La campagne pour les législatives en Côte d’Ivoire a débuté le samedi 3 décembre dernier. Une semaine durant, les candidats à l’hémicycle iront à la conquête de l’électorat, et comme à l’accoutumée, chacun battra le pavé dans son fief. Mais, contrairement aux consultations précédentes, la campagne actuelle se mène dans une totale indifférence des populations qui, selon toute vraisemblance, paraissent plus préoccupées par leur quotidien. Pas de foule en liesse qui accueille les candidats comme ce fut le cas lors de la campagne ayant conduit à l’élection du président Ouattara, avec toutes les péripéties que l’on connaît. Le peuple n’a plus confiance aux hommes politiques. Il ne veut plus se laisser conter fleurette. Et ce désintérêt dont il fait montre est la preuve patente d’une grande fracture entre les dirigeants et les masses. En fait, on se demande d’ailleurs si l’heure était actuellement propice à des élections en Côte d’Ivoire, d’autant que le pays sort à peine d’une grave crise sociopolitique qui l’aura tant supplicié, et qui, à dire vrai, a renforcé la méfiance et la division entre les héritiers de Houphouët-Boigny. En tout cas, on a beau nous répéter que la tenue des législatives en Côte d’Ivoire est une prescription de l’Accord politique de Ouagadougou qu’il faillait nécessairement respecter, mais on se demande quel cachet aura ce scrutin si, au soir du 11 décembre prochain, on se rend compte que le taux de participation est fichtrement faible. Quelle légitimité aura un parlement élu par un dixième de la population ? En vérité, on aurait pu déroger un peu à la règle, étant entendu que les choses à un moment donné, se sont compliquées en Côte d’Ivoire. Il y avait lieu de repousser ces échéances, et une fois la confiance retrouvée, on convoque le peuple aux urnes pour se prononcer sur le choix de ses représentants. Mais voilà, le sensationnel a pris le pas sur la raison, tant et si bien que la campagne qui, habituellement est effervescente, se mène dans un climat de morosité. Jamais la Côte d’Ivoire n’aura connu une campagne aussi terne et morne. Sans doute que les militants du Front populaire ivoirien (FPI) applaudiront et riront sous cape, eux qui se sont fait courtiser comme une femme pour in fine, se refuser toute participation au scrutin. Peut-être que si les militants de ce méga parti en décadence, qui s’étaient présentés en candidats indépendants avant le transfèrement de leur mentor Gbagbo à la CPI, étaient toujours en lice, l’engouement serait au rendez-vous. Malheureusement, ce n’est pas le cas puisque la présente campagne se mène entre alliés, et donc sans saveur.
Boundi OUOBA
Le Pays
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