Campagne électorale pour les législatives: C’est mal parti

Djédjé Mady l’avait craint, et a tiré la sonnette d’alarme avant l’entame de la campagne pour les élections législatives. Au cours d’une conférence de presse le jeudi 1er décembre dernier, le président du directoire du Rhdp a souligné que « des informations récurrentes font état de risques de perturbation et de violence au cours du déroulement du scrutin. Il nous est rapporté la bastonnade de certains candidats en précampagne et que des forces de l’ordre prennent fait et cause pour d’autres ». Les faits tels que rapportés par la presse depuis le début de la campagne pour les législatives, donnent raison à Djédjé Mady, lui-même candidat à Saïoua, et victime d’intimidation dans sa région natale. En clair, la campagne électorale pour le scrutin du 11 décembre prochain semble mal partie. Si ce ne sont pas des candidats qui sont menacés dans leur intégrité physique, ce sont les militants qui sont tabassés, ou les affiches déchirées, ou encore des Qg de campagne saccagés. Le fait le plus récent, en tout cas jusqu’à ce que nous mettions sous presse, nous a été rapporté hier mardi 06 décembre. Le candidat indépendant Sako Mamadou, engagé dans la bataille à Touba, a vu ses militants tabassés et son QG de campagne saccagé par des individus reconnus comme des militants du Rdr. Avant Touba, le cas du candidat indépendant Joël Poté dans la région de Sassandra, est tout aussi éloquent pour traduire la violence pendant cette campagne électorale. Le candidat Poté a été tabassé par des individus armés, identifiés comme des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci). Celles-ci lui reprochent de détenir des armes qu’il cacherait dans un lieu sûr. A Bassam, les militants du secrétaire départemental du Rdr et candidat officiel du parti se sont affrontés le week-end dernier, avec ceux du secrétaire communal du même parti, Koné Moussa Seydou, et candidat indépendant. On a déploré des blessés. La violence tend donc à être érigée comme mode d’expression pendant ces joutes électorales. Tout semble dire qu’on n’a tiré aucune leçon de la douloureuse crise post-électorale née de la présidentielle de novembre dernier, où l’on a dénombré officiellement 3000 morts. Cette violence, il faut le noter, est bien souvent entretenue par les acteurs politiques eux-mêmes. Certains responsables de partis politiques n’ont pas hésité à traiter les candidats indépendants sortis de leur rang de « voyous », les livrant ainsi à la vindicte des militants sur le terrain. Ces responsables politiques ne devraient donc pas être étonnés des violences actuelles dont sont victimes les candidats indépendants. De plus, la campagne électorale tend à se transformer en une espèce de foire aux injures et autres menaces. Là où les populations attendent les programmes et autres actions que les futurs députés s’engagent à mener pour elles s’ils sont élus, il leur est servi des menaces et propos outrageants dans le style « nous allons tout brûler si… ». Des déclarations qui ne présagent pas d’une ambiance sereine pendant ce processus électoral. Le « personne sauf moi » ou « la victoire absolument » que certaines grosses têtes de la politique ivoirienne engagées dans la course au Parlement se sont donné comme leitmotiv n’augure rien de bon, s’ils n’annoncent pas des contestations des résultats. Par ailleurs, la campagne électorale manque de chaleur. Le cortège de certains candidats passent inaperçu, et des meetings sont tenus devant des chaises vides. Le week-en dernier, des candidats se sont surpris à défendre leur candidature face à un maigre public. Signe que les Ivoiriens, qui ont encore en mémoire la calvaire vécu pendant les dernières élections présidentielles, montrent très peu d’intérêt pour l’élection des députés. Le risque, c’est que le taux de participation pourrait être très bas. « Il nous faut donc aller à ces élections dans le respect des uns et des autres et nous disposer à respecter le résultat des urnes », avait souhaité Djédjé Mady.

Hamadou ZIAO
L’Inter

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