Si j’étais Gbagbo et que j’étais traduit devant la CPI à La Haye, je demanderais que Mangou Philippe, Kassaraté, Brédou Bia viennent témoigner aux cotés de Dogbo Blé. Je demanderais à mes avocats de leur dire de produire des preuves d’ordre formelle et express que j’aurais donnée pour inciter au viol, au meurtre massif d’un groupe de populations ciblées en fonction de leurs ethnies et de leurs convictions religieuses.
Si j’étais Laurent Gbagbo, je ferai convoquer à la barre Paul Yao Ndré pour qu’il certifie avoir bel et bien dit en toute liberté que je suis le vainqueur et le président de la République. Mes avocats lui demanderont si j’ai fait des pressions directes sur lui. Je convoquerai aussi l’institut de sondage Euro RSCG pour qu’ils viennent expliquer la nature des sondages me donnant tous gagnant ?
Si j’étais Laurent Gbagbo, je serais serein parce-que durant toute la crise, je n’ai jamais incité à la haine. Je n’ai pas planifié d’attaques. Au contraire j’ai été toujours sur la défensive et constamment sous attaques depuis mon installation au Palais en octobre 2000, en répondant aux offensives et aux provocations de Ouattara (RDR) et de Soro. Yao Ndré m’ayant déclaré vainqueur, que devais-je faire? Je note qu’à ce jour Yao Ndré n’a pas été poursuivi pour m’avoir déclaré vainqueur. Son mea-culpa ne vaut-il pas pour moi ? Si on ne lui fait pas de procès, pourquoi affirme-t-on que j’aurais dû dire non à Yao Ndré ? Ce que Ouattara n’a pas osé, cédant au piège de se faire investir par le même Paul possédé par Satan….
Si j’étais Laurent Gbagbo, je reconnaitrais enfin devant la Cour que Ouattara est désormais le président de mon pays. Président d’abord de fait et de jure. Par la force et par le droit. Je le reconnaitrais, non parce-qu’il a effectivement gagné, mais parce-que le Conseil constitutionnel l’a déclaré vainqueur. Et j’invoquerais alors ceci pour ma défense: « c’est le 5 mai 2011 que Yao Ndré a proclamé Ouattara vainqueur. Avant cette date, moi j’ai été proclamé vainqueur. Si c’est la parole et l’action de Yao Ndré qui sont valables alors mon pouvoir était bel et bien valable et légitime jusqu’au 5 mai dernier. Certes Yao Ndré dit que tout ce que Ouattara a fait avant est valide. Mais quand le dit-il? Le 5 Mai ! Mais avant qu’il l’ait dit, c’est moi qui était dans le vrai. »
Si j’étais Laurent Gbagbo, je parlerais et je dirais que Ouattara a posé des actes qui du point de vue juridique et constitutionnel ne justifient point que je sois maintenu en prison.
Si j’étais Laurent Gbagbo, je rappellerai qu’à la date du 04 Avril 2011, alors qu’il y avait déjà près de deux mille victimes, Ouattara annonçait encore des garanties indiquant que je ne serai pas poursuivi si je renonçais au pouvoir. J’expliquerais qu’il n’y a en fait rien à me reprocher. J’ajouterais aussi la dernière sortie de Guillaume Soro disant que mon transferement à la Haye, est lié à mon intransigeance, à mon refus de repentance. Ainsi donc si j’avais fait acte de repentance, je ne viendrais pas à la CPI.
Hélas, je ne suis pas Laurent Gbagbo.
Je suis une simple intellectuelle qui observe la vie sociopolitique de mon pays la Côte-d’ivoire, hier colonie francaise aujourd’hui « Libre et indépendante ».
Hélas certes, mais aussi heureusement !
A suivre…
Djenéba T.
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