Cette année encore, le spectacle était au rendez à l’occasion du hadj. Les acteurs aussi : rabatteurs, agences, compagnies de transport, l’administration. Pourquoi tant de bruit sur ce pilier de l’islam ? Est-ce justement parce qu’il est pilier que l’on se contorsionne autant pour qu’il se réalise ? Ou bien si l’on gratte un peu, l’on trouve autre chose.
Le hadj est un pilier de l’islam. Tout musulman qui a les moyens doit en faire au moins une fois dans sa vie. On comprend bien les efforts que certains déploient pour s’y conformer. Toutefois, à bien analyser le comportement d’autres personnes, on se demande vraiment si la réalisation du voyage saint est leur principale préoccupation. Moussa connait très peu la campagne burkinabè. Mais à l’approche du pèlerinage, on le voit très souvent sur les routes de ces campagnes. Il est le représentant d’une agence de voyage. Plus il mobilise des hommes et des femmes vers son agence, plus il a des commissions. Le minimum c’est 7500 FCFA et peut aller jusqu’à 15000 FCFA, dit-on.
Au Burkina Faso, les agences de voyages se comptaient sur le bout des doigts ces dix dernières années. Mais regardez ces temps-ci, leur nombre a plus que quadruplé. Sur les fréquences de radio, quand on commence à diffuser les communiqués, les auditeurs en ont pour leurs oreilles ; tellement cela prend du temps. Parlez de Borneo ou de côte d’Azur ou encore des savanes kényanes avec ces nouvelles agences : connait pas. La plupart d’entre elles ne s’occupent que du hadj. Par pèlerin, on peut engranger au minimum 250 000FCFA. Cette année, il y avait autour de 2500 pèlerins pour le Burkina Faso. Autrement dit, une manne financière de plus d’un demi milliard de francs CFA que ces agences ont fait comme bénéfice. Soit 125 millions pour une agence qui a pu rassembler 500 pèlerins. Qu’on nous dise alors que tout ce bruit là, c’est d’abord pour la réalisation prioritaire du hadj !
Même à la Mecque, c’est le business
Le hadj à la Mecque, c’est 3 millions de personnes ; cela fait, la première destination touristique du monde arabe le plus grand pays du Golfe. Cela fait le bonheur des agences de voyages, commerçants et hôteliers saoudiens. On parle d’une industrie de 50 milliards de dollars. Un calcul rapide dit que 50 milliards de FCFA à multiplier 500 fois. Il s’agit aussi du deuxième flux de devises pour l’Arabie Saoudite après le pétrole. Qu’on se le dise donc. Qu’on s’en convainc aussi. Le hadj c’est du business. Là où il y a du business, il y a aussi de l’arnaque, ces coups tordus ; en 2005, 7500 pèlerins sur 23 000 ont été victimes d’arnaques. Pour le hadj 2007, c’était pire 3.500 sur 40.000 ont été arnaqués et n’ont pas pu partir et 6.000 sont arrivés de manière clandestine via des réseaux mafieux qui produisent de faux visas.
Une publicité des années passées sur la Télévision nationale du Burkina (TNB) disait « Tôle c’est pas tôle ». Pour paraphraser cette expression, disons : « rabatteur n’est pas rabatteur », « agence n’est pas agence », « avionneur n’est pas avionneur ».
Organiser du tourisme religieux, “c’est un métier”
Les arnaqueurs, les signataires de mauvais contrats, les gens qui ne respectent pas les contrats doivent trouver en face d’eux une force, celle de la puissance de l’Etat. Malheureusement quand on regarde de près, on se rend compte que ces agences et autres sociétés de voyages ne sont que des prête-noms. Quand la force veut taper ou doit taper, elle ne peut pas. Sinon, comment comprendre que pour transporter les pèlerins du Mali (1500), de la Gambie (1000), du Burkina Faso (2500), de la Côte d’Ivoire (4500) et du Togo (1000), il n y ait en tout et pour tout qu’un seul et même avion programmé ? Oui un seul avion pour faire plus de 60 allers-retours !
Oh hadj. A quand le vrai ? Le bon ?m
Par Kiemyouré Sawadogo
Par Bendré
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