Venance Konan, l’auteur de « la nuit des hyènes », ce mémorable texte écrit au cours d’une nuit d’insomnie, dans l’ambiance terrifiante des obus dévastateurs et des tueurs à gage, va à n’en point douter manquer au monde des média. Loin d’être une oraison funèbre consacrée au détenteur de l’une des plumes des plus habiles et critiques du continent, Venance Konan, nouvel administrateur principal d’un quotidien gouvernemental en Côte-d’Ivoire, au delà d’être un “gâchis” pour ses nombreux lecteurs, porte deux significations majeures:
Cette nouvelle donne, est d’abord vécu comme un Nobel à la gloire d’un des meilleurs journalistes africains. Venance a collaboré chez les canards parmi les plus sérieux du monde francophone. Sa plume acerbe, simple et direct a de tout temps fonctionné comme un redoutable gagne-pain pour lui même et sa famille. Au-delà donc de son indéniable talent, cette nomination est aussi un trophée attribué à son combat politique de ces derniers mois. Venance fut l’un des meilleurs fusiliers de la plume, durant la guerre Gbagbo-Ouattara. La fumée de sa nomination a donc eu pour cause, le feu de son activisme politique.
En deuxième, Venance Konan rentre ainsi avec style et honneur dans le cercle restreint des riches. Le journaliste fugitif d’hier, dont l’inspiration prenait source dans la critique des pouvoirs, est aujourd’hui aux commandes de la plus grande entreprise de presse écrite de Côte-d’Ivoire. Les effets secondaires de cette nouvelle vie commencent à se faire sentir. Lors de la soirée des Ebony, Venance arborait un visage radieux et un ventre qui commence à prendre du volume. Même si le volume était déjà visible du temps de Bédié au pouvoir avant de diminuer «un peu » durant l’intermède Papa Noel Roméo, suivie des errances de Séplou 1er. C’est donc le repos du conquérant pour ainsi dire. Nous constatons que le fauteuil de Venance le journaliste émérite, celui à qui Fatou Kéita pourtant écrivaine de renom, commandait des articles au plus fort de la crise parce-que personne, mieux que Venance ne pouvait peindre la situation avec force et précision, ce fauteuil est vide.
Son départ de l’arène journalistique active, même honorable, pose le problème des nomination-récompenses souvent incongrues. C’est notre conviction. Le journaliste Venance aura plus marqué ses compatriotes, inspiré des générations entières de jeunes journalistes qu’il n’en fera dans ses nouveaux habits de Directeur Genéral. Les “Unes” du genre “Bédié a t-il vendu le PDCI?” dans un contexte de reconstruction et de réconciliation, dans un quotidien gouvernemental, sous Venance Konan, représentent un signe. Fraternité Matin a besoin d’un leadership politique, un leadership ayant fait ses preuves dans l’administration publique, un leadership sorti de nos écoles d’administration. Beaucoup d’autre nomination sont à l’image de celle de Venance. Nous y reviendrons.
Question: Les meilleurs experts font-ils forcément de bon managers?
Diego Maradona, footballeur hors pair n’a été qu’un manager quelconque, arrogant et inefficace. Le roi Pelé, lui-même a fait une virée peu honorable à la tête du ministère brésilien des sports. Ruud Gullit, orfèvre du ballon rond a eu tout le mal du monde à diriger sa troupe de Chelsea vers les terres promises du football européen.
Chez nous, Joseph Diomandé Ministre de la communication, aurait été une nomination socialement correcte et intrinsèquement méritée, mais elle aurait eu le mérite de créer non seulement un vide professionnel, mais aurait surtout attristé Houphouët-Boigny lui-même, tant l’homme incarnait le métier et était inégalable dans l’art des « grands reportages ».
Bakus vous salue
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