Redoutée – La dévaluation du Franc Cfa de plus en plus probable

Hier hypothèse ou rumeur, la dévaluation du Franc Cfa devient de plus en plus que probable. Redoutée par les populations de la zone UEMOA et CEMAC, la dévaluation est bien vue des autorités ivoiriennes. « La dévaluation n’est pas une catastrophe », a estimé Albert Mabri Toikeusse, ministre d’Etat du plan et du développement ivoirien, selon une dépêche de l’Agence Ivoirienne de presse (AIP).

« La dévaluation est un instrument dont les communautés disposent pour la gestion de leur monnaie et permettre aux pays de se relancer » s’est justifié M. Toikeusse, invité des « Matinales du gouvernement », la rencontre d’information et d’échanges avec la presse du centre d’information et de communication gouvernementale (CIGG). « Aussi, souligne-t-il, la dévaluation se prépare, et quand elle est suivie, il y a des retombées ».

Le ministre d’Etat Toikeuse a toutefois ajouté qu’il n’y aura pas de dévaluation du francs CFA en 2012.

Reste à savoir s’il ne s’agit pas d’une stratégie de communication. Un ballon d’essai pour voir la réaction de l’opinion. Notre Voie, quotidien proche du Front populaire ivoirien (FPI), est le premier à parler d’une possible dévaluation du Franc Cfa en janvier 2012. Selon ce journal anti-Ouattara, telle était le but de la visite de la tournée du Président ivoirien dans les pays de l’UEMOA la semaine dernière pour annoncer la nouvelle aux autres dirigeants. La Côte d’Ivoire est le poumon économique de la zone CFA et désigne le gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest.

La question de la dévaluation est tout de même un sentiment partagé par de nombreux économistes en Afrique. Le CFA est jugé trop fort pour les économies de la zone et obère les exportations de leurs industries tout en les réduisant à des pays importateurs. Son arrimage à l’Euro n’est d’ailleurs pas pour favoriser la situation. Conséquence : il y a une politique de gestion monétariste comme l’applique la Banque centrale européenne (BCE) pour une économie fortement rurale. Beaucoup d’économistes africains parlent de décrochage du Cfa par rapport à l’Euro. Le Togolais Kako Nubukpo a écrit L’improvisation économique en zone, un essai retentissant en ce sens. On peut également écouter son intervention sur RFI.

Au cours du colloque de la Fondation Pax Africana en mai 2011 à Lomé, Kako Nubukpo a carrément demandé de couper le cordon ombilical qui lie le CFA au trésor public français. En gros de mettre fin à cette sujétion néocoloniale que la France impose aux Africains en gérant leur monnaie à leur place. Le Trésor public français est garant de la convertibilité du CFA. Il s’agit donc d’une question de souveraineté nationale. Et en plus la suppression de cette garantie ramènera plusieurs milliers de milliards Cfa, actuellement détenus par le trésor public de France, pour renflouer les circuits financiers des Etats africains.

Si le décrochage du CFA de l’Euro et la suppression de la garantie de convertibilité du Cfa par le trésor public français se produisent, il y aura forcément dévaluation de la monnaie communautaire.

Cependant selon d’autres économistes, « la dévaluation n’a pas lieu d’être ». « Pourquoi ? L’économie de la zone est en bonne forme. Est-ce qu’on a demandé de dévaluer l’Euro ? », a dit cet homme politique à MO5.

En attendant janvier 2012 pour voir ce qu’il en retourne, le débat est lancé.

Source: Mo5-togo.com

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