, les industriels s’étaient alors couverts en achetant trois fois plus de contrats papier sur les marchés à terme. Aujourd’hui, ils les revendent, ce qui pèse sur les cours, alors que les investisseurs ont déjà déserté en masse les matières premières depuis l’été pour amortir leurs pertes sur les autres marchés financiers.
Source: RFI
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