Congo – La tension monte à 24H de la présidentielle et des législatives

KINSHASA (Reuters) – Le principal opposant au président Joseph Kabila a été empêché d’organiser un rassemblement électoral à Kinshasa alors que deux personnes sont mortes dans des incidents entre partisans de camps rivaux à deux jours des élections présidentielle et législatives en République démocratique du Congo (RDC).
Etienne Tshisekedi, 78 ans, et ses proches ont été bloqués hier, par la police à l’aéroport N’djili de Kinshasa en milieu de journée à leur retour de province pour tenir un meeting dans la capitale.

L’entourage du candidat avait fait savoir auparavant qu’il entendait maintenir son rassemblement électoral malgré l’interdiction des autorités.
« J’appelle la population de Kinshasa à venir ici », a déclaré le candidat assis dans un Hummer rouge. « Les morts se comptent par milliers, nous n’allons pas laisser notre combat être arrêté par quelques blessés », a-t-il ajouté en référence à l’insécurité et la pauvreté dont il accuse le gouvernement de Kabila d’être responsable.
Le président Joseph Kabila, favori du scrutin présidentiel, et ses deux principaux rivaux, Etienne Tshisekedi et Vital Kamerhe, devaient tous participer samedi à des meetings électoraux à quelques centaines de mètres les uns des autres.

Prié de confirmer l’interdiction des manifestations politiques, Jean de Dieu Oleko, chef de la police de Kinshasa, a déclaré à Reuters: « Oui, toutes. »
Dans ce contexte de tensions, au moins une personne est morte, a-t-on appris auprès d’une source interne aux Nations unies, citant des responsables médicaux et les services de sécurité. Ni ce décès ni les circonstances dans lesquelles il serait survenu n’ont été officiellement confirmés.

Un journaliste de Reuters a vu un corps sans vie sur la route menant à l’aéroport, où Etienne Tshisekedi était attendu en provenance de la province.

La police anti-émeute a fait usage de grenades lacrymogènes pour disperser un rassemblement politique dans le centre de Kinshasa et une personne a été blessée lorsque des membres de la garde présidentielle ont ouvert le feu pour éloigner des partisans de l’opposition des abords de l’aéroport, ont rapporté des journalistes de Reuters.
Cette élection présidentielle est la deuxième en RDC depuis la fin de la guerre civile, qui, de 1998 à 2003, a fait des millions de morts.

Son organisation constitue un défi logistique et on ignore si tous les bulletins pourront être acheminés à temps dans les 60.000 bureaux de vote de ce vaste pays d’Afrique centrale.

Etienne Tshisekedi s’est dit prêt à accepter un report du scrutin à condition que soit limogé le président de la commission électorale, Daniel Ngoy Mulunda, qu’il accuse de partialité en faveur de Joseph Kabila.

Bertrand Boucey pour le service français

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