Les élections en R.D. Congo perturbées par des violences

KINSHASA (Reuters) – Plusieurs cas de violences meurtrières ont perturbé lundi le déroulement des élections dans la République démocratique du Congo (RDC) où 32 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour la deuxième présidentielle depuis la guerre de 1998-2003.
Des hommes armés et masqués ont attaqué un bureau de vote dans le province du Katanga dans le sud du pays et trois des assaillants ont été abattus par les forces de l’ordre.

FINBARR O'REILLY/Reuters

 

« Trois personnes ont été tuées, sept autres arrêtées et cinq se sont rendues après avoir été encerclées par l’armée », a dit à Reuters Moïse Katumbi, gouverneur de la province minière du Katanga.
Trois autres bureaux de vote ont été incendiés par des habitants dans le Kasai occidental, province voisine où l’opposition au président Joseph Kabila est forte, a annoncé François Badibanga, porte-parole du Renosec, comité de surveillance des élections.
Une observatrice électorale a été grièvement blessée à la suite d’une émeute liée au scrutin et se trouve actuellement entre la vie et la mort, a-t-il ajouté.
Outre la confusion provoquée parmi les électeurs, ces violences risquent d’alimenter la contestation lors de la publication des résultats, notamment entre Kabila et son principal rival Etienne Tshisekedi.
Dans le reste du pays, les élections législatives et présidentielle se sont déroulées dans le calme, et la capitale Kinshasa, théâtre de violents heurts entre camps rivaux qui ont fait au moins deux morts samedi, était calme.
Le président Kabila est favori à sa propre succession face à une opposition divisée et malgré des progrès économiques limités. Pas moins de 18.500 candidats briguent les 500 sièges du Parlement et Joseph Kabila, fils de feu Laurent-Désiré Kabila, aura dix adversaires face à lui.
Les bureaux de vote ont ouvert à 06h00 (05h00 GMT) et les premiers résultats sont attendus le 6 décembre.
CASSE-TÊTE LOGISTIQUE
Le scrutin, dans ce pays vaste et par endroits instable, constitue un casse-tête logistique mais les autorités assurent que les difficultés seront surmontées.
Des hélicoptères venus d’Afrique du Sud et d’Angola ont continué cette semaine d’acheminer le matériel électoral dans des zones parfois accessibles uniquement par pirogue ou par la brousse.
A Kinshasa même, des électeurs se plaignent de la confusion qui règne, ne sachant pas où ils devront déposer leur bulletin.
Nombre de spécialistes prédisent un report ou un vote étalé sur plusieurs jours, à moins d’une participation très faible.
Joseph Kabila, qui a accédé au pouvoir après l’assassinat de son père en 2001 et remporté l’élection présidentielle en 2006, divise les 71 millions de Congolais.
Certains lui savent gré d’avoir unifié le pays après la guerre et ses millions de morts mais d’autres jugent qu’il n’a pas fait reculer la corruption. Il reste néanmoins le favori aux yeux de la plupart des observateurs.
Discret et taciturne, âgé de 40 ans, il a réussi à conserver le soutien de puissances étrangères et à se réconcilier avec le Rwanda. Sur le plan intérieur, il a passé des alliances qui ont consolidé son pouvoir.
Le Parlement a approuvé une réforme constitutionnelle qui l’avantage, transformant la présidentielle en scrutin à un seul tour, à la majorité relative.
Les figures de l’opposition ne sont en outre pas parvenues à s’entendre sur un candidat commun malgré de longues négociations.
« L’OPPOSITION SERA BATTUE »
Kabila devrait l’emporter nettement dans le Katanga, fief de son père. Interrogé le mois dernier sur le résultat de l’élection, il a répondu avec une concision toute personnelle: « Divisée ou non, l’opposition sera battue. »
Vital Kamerhe, ancien ministre de Kabila et grand artisan de sa victoire en 2006, est considéré comme l’opposant ayant mené la campagne la plus professionnelle. Il est très populaire aux Nord et Sud-Kivu, d’où il est originaire et où la population en veut au président pour n’avoir pas ramené la paix.
Deux anciens ministres de l’ex-président Mobutu Sese Seko sont également candidats, à près de 80 ans.
L’un des fils du maréchal qui a régné durant 31 ans, François-Joseph Nzanga Mobutu, se présente pour la deuxième fois. Âgé de 41 ans, il veut profiter de la nostalgie du Zaïre de Mobutu.
A 78 ans, Etienne Tshisekedi, opposant historique de Mobutu, brigue lui aussi la présidence. Il avait boycotté le précédent scrutin en dénonçant des fraudes.
Sa campagne a démarré tard mais a gagné en puissance au fur et à mesure qu’elle s’étendait aux régions occidentales anti-Kabila et il tend aujourd’hui à concentrer l’opposition au chef de l’Etat.
Clément Guillou, Jean-Stéphane Brosse et Marine Pennetier pour le service français, édité par Gilles Trequesser

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