Les recommandations de la Ligue Ivoirienne des Droits de l’Homme (LIDHO)
Dans cette déclaration ci-dessous, la Ligue Ivoirienne des Droits de l’Homme revient sur le transfèrement de Laurent Gbagbo à La Haye et fait des recommandations pour une sortie de crise durable.
I. LES FAITS
Le mardi 29 novembre 2011, Monsieur Laurent Gbagbo, ex président de la Côte d’Ivoire, a été transféré à la Cour Pénale Internationale, par les autorités ivoiriennes en exécution d’un mandat d’arrêt délivré par la chambre III de ladite Cour, le 23 novembre 2011. Selon les termes du communiqué de presse émanant des services du Procureur de la Cour Pénale Ivoirienne, « Laurent Gbagbo aurait engagé sa responsabilité pénale individuelle en tant que coauteur indirect pour les chefs d’accusation de crimes contre l’humanité à raison de meurtres, de viols et d’autres violences sexuelles, d’actes de persécutions et d’autres actes inhumains, qui auraient été perpétrés dans le contexte des violences postélectorales survenues sur le territoire de la Côte d’Ivoire entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011.
II. ANALYSE
La LIDHO constate que suite aux graves violations des droits de l’homme qui ont marqué les lendemains du second tour de l’élection présidentielle du 28 novembre 2011, environ 120 personnes, toutes proches de l’ex Président Laurent Gbagbo, ont été inculpées. La LIDHO observe que le transfèrement de Monsieur Laurent Gbagbo à la Cour Pénale Internationale s’inscrit dans le cadre des poursuites judiciaires engagées contre les auteurs présumés des violences consécutives à l’élection présidentielle du 28 Novembre 2011. LA LIDHO constate que cet acte traduit la volonté des autorités judicaires de la Côte d’Ivoire et la Cour Pénale Internationale de mettre fin à l’impunité et donner droit à toutes les requêtes en réparation introduites par les victimes de cette crise.
LA LIDHO observe cependant que la promesse faite par les autorités politiques de Côte d’Ivoire de faire droit à une justice impartiale, une justice équitable, tarde à prendre véritablement forme. La LIDHO se désole ainsi de ce qu’en dépit des interpellations des organisations de défense des droits de l’homme, les autorités judiciaires de la Côte d’Ivoire rechignent à étendre les inculpations aux pro-Ouattara soupçonnés de graves violations des droits de l’homme. La LIDHO voudrait toutefois croire que ce transfèrement traduit l’amorce d’un processus irréversible de lutte contre l’impunité qui devrait légitimement conduire à l’inculpation de toutes les personnes suspectées de s’être rendues coupables de graves violations des droits de l’homme à la faveur de cette crise, sans considération d’appartenance ni de niveau de responsabilité politique.
III. RECOMMANDATIONS :
Au regard de ce qui précède, la LIDHO voudrait faire ci-devant ces recommandations aux autorités judiciaires de Côte d’Ivoire et à la Cour Pénale Internationale :
– Faire remonter les enquêtes sur les violations des droits de l’homme en Côte d’Ivoire aux évènements graves de 2002, 2004, 2007 ;
– Etendre les inculpations aux pro-Ouattara dont de nombreux rapports suggèrent une implication avérée dans les graves violations des droits de l’homme commises à la faveur de cette crise.
Fait à Abidjan le 30 novembre 2011
Le Président par Intérim de la LIDHO
M. HOKOU Légré René
* Titre J-ci.net
Commentaires Facebook