Perte record de 70 millions d’euros pour Brussel Airlines malgré une hausse des passagers

La compagnie aérienne va clôturer l’année avec une perte de plus de 70 millions d’euros; elle n’exclut pas une réduction de personnel.

Philippe Lawson

Panique à bord dans la carlingue de Brussels Airlines? Selon nos informations, la compagnie aérienne belge, aujourd’hui filiale de Lufthansa, devrait clôturer 2011 avec une perte record de plus de 70 millions d’euros contre un bénéfice consolidé de plus d’un million d’euros en 2010. « Les temps sont durs pour tout le monde, surtout pour les compagnies aériennes classiques qui ne bénéficient pas de subsides déguisés comme les compagnies low cost. Nos résultats sont aujourd’hui pénalisés par une série d’éléments exogènes comme le fuel, la remise en cause de nos droits de trafic à Dakar (Sénégal) et le conflit en Côte d’Ivoire », nous a confié Michel Meyfroidt, l’un des deux CEO de Brussels Airlines, que nous avons contacté. Le prix du fuel, qui était d’environ 800 dollars la tonne en 2010, serait monté à près de 1 .100 dollars. Pour une compagnie qui consomme quelque 430.000 tonnes de kérozène par an, la facture est vite salée.
Le prix du fuel a flambé

Car malgré les couvertures que les compagnies aériennes prennent pour pallier la hausse du prix du fuel et la faiblesse du dollar par rapport à l’euro, Brussels Airlines a, d’après un de ses dirigeants, vu ses charges en kérozène gonfler de 40 à 45 millions d’euros supplémentaires. De plus, la guerre civile en Côte d’Ivoire suite au refus de l’ancien président Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire de l’opposant Alassane Ouattara aux présidentielles de 2010 a obligé Brussels Airlines à arrêter ses 6 vols hebdomadaires vers Abidjan durant trois semaines.

Et pourtant, la compagnie aérienne belge enregistre une hausse du nombre des passagers transportés. Sur base des chiffres des huit premiers mois de l’année, les dirigeants soutiennent que Brussels Airlines devrait afficher une augmentation de 10 % du nombre de ses passagers à un total de 5 millions de voyageurs pour 2011. « Dans le même temps, le prix par passager n’a quasiment pas augmenté en raison de la concurrence », note Michel Meyfroidt. L’an dernier, Brussels Airlines a transporté 4,89 millions de passagers, en hausse de 4,4 % par rapport à 2009. Le taux d’occupation de ses appareils a affiché en 2010 une moyenne de 63,1 % contre 62,7 % de janvier à décembre 2009.

En septembre 2011, il a atteint 72,7 %. « Malgré l’environnement économique difficile, nous avons un chiffre d’affaires en hausse de près de 12 %, mais malheureusement, cela n’a pas suffi pour faire baisser nos coûts. Mais ce n’est pas 2011 qui m’inquiète le plus, c’est le fait que le prix du carburant ne semble pas amorcer un mouvement à la baisse; cela fait passer la part du fuel dans nos coûts de 25 % à 30% », renchérit Bernard Gustin, le second CEO de Brussels Airlines.

Sans la présence de Lufthansa dans son capital, Brussels Airlines serait dans de mauvais draps avec des pertes qui, d’après certaines sources, pourraient représenter la moitié de son capital. La compagnie aérienne allemande détient 45 % de Brussels Airlines contre 55 % à SN Airholding . Elle dispose d’une option d’achat qu’elle peut exercer entre 2011 et 2014 durant le deuxième trimestre de chaque année. Elle a déjà renoncé à exercer son option pour 2011.
Vols sur New York en 2012

Les dirigeants ont élaboré des mesures correctrices pour éviter d’être pris de court. Une baisse importante de la capacité (en attendant une hausse des tarifs?) a déjà été décidée pour cet hiver et l’on n’exclut pas une réduction de personnel. Actuellement, Brussels Airlines occupe environ 3.300 collaborateurs dont environ un millier de personnel de cabine (hôtesses, stewards) et quelque 500 pilotes. Elle annonce de nouveaux produits vers l’Afrique début 2012 et une liaison sur New York avec un A330-200 dès la saison d’été.

L’Echo

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