Crash d’avion et 4 morts à Daloa – Les conséquences de la suspension de Sophia Airlines ?

Par Adjoumani K. avec Hérvé Coulibaly | Connectionivoirienne.net

Aéroport Félix Houphouët Boigny Les dessous de la suspension de Sophia Airlines non encore élucidés

Dans le courrier daté du 31 octobre 2011 n° 00001845/ANAC/DCS, l’Autorité nationale de l’aviation civile (ANAC) de Côte d’Ivoire a suspendu la compagnie Sophia Airlines. Cette décision des responsables de l’ANAC qui cloue désormais Sophia Airlines au sol est libellée comme suit : ‘’Dans le cadre de la certification des compagnies aériennes exigées par l’UEMOA (Union économique monétaire Ouest Africaine, NDLR) lors de leur dernière mission d’inspection du 12 au 16 septembre 2011 et en application d’une part du règlement communautaire n°06/2002/CM/UEMOA relatif à l’agrément de transporteur aérien au sein de l’UEMOA, notamment en son article 4 paragraphe 1, qui stipule que’’ la délivrance d’un agrément de transporteur aérien est subordonnée à la vérification de la moralité des personnes qui dirigeront effectivement les activités de l’entreprise et d’autre part en application de l’article 202 du code de l’aviation civile lui, précise que nul ne peut exercer une activité de Transport aérien, à titre professionnelle ou contre rémunération, s’il n’a été autorisé par décision de l’ANAC portant notamment sur les garanties morales, financières et techniques que présente l’entreprise intéressée’’.

Photo DR. Archives

Cependant, cette décision est empreinte de nombreuses contradictions et soulève des interrogations. En effet, les services du Dg de l’ANAC, Sinaly Silué, ont renouvelé le permis d’exploitation aérien (PEA) de Sophia Airlines le 30 septembre 2011 après les vérifications nécessaires des différents critères requis susmentionnés. Alors, il est difficile de comprendre les raisons d’une telle suspension. Aussi, les responsables de l’ANAC se cachent-ils derrière les prescriptions de l’UEMOA alors qu’elle n’est pas une haute autorité de l’aviation civile en Côte d’Ivoire. Juridiquement, elle ne peut se substituer à l’ANAC et exiger la suspension des PEA en Côte d’Ivoire pour re-certification. La seule autorité juridique compétente en la matière est donc l’ANAC. Mieux, le PEA de Sophia Airlines a été renouvelé après la mission de l’UEMOA du 12 au 16 septembre 2011. Ce qui signifie que les questions de moralité et autres critères ont été vérifiés. Il faut savoir que Sophia Airlines exerce depuis 6 ans sur la plateforme aéroportuaire ivoirienne, desservant régulièrement la ligne de San-Pedro-Abidjan, offrant jusqu’à ce jour toutes les normes de sécurité. Aucune plainte ni aucun incident majeur n’ont été engagés contre la compagnie. Encore plus suspect, comment une compagnie aérienne détentrice d’un PEA en vigueur, peut-elle subir une cessation immédiate de son activité, sans avertissement et sous le fallacieux prétexte d’enquête de moralité ? Pourquoi un courrier d’une telle importance peut-il porter la signature du Dg adjoint, le Commandant Tigori en lieu et place du Dg de l’ANAC, Sinaly Silué ?

Les dessous de la cabale

La décision des responsables de l’ANAC visant la suspension de Sophia Airlines a ouvert la boîte de pandore à l’aéroport international Félix Houphouët Boigny. D’autant que cette décision qui ressemble fort bien à une injustice fait le lit d’une attitude complaisante du Dg de l’ANAC. Puisque au moment où l’Autorité suspend les activités de Sophia Airlines, l’ANAC autorise des compagnies à exercer dans l’illégalité. Des éléments de preuves en notre possession montrent par exemple qu’Elite Group n’est pas autorisé à faire des vols commerciaux mais seulement des vols privés ; car ne possédant qu’un seul hélicoptère de 9 places. C’est dans ce désordre qui règne depuis la suspension de Sophia Airlines que la compagnie aéroclub qui n’est autorisée qu’à faire la formation des pilotes est entrée illicitement dans les activités de vols commerciaux. Alors qu’il n’en a juridiquement pas le droit. Le prix de la légèreté de certains responsables tapis dans l’ombre de l’ANAC a eu pour première conséquence le crash d’un Cessna d’Aéro-club à Daloa ce lundi 14 novembre 2011. Ce, parce que les (ex) clients de Sophia Airlines sont obligés de louer les services d’Aéro-club, puisque Sophia Airlines qui assurait ces différents vols depuis 6 ans est clouée au sol. Le bilan de départ est lourd, 4 morts. Le blessé grave annoncé avant-hier, le seul rescapé du crash ayant succombé dans la nuit de lundi à mardi à ses blessures.

Le 1er ministre, le ministre de l’intérieur et le ministre des transports cités

Pour éclairer l’opinion sur cette affaire qu’il convient d’appeler ‘’ANAC gate’’, nous avons approché des autorités ressources. A l’Anac l’on nous a répondu n’avoir pas de comptes à rendre à la presse ! Concernant le 1er ministre, Soro Guillaume, nous avons joint son conseiller en communication au téléphone. Il nous fait savoir que ‘’le 1er ministre n’est informé de rien sur cette affaire’’. Quant au ministre des Transports, lui aussi cité comme complice dans cette cabale, c’est son chargé de communication, Miss Bamba qui nous a reçus. Selon elle ‘’pour ce qui concerne le secteur du transport aérien, le ministre Touré Gaoussou a donné l’autonomie à M. Sinaly Silué, Dg de le gérer. Pour le moment, le ministre n’est pas informé, mais je suppose que si M. Sinaly a suspendu Sophia Airlines, c’est qu’il y a un problème de réglementation ou technique. Il ne peut pas le faire pour des raisons pécuniaires ou politiques, (…)’’, a-t-elle répondu. Si comme elle le dit, M. Sinaly Silué (Dg) a agi en toute autonomie en décidant de clouer Sophia Airlines au Sol, cela est grave pour l’avenir de l’aéroport Félix Houphouët Boigny. Des sources concordantes proches de connectionivoirienne.net affirment elles, que ce sont des ministre de premier plan du gouvernement actuel qui tirent les ficelles.  Ces sources avancent que le DG Silué se trouvait en France quand la décision de suspension fut prise, raison pour laquelle c’est son adjoint, le Commandant Tigori qui a dû signer la décision de suspension de la licence de Sophia Airlines. Cette décision n’est-elle pas arbitraire vu les entreprises qui y exercent illicitement, en l’occurrence Elite Group et Aéroclub ? Tout compte fait, cette action de l’autorité sape déjà la confiance qui a commencé à renaître chez les investisseurs nationaux et internationaux. Comme on le voit, la Côte d’Ivoire a encore du chemin à parcourir sur la voie de la certification.

50 Ivoiriens au chômage / Le Président ADO interpellé

Ce sont au total 50 emplois directs qui sont supprimés par Sinaly Silué en décidant de faire disparaître Sophia Airlines. Sinaly Silué est-il aussi puissant pour refuser de s’inscrire dans cette logique ? A notre avis le président de la République devrait pouvoir trancher en demandant des explications aux autorités qui gèrent l’ANAC : Sinaly Silué et son adjoint Tidori. Cela permettra sans nul doute de protéger les plus faibles que Sinaly veut mettre en chômage pour satisfaire des desseins inavoués.

Par Adjoumani K.

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