La Côte d’Ivoire vit-elle encore sous le régime de l’embargo ? La question mérite d’être posée après la livraison, en début de semaine, par la France, de matériels militaires au gouvernement de M. Alassane Ouattara. Des véhicules de transport de troupes, des véhicules de patrouille et divers matériels militaires dont le détail exhaustif n’est pas connu ont été livrés à la police et à la gendarmerie ivoirienne par le ministre français de l’Intérieur Claude Guéant, lui-même, lors d’une visite de quarante-huit heures à Abidjan.
Il se raconte que si le ministre français de l’Intérieur s’est cru obligé de se déplacer à Abidjan, ce n’était pas seulement pour livrer quelques véhicules d’occasion ou des matraques. Mais bien plus.
Un bateau militaire avait précédé M. Guéant d’une dizaine de jours. Selon un communiqué de l’état-major français cité par Soir Info, l’escale de ce navire nommé La Foudre participait des actions de coopération avec la marine nationale ivoirienne. A un moment où le régime Ouattara vit une véritable paranoïa de coups d’Etat, il ne serait pas surprenant qu’il bénéficie d’un coup de main de l’ami français. Il y a pourtant la résolution 1572 du 15 novembre 2004 du Conseil de Sécurité des Nations unies qui a imposé un embargo sur les armes à destination de la Côte d’Ivoire. Sanction reconduite à maintes reprises et pour la dernière fois le 28 avril dernier pour un an.
Cet embargo fait injonction aux Etats membres des Nations unies d’empêcher « la fourniture, la vente ou le transfert directs ou indirects à destination de la Côte d’Ivoire, depuis leur territoire ou par leurs nationaux, ou au moyen d’aéronefs immatriculés sur leur territoire ou de navires battant leur pavillon, d’armes et de tout matériel connexe, notamment d’aéronefs militaires et autres matériels provenant ou non de leur territoire, ainsi que la fourniture de toute assistance, conseil ou formation se rapportant à des activités militaires ».
Il en résulte que la France, en livrant du matériel à usage militaire au gouvernement Ouattara, viole la résolution 1572 des Nations unies. Et l’argument selon lequel il s’agirait de matériels destinés à la police pour lutter contre le banditisme ne tient pas debout. Sinon un colonel de l’armée ivoirienne ne serait pas toujours détenu depuis plus d’un an aux Etats-Unis d’Amérique alors qu’il s’y était rendu pour l’acquisition de matériels de maintien d’ordre.
Il est de notoriété publique que la France n’est pas un modèle en matière de respect des résolutions qu’elle initie. Il y a quelques mois, le gouvernement français avait reconnu avoir largué des armes en Libye pour ravitailler la rébellion qui combattait le régime de Khadafi. Ce qui se passe en Côte d’Ivoire n’est donc nullement surprenant.
Augustin Kouyo
Notre Voite
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