Bruno Jeudy, envoyé spécial à Abidjan (Côte d’Ivoire) – Le Journal du Dimanche
En visite pendant deux jours à Abidjan, le ministre de l’Intérieur à offert du matériel de sécurité à un pays en reconstruction après la guerre civile.
Tapis rouge pour Claude Guéant! À Abidjan, le ministre de l’Intérieur a eu droit à un accueil digne d’un chef de l’Etat. Les autorités ivoiriennes ont été aux petits soins avec le premier flic de France. Il a été reçu successivement par le président Alassane Ouattara (qui l’a fait commandeur de l’Ordre national de Côte d’Ivoire), par le Premier ministre Guillaume Soro et enfin par son homologue Hamed Bakayoko.
Après Nicolas Sarkozy (en mai), Gérard Longuet (en juin) et François Fillon (en juillet), Claude Guéant est le quatrième dirigeant français à faire le voyage depuis l’installation du successeur de Laurent Gbagbo. Preuve que Paris entend renouer au plus vite sa relation privilégiée avec son ancienne colonie de l’Afrique de l’Ouest. Un lien mis à mal pendant la presidençe de Laurent Gbagbo et plus globalement depuis la mort d’Houphouet Boigny, le père de la décolonisation. En octobre 2010, à la veille de la présidentielle, Claude Guéant alors secrétaire général de l’Elysee, avait fait un aller retour à Abidjan pour assurer que la France afficherait une stricte neutralité entre les trois candidats. En coulisses, Paris espérait toutefois que ce soit Alassane Ouattara le vainqueur. « ADO » (c’est son surnom, pour Alassane Dramane Ouattara), ancien directeur général adjoint du FMI, est un ami de longue date de Nicolas Sarkozy!
34 voitures de police et des matraques
Pour son second déplacement à Abidjan, Claude Guéant n’est pas venu les mains vides. Il a offert lundi à l’école de police de Côte d’Ivoire trente-quatre véhicules de police et de gendarmerie, un lot d’ordinateurs ainsi que des uniformes et des matraques! « C’est une première livraison et il y en aura d’autres, a promis le ministre de l’Intérieur, soucieux de répondre au plus vite à une demande de son homologue. L’engagement de la France est total pour vous aider à relever le défi de la sécurisation », a-t-il déclaré lors d’une cérémonie de remise de dons. Hamed Bakayoko, ministre de l’Intérieur, en a profité pour lancer un appel « à l’unité pour lutter contre l’insécurité ». Six mois après la fin des combats, les rues d’Abidjan restent dangereuses, selon l’ambassadeur de France en Côte d’Ivoire Jean-Marc Simon.
Ouattara à Paris du 18 au 21 décembre
Malgré ses problèmes de sécurité (quelques casernes de gendarmerie sont encore aux mains des milices de Gbagbo), les autorités ivoiriennes envisagent l’avenir avec optimisme. L’économie redémarre sous la houlette du « gestionnaire » Ouattara et envisage en 2012 une croissance d’environ 8%. D’ici la, le nouveau pouvoir ivoirien doit réussir le test des élections législatives programmées le 11 décembre pour prouver que « la vie démocratique redémarre » selon le mot de Claude Guéant.
Alassane Ouattara a prévu d’effectuer un voyage officiel en France du 18 au 21 décembre. L’occasion de signer avec Nicolas Sarkozy le nouvel accord de coopération militaire entre les deux pays. Le nombre de soldats français a déjà été ramené de 900 a 450. A terme la force Licorne en maintiendra 300 avec pour mission d’assurer la sécurité des 14.000 Français installés en Côte d’Ivoire. Dernier problème et non des moindres : quid de Laurent Gbagbo? L’ancien président est toujours assigné à résidence à Korogho dans le nord du pays en attendant la décision de Cour pénale internationale de le poursuivre (sans doute avec sa femme Simone et son homme de main Charles Blé Goudé) pour crime contre l’humanité. Selon des sources sur place, la décision pourrait intervenir d’ici deux semaines.
Bruno Jeudy, envoyé spécial à Abidjan (Côte d’Ivoire) – Le Journal du Dimanche
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