La semaine dernière, sortant d’une audience avec le représentant spécial en Côte d’Ivoire du Sg de l’ONU, le président de Lider, Mamadou Koulibaly, avait affirmé que les candidats du RHDP avaient été financés à hauteur de 4 millions de FCFA chacun. Le Sg par intérim du Rdr avait démenti l’information avec véhémence. Interrogé par L’Intelligent d’Abidjan, Amadou Soumahoro avait affirmé que la somme de 4 millions de FCFA était dérisoire. Selon lui, si le Rdr et le président Alassane Ouattara devaient financer leurs candidats aux législatives, ce ne serait pas à moins de 20 millions de FCFA par candidat et non 4 millions de FCFA, tels que révélés par Mamadou Koulibaly. Le président de Lider a raison à moitié. Amadou Soumahoro a tort à moitié. Mamadou Koulibaly a raison parce que les candidats RDR ont bel et bien reçu de l’argent. Ils ont perçu déjà un acompte de 2,5 millions de FCFA sur un total de 5 millions de FCFA à percevoir. En disant que c’est 4 millions de FCFA, le président de Lider a tort. Mais sur le fond, il semblait avoir la bonne information. Cette information serait venue de certains milieux RHDP qui narguaient les militants Lider, qui se plaignaient du manque de moyens. Le Sg par intérim du Rdr a raison, puisque ce n’est pas 4 millions de FCFA, mais plutôt 5 millions de FCFA. Même s’il n’a pas obtenu 20 millions par candidat comme il le souhaitait, Amadou Soumahoro gagne le pari du montant sur Mamadou Koulibaly. Toutefois, en niant avec véhémence l’information, le patron par intérim des républicains a eu tort. Pourquoi a-t-il fait cela ? Du côté du Pdci, de l’Udpci, et du Mfa, qui sont les autres alliés du Rdr au sein du RHDP, c’est l’omerta totale sur la question financière. Certes, des proches évoquent des possibilités de largesses du Président Alassane Ouattara en faveur de ses alliés. Toutefois, ils estiment que Ouattara ne peut pas se faire hara-kiri, en donnant aux adversaires des candidats du RDR les moyens financiers de battre ceux-ci. Selon eux, c’est, entre autres, les raisons pour lesquelles, le chef de l’Etat et le Rdr souhaitaient des candidatures consensuelles au sein du RHDP, même s’ils admettent finalement que la configuration actuelle n’est pas plus mal ; parce qu’elle stimule la concurrence et ouvre la compétition. Une situation qui est à même de booster le taux de participation, qui sera la grande attraction et l’un des principaux enjeux du scrutin du 11 décembre prochain.
Analyse et réactions sur les tendances financières
Cela dit, plusieurs observateurs notent que la somme totale de 5 millions de FCFA semble bien dérisoire. L’on apprend que plusieurs candidats du RDR, comptent mettre au moins 25 millions de FCFA dans la campagne électorale. Par exemple, pour la conquête de la commune du Plateau, des partisans de Zoumana Bakayoko et des hommes de main du maire Akossi Bendjo n’ont pas peur de parler d’un budget de 100 millions de FCFA. Selon eux, une défaite de Zoumana Bakayoko aux législatives du 11 Décembre prochain sonnera le glas des ambitions municipales et nationales du PCA de la SIR. A Treichville, Amy Toungara continue le porte-à-porte tout en restant à l’écoute des préoccupations des électeurs. Au niveau d’Agboville, Adama Bictogo a sorti une très lourde artillerie. Sur le plan financier, malgré la résistance de l’expert-comptable Edi René, le ministre de l’Intégration africaine est le candidat le plus solide. A Koumassi, Cissé Bakongo ne veut pas donner de répit à N’Dohi Raymond ni à Koulibaly Mamadou, et semble être très préparé et bien prêt. A Man, l’opération tornade de Bouraïma Diomandé, pour le compte de Sidiki Konaté est évaluée, à des dizaines de millions de FCFA. La contribution de 5 millions de FCFA du parti vient en appoint aux efforts personnels et individuels des candidats. Lors de la présidentielle 2010, malgré les moyens de l’Etat dont Laurent Gbagbo était censé pouvoir disposer, Alassane Ouattara et le RDR, apparemment bien organisés et préparés pour la circonstance, ne semblaient pas avoir fait piètre figure sur le plan financier, se permettant même de faire des dons équivalents, et même des dépenses plus élevées, que celles du candidat LMP dans certaines zones. Approchés par l’IA, des candidats et des partis politiques moins argentés que les autres, ont affirmé que les moyens financiers sont certes importants ; mais, selon eux, cela n’est pas suffisant (ni décisif) pour déterminer le choix et la conscience des électeurs. «L’équation personnelle des candidats, les réalités locales, ainsi que les contraintes du terrain peuvent jouer. Par exemple, des électeurs peuvent dire qu’ils ont choisi Ouattara et c’est cela l’essentiel. A Bouaké par exemple, ce sera difficile de faire comprendre aux militants du Rdr, que les candidats investis par le Rdr sont des imposteurs, et que Ouattara préfère Fatoumata Traoré et d’autres aux candidats de son parti», expliquent-ils.
Charles Kouassi
L’Intelligent d’Abidjan
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