Malgré le nombre important de ses cadres contraints à l’exil, d’autres en taule et son mentor Laurent Gbagbo à la Cpi , le Fpi n’entend pour autant pas mourir. Comme un naufragé, il entend survivre aux soubresauts et autres vagues voulant le noyer. En clair, bien que sous « perfusion », désargenté et décapité au niveau de ses bras valides, le Fpi n’entend pas se taire. Bien au contraire. Et c’est tout à fait légitime, pour un parti qui compte sur l’échiquier politique national et qui a conduit les rênes de ce pays, pendant des années. Avec les élections législatives prochaines, c’est juste pour demain, l’occasion est encore propice pour le Fpi, de se faire entendre de nouveau. De façon officielle, il se retire de ces élections, qu’il qualifie de parodie. Parce que loin d’être inclusives. La condition que ce parti avait posé, on s’en souvient, pour participer au jeu électoral, devant montrer à la face du monde, que la démocratie est significative dans cette Côte d’Ivoire, c’était la libération de ses cadres emprisonnés. Notamment, Gbagbo. Les frontistes ont été entendus avec la libération récente d’une vingtaine d’entre eux et peuvent entretenir l’espoir, grâce à une « magnanimité » de Ouattara, de voir Affi et autres, sortir de leurs lointaines geôles. Pour Gbagbo, brandi comme la pièce non négociable, par contre, il ne faut plus rien espérer du pouvoir, avec son envoi à la Haye. C’est de là, que la dose d’adrénaline, est montée davantage au Front populaire ivoirien, qui estime avoir été trahi. La bande à Miaka Oureto, veut donc se venger. Il faut, au parti de Gbagbo, porter un coup dur aux nouvelles autorités, en sanctionnant ces élections législatives, d’un faible taux de participation. Ce, pour montrer que ces législatives, sont loin d’être conformes à la perception, d’une importante frange de la population ivoirienne. Et que le jeu démocratique, n’en est pas encore un, dans ce pays. Il faut absolument « cassé un bras » au pouvoir Ouattara, aux yeux duquel, ces législatives constituent un important baromètre. Un important baromètre pour un pays qui se veut sérieux et fortement attaché à l’expression plurielle. Le message du Fpi, signé de Laurent Akoun, son sécrétaire général et porte-parole, est édifiant de sa volonté de frapper ces élections, d’un fort taux d’abstention. Et donc, de les rendre peu crédibles, aux yeux des observateurs mondiaux. « Législatives du 11 décembre 2011, camarade, tu n’es pas concerné, reste chez toi ». Voilà le message. Mais c’est justement dans le libellé de ce message, que se trouve le risque énorme que prend le Fpi, qui négocie lui-même, un important virage de sa crédibilité.
Le gros pari…
Un important baromètre, pour jauger lui-même, de sa popularité. Si le Fpi était suivi dans sa position, par ses militants et ils sont nombreux, ce serait absolument une grosse victoire politique pour lui. Une victoire pour démontrer aux yeux de tous, qu’il est loin d’être minoritaire, comme ses adversaires se plaisent à le dire. Et cela peut le relancer véritablement. Le sortir du creux de la vague où il se trouve actuellement et faire douter le Rhdp, voulant l’enterrer. On le voit, le Fpi se trouve aujourd’hui dans la posture qu’avait Bédié, à l’occasion du second tour de l’élection présidentielle passée. On se souvient que l’appel du sphinx de Daoukro, invitant ses partisans du Pdci à voter pour le cheval du Rdr, a été fatal à Gbagbo et aux siens. Un appel qui avait déroulé le tapis royal à Alassane Ouattara. En clair, l’appel de Bédié avait été gagnant. Cela lui avait valu le manteau de faiseur de roi et une relance sur le plan politique. Alors que beaucoup, même dans son propre camp, à tort ou à raison, le croyaient fini. D’où même des velléités de succession qui ne se faisaient plus discrètes. Bédié est aujourd’hui incontournable. C’était un grand risque qu’il avait pris, en appelant ses militants à voter Ouattara. S’il avait échoué, il aurait là, signé son arrêt définitif de mort politique. Mais Bédié est sorti « vivant » de ce défi. Le Fpi se trouve à présent à son tour, dans la même position, lorsqu’il demande aux populations, notamment à ses militants, de boycotter les législatives. Le défi est majeur et le risque est gros. Mais les « Frontistes » ont décidé de faire le pari de leur crédibilité et de leur popularité. Vaincre ou périr. L’histoire est un témoignage et attendons de voir.
KIKIE Ahou Nazaire
Soir Info
Commentaires Facebook