Mystère autour de la libération des 20 pro-Gbagbo – Les explications de Me Gouaméné

La justice ivoirienne a réussi l’exploit d’affoler les chiffres s’agissant du nombre de prisonniers pro-Gbagbo remis en liberté mercredi dernier. Ce jeu trouble a semé le flou sur le nombre exact de personnes relâchées. 8? 20? On s’y perd. La confusion a été entretenue par les autorités judiciaires, qui à l’évidence, se sont livrées à un double jeu. Alors qu’elles ont communiqué sur la libération de 8 prisonniers à l’occasion d’une cérémonie solennelle mercredi dernier au palais de justice du Plateau, la plupart des Ivoiriens n’ont appris que par voie de presse la mise en liberté de 12 autres pro-Gbagbo. Même les avocats de ces prisonniers de  »La majorité présidentielle » (Lmp) n’étaient guère au parfum de cette opération, intervenue presque en catimini et dont l’annonce a été faite tard dans la nuit à certains privilégiés. Me Hervé Gouaméné, qui était la veille au palais de justice du Plateau, s’est dit surpris de cette tournure des choses lorsque nous l’avons joint hier au téléphone. Il nous a fait savoir, selon ses informations, que c’est la Chambre d’accusation qui a décidé, à l’insu des avocats, de libérer les douze autres prisonniers, sur instruction du juge d’instruction, lequel a pris à cet effet des ordonnances de mise en liberté. Me Gouaméné précise par ailleurs qu’en pareille circonstance, ces ordonnances de mise en liberté de leurs clients devraient leur être notifiées. Ce qui n’était pas encore le cas jusqu’à ce que nous mettions sous presse hier. Pourquoi cette libération à double vitesse, l’une face à la presse comme pour mieux réussir le coup de pub et l’autre, dans la pénombre de la nuit, autrement dit, par la porte-arrière du palais de justice? A quoi répond cette opération au double visage? Qui avait intérêt à jeter le flou sur le nombre exact de pro-Gbagbo libérés? Pourquoi a-t-on entouré cette libération presque programmée de tant de mystère? Alassane Ouattara a-t-il cédé sous la pression de l’extérieur? S’interrogent certains observateurs, qui voient derrière cette libération nocturne des douze pro-Gbagbo, la main occulte de la communauté internationale. D’aucuns estiment en effet que le représentant du secrétaire général des Nations unies en Côte d’Ivoire n’est pas étranger à cette scène hors caméra. Après les rencontres respectives qu’il a eues avec le président Ouattara mardi dernier, le président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation, Charles Konan Banny et le ministre de la Justice, Jeannot Ahoussou Kouadio, mercredi, Konders a-t-il pesé pour que soient effectivement relâchés tous les prisonniers dont on annonçait la libération? On pourrait le penser. D’autres pensent qu’il s’agit d’une libération sur fond de calcul politique, visant à ramener le Fpi dans le jeu électoral en Côte d’Ivoire. Le président Ouattara aurait donc voulu donner un signal fort en libérant le tiers des prisonniers pour contraindre le Fpi à participer aux législatives. Toujours est-t-il que quelque chose a dû se passer dans la nuit de mercredi dernier pour que le nombre de prisonniers pro-Gbagbo libérés passe subitement de 8 à 20, entre 17h et 23h.

Assane NIADA
L’Inter

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