Assassiné comme Boga Doudou – le ministre Tagro Désiré inhumé dans son village à Gabia

Obsèques de l’ex-ministre de l’Intérieur de Gbagbo-Désiré Tagro : un homme qui a marqué son temps

Tagro Assignini Désiré  inhumé ce samedi 5 novembre 2011, à Gabia, son village natal, dans la sous-préfecture de Saïoua. La terre de ses ancêtres l’a recu pour l’éternité. L’illustre disparu a eu un parcours politique durant lequel il a marqué par son dynamisme et sa disponibilité son passage sur la terre des hommes. Assignini, son nom veut dire littéralement en bété : «Enlevez ça dans la bouche» ou « N’en parlez pas » pour dire que le sujet n’est pas bon à aborder. Secrétaire général de la présidence de la République à partir de décembre 2010, Tagro Assignini Désiré a été atrocement assassiné [comme son mentor Me Emile Boga Doudou] le 12 avril par l’armée française et les chefs rebelles qui ont combattu pour Ouattara. Il est enterré sans qu’il n’y ait un début de commencement de l’enquête promise par Alassane Dramane Ouattara pour faire la lumière sur son assassinat. Le nouveau chef de l’Etat ivoirien passe le plus clair de son temps à faire le tri des victimes de la crise ivoirienne post-électorale en ne se préoccupant que de ses militants. Mais les Ivoiriens retiennent que, dans sa vie, Désiré Tagro aura été utile à son pays.

Tagro, une pièce maîtresse de l’Apo

Magistrat de profession, Désiré Tagro a été un fonctionnaire exemplaire partout où il est passé. Et les justiciables d’Abengourou, Bouaké, Daloa et Dabou où le jeune juge a exercé n’ont retenu de lui que l’image d’un grand travailleur à l’intégrité jamais prise à défaut. Ce qui lui vaut d’être nommé au poste de directeur de cabinet de Me Emile Boga Doudou, ministre de l’Intérieur du président Gbagbo dans le premier gouvernement Affi N’Guessan. La suite n’a plus été qu’une suite d’ascension fulgurante. Ministre de la Justice à partir d’août 2002, Désiré Tagro est nommé conseiller spécial chargé des Affaires juridiques et porte-parole du président Laurent Gbagbo après sa sortie du gouvernement à la faveur des accords de Linas-Marcoussis. C’est justement à ce poste qu’il donnera la pleine mesure de son talent de négociateur.

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C’est lui qui, dans la discrétion la plus totale, a travaillé à établir un lien entre le président Gbagbo et Guillaume Soro qui a abouti au dialogue direct. C’est encore lui que le président Laurent Gbagbo a donné tout pouvoir pour négocier pendant deux mois avec la rébellion pour aboutir à l’Accord politique de Ouagadougou. Même si cet accord a connu des couacs dans son application du fait de la mauvaise volonté de l’autre partie, il a été néanmoins une invention qui a marqué la volonté des Ivoiriens de régler leurs différends entre eux.

Loyal et travailleur…

Pendant qu’il était à Ouagadougou, Tagro a été appelé par le président Gbagbo pour négocier avec la société Trafigura qui avait déversé des tonnes de déchets toxiques à Abidjan. Appliquant à merveille la maxime selon laquelle un mauvais arrangement vaut toujours mieux qu’un bon procès, Désiré Tagro a réussi à arracher à Trafigura une indemnisation d’un montant exceptionnel de 100 milliards de francs CFA. Ce qui aura permis non seulement d’indemniser des milliers de victimes, mais également de renforcer les infrastructures sanitaires du district d’Abidjan.
Après avoir accompli et bien accompli sa mission auprès du chef de l’Etat, Désiré Tagro est nommé ministre de l’Intérieur dans le gouvernement de Guillaume Soro. On retiendra que la collaboration entre les deux hommes n’a pas toujours été au beau fixe. Malgré tout, Désiré Tagro a laissé une marque indélébile à la police nationale. C’est à lui que l’on doit la création de la Brigade motorisée de circulation et de régulation qui comprenait uniquement des jeunes dames. Son idée était que les garçons avaient la gâchette trop facile. Il fallait donc les remplacer progressivement par les dames dans le contrôle routier, particulièrement à Abidjan.
Désiré Tagro voulait redorer le blason de la police ivoirienne, la doter en équipements de pointe, recruter le maximum de policiers pour améliorer le ratio d’encadrement de la population. Cela ne pouvait pas faire plaisir à tout le monde. D’où les attaques parfois lâches dont il a été l’objet venant de ses adversaires politiques, mais également de son propre camp. Fidèle parmi les fidèles de Laurent Gbagbo, il sera resté fidèle jusqu’au bout.

Benjamin Koré
Notre Voie

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