Par Frédéric Couteau
Question posée par la presse ivoirienne et par celle de la sous-région après le boycott du scrutin décidé par le FPI, l’ex-parti au pouvoir de Laurent Gbagbo. Comme le relève L’Inter , « le FPI n’a finalement pas déposé à la Commission Électorale Indépendante, la liste de ses prétendants à l’Assemblée nationale. Ainsi donc, si les choses restent en l’état, le parti fondé par l’ancien chef de l’État Laurent Gbagbo ne participera pas au scrutin du 11 décembre prochain.
Comme l’avait fait le Rassemblement des Républicains (RDR), lors des députations de décembre 2000. Malgré les pourparlers engagés avec les autorités ivoiriennes et les interventions des diplomates occidentaux et de l’ONUCI en vue de les convaincre de prendre part à ces élections, relève encore L’Inter, le FPI et ses alliés du CNRD ont maintenu leur mot d’ordre de boycott des législatives. »
Pourquoi ce boycott ? Le FPI avait posé des conditions drastiques, rappelle L’Observateur au Burkina : « Le FPI se disait disposé à participer au scrutin à la condition que ses principaux leaders incarcérés soient élargis ; à la tête desquels l’ancien président Laurent Gbagbo ; requête difficilement envisageable par les hommes en ce moment aux commandes de l’Etat ivoirien », relève le quotidien burkinabé.
En quête de légitimité…
Alors que va-t-il se passer ? Et bien ces législatives pourraient bien être reportées. C’est l’hypothèse et le souhait exprimés par plusieurs quotidiens ivoiriens, à l’instar du Démocrate pour qui le FPI serait encore « en discussion avec le pouvoir. Alassane Ouattara lui-même a fait de la participation du parti de Laurent Gbagbo à ces élections, presqu’un sacerdoce et y travaille activement avec toute sa bonne foi.
Ses appels répétés et la création d’un poste de vice-président pour le FPI, témoignent bien de sa volonté de voir ce parti prendre sa place dans le débat politique et obtenir des sièges au Parlement. Alors, (…) seul un report des législatives à une date autre que celle du 11 décembre 2011 pourrait permettre à tout le monde d’être dans les temps, estime Le Démocrate. Ce serait aussi le gage d’une élection ouverte à tous, démocratique et crédible. C’est pourquoi, il est fort probable que l’on repousse la date prévue. »
Pour L’Intelligent, « les législatives de décembre constituent un enjeu très important pour le pouvoir Ouattara qui ne doit pas abandonner les négociations en cours avec le FPI, s’il veut sortir grandi de ces joutes électorales après la présidentielle gagnée dans la douleur. » En effet, explique L’Intelligent, « le parti de Laurent Gbagbo, qui refuse de prendre part à ces législatives, va incontestablement faire chuter d’une manière drastique les tendances observées lors de la présidentielle et donc le taux de participation. » Privant ainsi le camp Ouattara d’une forme de légitimité…
C’est ce que souligne également Le Nouveau Courrier, quotidien d’opposition : « que le pouvoir RHDP n’ait pas honte de le reconnaître : il a besoin de son opposition significative pour être crédible. Que les législatives soient donc purement et simplement reportées, réclame également le quotidien d’opposition, pour permettre à toute la Côte d’Ivoire de se retrouver véritablement – au lieu de ruser, car en réalité, aucune des préoccupations du FPI n’a été prise en compte – ou alors, s’exclame Le Nouveau Courrier, que Ouattara assume sa dictature et le retour en force du parti unique, en Côte d’Ivoire. Sans faux-fuyant. Le gouvernement est déjà à coloration unique. Qu’il ne s’embarrasse donc pas de scrupules pour mettre sur le gâteau la cerise : un parlement à coloration unique. Il aura, au moins, le mérite d’être logique envers lui-même. »
Retards à l’allumage
Alors va-ton vers un report des législatives ? Très certainement pour Le Pays au Burkina. « Dans le souci de ratisser large, la Commission électorale indépendante de la Côte d’Ivoire devrait prolonger le délai du dépôt des candidatures pour les législatives à venir, affirme le quotidien burkinabé. « En effet, à l’échéance du délai préalablement fixé, il y a toujours un manque criard de candidatures aussi bien dans le camp du parti au pouvoir que du côté de l’opposition. »
En effet, et là Le Pays soulève un autre problème : « certains quartiers de la capitale, fidèles au pouvoir en place, peinent à désigner leurs candidats pour ces législatives.C’est dire que ces retards à l’allumage ne sont pas le seul fait du camp du FPI.
«Finalement, constate le quotidien burkinabé, Alassane Dramane Ouattara est face à un dilemme : comment faire pour avoir une future assemblée nationale multicolore issue d’un scrutin pluriel, sans pour autant céder aux chantages du FPI ? En attendant, prolonger la date du scrutin afin de mettre un peu plus d’ordre dans son propre camp ne serait pas une mauvaise chose, affirme Le Pays. ADO pourrait continuer les négociations avec le parti de son prédécesseur. Cependant, tempère le quotidien burkinabé, on lui en voudrait très peu d’être allé à ces législatives sans le camp Gbagbo, si celui-ci restait campé sur certaines de ses revendications dont la satisfaction est loin d’être une sinécure. »
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