ADO à l’école de la propagande de Goebbels – Un docteur toujours sans solutions

EVENEMENT 98
Par Yves De Séry

Cela fait aujourd’hui, un peu plus de sept mois que le président Laurent Gbagbo a été arrêté. Sept mois également qu’Alassane Ouattara est dans les habits de chef d’Etat de Côte d’ Ivoire. Précédé de la clameur entretenue par ses partisans locaux et autres soutiens extérieurs, le présentant comme l’homme de la situation, Ouattara a longtemps surfé sur cette vague déferlante pour en mettre plein la vue à tous. Et cela grâce à une bonne communication politique capable de transformer la bouse de cheval en pépites d’or. Sur cette base, et dès sa prise de pouvoir, le chef de l’Etat, soutenant que l’air était vicié à Abidjan du fait de l’occupation anarchique des trottoirs, a entrepris de les dégager sans ménagement aucun. C’est la ministre de la salubrité, Anne-Désirée Ouloto qui a été chargée de la sale besogne. Pour les besoins de la communication, c’est la célèbre rue princesse de Yopougon qui a été choisie pour lancer les graders et les pelleteuses à l’assaut de tous les espaces de détente et de distraction du coin. Ensuite, les principales rues de Cocody, de Treichville, Marcory, Koumassi etc. ont suivi. Mais alors que l’on croyait que le tout Abidjan serait débarrassé une fois pour toutes de ses échoppes et autres constructions anarchiques, voilà que subitement l’on découvre que des quartiers tels que Boribana et Abobo-gare, qui mériteraient que les bulldozers de dame Ouloto y jouent même les prolongations, ont été épargnés, brouillant ainsi la grille de lecture sur la question. Une politique du deux poids, deux mesures qui a fait rentrer, depuis lors, la belle Anne dans ses petits souliers, gênée aux entourloupes par l’hostilité des partisans d’Alassane Ouattara qui développent à fond le complexe d’ancien combattant vis-à-vis de ce dernier. Aujourd’hui si l’on devait dresser un bilan à mi-parcours de l’opération, il y aurait plus grise mine qu’hilarité. Car les petits opérateurs économiques qui aux premières heures ont été dégagés, sont revenus investir les mêmes rues abidjanaises à l’image de la rue princesse qui a commencé à renaitre de ses cendres. De là à dire que l’opération pilotée par la ministre de la salubrité a fait flop, il n’y a qu’un pas que les uns et les autres ont vite fait de franchir du reste. Sur la politique gouvernementale de l’emploi, les hagiographes du régime ne sont pas également mieux lotis. Car 7 mois après, la promesse électorale de créer un million d’emplois, prioritairement destinés aux jeunes, n’a toujours pas passé le stade de l’effet d’annonce. Pis, la spirale semble tourner dans le sens inverse avec notamment la suppression spectaculaire des emplois enregistrés ça et là. A l’Union générale des travailleurs de Côte d’Ivoire (UGTCI), le dégraissage des effectifs a, depuis belle lurette franchi la barre des 100.000 postes. Quand on a joute à cela les effets de l’annulation, par le nouveau régime de plusieurs concours d’entrée à la fonction publique organisés par l’administration Gbagbo, l’on a une belle idée du taux de chômage dans le pays qui vient ruiner toute l’abondante littérature produite sur cet autre chantier foireux du ‘’docteur Solution’’. L’école n’échappe pas à la mauvaise conjoncture. Après les résultats catastrophiques enregistrés aux différents examens scolaires à grand tirage, les parents d’élèves croyaient pouvoir souffler en cette rentrée scolaire avec le projet « d’école gratuite » cher, dit-on, au gouvernement. En lieu et place c’est l’inscription en ligne impérative qui est servie dans le secondaire public pendant que les frais d’inscription pour les affectés de l’Etat dans les établissements privés ont pris l’ascenseur. Pour leur part, les universités publiques, fermées depuis le 19 avril dernier, garderont leurs portes closes jusqu’en septembre 2012. C’est l’information donnée par le chef de l’Etat lui-même alors qu’il effectuait avant-hier, un déplacement en terre togolaise. Le tableau est tout aussi sombre aux plans sécuritaire, sanitaire et de la cherté de la vie. En effet, le taux de criminalité dans le pays est toujours aussi élevé qu’aux moments de braise de la crise post-électorale. Et cela malgré les assurances du ministre Hamed Bakayoko qui avait promis sécuriser le carré national dans un délai de trois mois. Au niveau de la santé, l’opération « soins gratuits » a tourné court parce que mal montée par ses concepteurs. Et la ministre Thérèse N’dri Yoman a beau s’égosiller, accusant le personnel de santé de saboter son affaire, les box à médicaments restent toujours vides au grand désarroi des patients et des médecins eux-mêmes. Le panier de la ménagère n’échappe pas à la galère ambiante. Les réductions annoncées sur les prix des principales denrées alimentaires sont du domaine de la légende quand ceux-ci ne vont pas à la hausse. Au regard de tout ce qui précède, et les différents éléments mis les uns dans les autres, font penser que Ouattara reste, après sept mois d’exercice, un docteur sans solution. En tout.

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Événement – analyse 98
Ouattara… et les promesses électorales ?
« Si vous dites des mensonges suffisamment gros et que vous persistez à les répéter, les gens finissent les croire vrais ». Cette réflexion est de Goebbels un ancien ministre allemand de la propagande. Je me demande aujourd’hui si une bonne partie des ivoiriens n’a pas été victime de l’une des plus grandes méprises de toute l’histoire de la Côte d’Ivoire. A l’épreuve du temps, il faut plaindre aujourd’hui Félix Houphouët Boigny. Il a été le premier à avoir pris toute la propagande autour de Dramane Ouattara pour argent comptant. Lui, un simple médecin agriculteur a fait connaitre à la Côte d’Ivoire ce qu’on a appelé le miracle ivoirien. Quand au soir de ses limites on lui a miroité le cv d’un économiste international, rompu aux arcanes des finances internationales, le vieux s’est mis a rêver à un second miracle avant de se retirer. Il quittera la vie humilié par les badauds dans les rues d’Abidjan scandant « Houphouët voleur ! » Alassane Ouattara son premier premier ministre en lieu et place d’une relance économique servait aux ivoiriens une politique économique d’austérité qui consacrait leur descente aux enfers avec l’avènement de la dévaluation.
Rentré dans l’opposition par la force des choses, Alassane Ouattara continuera d’être l’objet d’une grosse méprise. Alors qu’à cause de ses dehors d’homme civilisé, les ivoiriens espéraient qu’il mène une opposition constructive, l’homme s’est accoquiné avec la plus sauvages des rébellions de notre jeune histoire. Après avoir magnétisé toute l’attention des forces vives du pays sur sa personne et paralysé le fonctionnement normal des institutions ivoiriennes durant toute une décennie, le voilà enfin au pouvoir porté par un slogan qui en dit long sur ce qu’on devrait en réalité attendre de lui. En effet après tous les problèmes qu’il a semés sur son parcours politique en Côte d’Ivoire, le seul slogan qui pouvait vraiment le porter au pouvoir c’est « ADO solutions ». Il était temps qu’il nous propose des solutions pour remonter du gouffre. C’est à juste titre qu’une bonne frange de la population a cru en Dramane Ouattara qui leur disait durant sa campagne et je cite l’un des correspondants du président Laurent Gbagbo à travers notre journal, Doss Rabson : « je suis un docteur, je guérirai cet éléphant. J’ai des solutions, Je suis banquier ou économiste, J’ai un carnet d’adresse, Je ferai tomber des pluies de milliards en coupure de Dollars, Je construirai 5 universités en 5 ans. Je bâtirai 5 CHU en 5 ans. Je donnerai un emploi à chaque habitant majeur de ce pays qui en a besoin. J’enrayerai la corruption, Je tuerai le tribalisme, J’effacerai le favoritisme, Je gommerai la gabegie, J’éteindrai l’ethnocentrisme…»

Après plus 7 mois au pied du mur que reste-t-il de toutes ces promesses ? Ou bien Ouattara lui-même a-t-il cru qu’à force de boucher tous nos orifices avec ses slogans, ils s’incrusteraient dans nos vies comme des réalités incontestables. Une chose est aujourd’hui indéniable les solutions se font désirer et le bilan à mi parcours n’est pas reluisant. Des pluies de milliards annoncées et des 13 000 milliards demandés au G8 de Deauville, nenni. Des 5 universités à construire en 5 ans, nous ne voyons que du feu. Les seules que nous avons sont encore fermées pour notre malheur infini. En attendant les CHU à bâtir, on proclame la gratuite de la santé pour vendre des paracétamols dans des hôpitaux déséquipés. Pour le million d’emploi promis au bout de 5 ans il faudra à Ouattara faire le quintuple de l’effort nécessaire dans les cinq prochains mois avenir pour atteindre son adjectif. Au lieu des emplois, le régime de Ouattara ne fait que multiplier le taux de chômage en Côte d’Ivoire. Sommes-nous plus en sécurité aujourd’hui qu’hier ? Jugez en vous-mêmes. Ou alors est-ce à la gabegie, au tribalisme, au favoritisme, au népotisme, à la corruption qu’il a mis fin ? Les derniers recrutements dans l’armée, les mouvements d’affectation des gendarmes, le recrutement et les licenciements ciblés à la RTI … ne nous rassurent pas. En somme Ouattara a-t-il encore usurpé le titre de « solution » pour que ne prenne jamais fin le cauchemar des ivoiriens.

Joseph Marat

Aujourd’hui

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