L’Inter
C’est le désamour total avec les populations. On pourrait même dire qu’une haine de chien et chat sous-tend désormais leur relation. Les chasseurs traditionnels originaires du nord de la Côte d’Ivoire, communément appelés « dozos » ne sont en effet plus en odeur de sainteté avec les populations hotes qui les ont accueillis dans différentes localités du pays. Un seul regard sur l’actualité de ces dernières semaines suffit pour constater que ces supplétifs des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) au plus fort de la guerre post-électorale, font face à des révoltes populaires tous azimuts. Pour coller aux faits récents, le mardi 22 novembre dernier à Batéguédia, une localité située dans le département de Daloa, un affrontement entre dozos et populations a fait 4 morts. Les chasseurs traditionnels s’érigeant en justicier pour voler au secours d’une victime de vol, se sont heurtés au refus des jeunes du village. Ces soldats de fortune n’ont pas sourcillé pour faire usage de leurs armes, tuant des civils. Même scénario à Drayo Dagnoa, village de la sous-préfecture de Ouragahio dans la nuit du dimanche 20 au lundi 21 novembre dernier. Là encore, les jeunes du village se sont opposés à une intervention des dozos, qui répondaient à la sollicitation d’une habitante pour régler des comptes. L’affrontement a tourné en défaveur des chasseurs traditionnels, dont un membre a été tailladé à la machette. Les dozos ont été sommés de quitter le village, d’où ils sont partis sous escorte de la Gendarmerie et des Frci. Le jeudi 17 novembre, c’était la sous-préfecture d’Ebilassokro, à 45 km d’Abengourou qui vivait son épisode de violence entre dozos et populations. Les soldats mystiques ont été pris à partie par des jeunes du village qui les ont désarmés et dépouillé de leurs gris-gris. A l’ouest, précisément dans la région du Moyen Cavally, la situation est beaucoup plus critique. Les populations et les chasseurs traditionnels ne s’apprécient pas du tout. « On s’apprêtait à aller à la mairie quand on a appris que ce sont les dozos qui assurent la sécurité de la cérémonie. Ne voulant pas avoir affaire à eux, nous avons préféré rester chez nous. On ne comprend pas que malgré le retour des Forces républicaines (FRCI) et de la gendarmerie, on continue de laisser ces gens-là se promener dans la ville avec leurs armes», avait souligné récemment un membre de la chefferie traditionnelle à Duékoué, lors du passage dans cette ville de la caravane des arts et de la culture pour la réconciliation. Signe que l’inimitié est grande entre les deux groupes. «Le dozo est un adepte et militant des valeurs morales. Ceux qui ne supportent pas notre présence ici se reprochent des choses. La zone de l’Ouest est une zone à haut risque, au point où malgré la présence des Frci, l’insécurité est encore palpable. Notre présence ici vise à appuyer les Frci. Nous savons combien de fois les armes ont circulé ici. Et malheureusement jusqu’ici, malgré les appels à déposer les armes lancés par les autorités, ceux qui ont été armés pendant la crise n’ont jamais daigné s’exécuter. C’est pourquoi, nous aussi, nous sommes sur nos gardes»,a repliqué un membre de la confrérie des dozos. Chacun est donc sur ses gardes. Cette situation explosive nécessite que les autorités compétentes prennent des mesures. Si l’engagement des chasseurs traditionnels dans la crise post-électorale a été un soutien réel pour les Frci, il importe qu’avec le retour à la normalité, le statut des dozos soit clairement défini. Sont-ils des forces militaires ou des agents de sécurité ? Sont-ils simplement des chasseurs traditionnels ? Doivent-ils être intégrés aux Frci ? Autant de questions auxquelles il faudra trouver des réponses claires. En attendant, les dozos continuent de subir le courroux des populations, excédées par leurs interventions dans leurs affaires.
Hamadou ZIAO
L’Inter
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