Par Yves De Séry – Aujourd’hui –
Lundi dernier, les habitants du quartier Yopougon-Siporex et Sable se sont rappelés au bon souvenir des heures de braise de la crise post-électorale dans cette commune. Un chaudron baptisé par les FRCI elles-mêmes, l’ « enfer de Yop .» Ce jour-là, en effet, aux premières heures de la matinée, deux groupes de syndicats de transporteurs, comme d’habitude, se sont violemment affrontés. Pour le contrôle d’un espace où lever des rentes. Mais cette fois-ci, les différents protagonistes ont eu l’ingénieuse idée de s’affronter à la kalachnikov, relevant ainsi leur niveau de violence. De sources proches du milieu, on indique que c’est un groupe venu d’Abobo qui a croisé la gâchette avec les membres d’un cartel de Yopougon. Piégés par cette empoignade matinale, les travailleurs, riverains et autres usagers de la route ont couru dans tous les sens pour éviter d’être ainsi pris entre deux feux. Pendant plusieurs heures, la circulation, dans un large rayon de la zone, a été fermée aux automobilistes et les passants. Il a fallu l’arrivée, quelques instants après, d’un détachement impressionnant des forces régulières pour ramener le calme dans le coin. Mais Modeste Krouba Kalou, comme bien d’autres infortunés de ce lundi, gardera encore les images apocalyptiques de civils armés jusqu’aux dents et faisant le rodéo dans les rues de Yopougon. Des images que ce jeune cadre de l’administration croyait désormais loin derrière lui. Du moins, pour l’instant. Le même jour, et toujours dans la même commune,- mais cette fois au commissariat du 17ème de Niangon-, comme si les pistoléros s’étaient passés le mot, des coups de feu ont également semé la panique dans les environs de cette station de police. A l’origine, une descente punitive orchestrée par un certain « commandant » Ahmed contre ses frères d’armes des FRCI, coupables à ses yeux de l’avoir balancé aux autorités sécuritaires dans une sulfureuse affaire de braquage qui l’a conduit au trou pendant deux mois. Les personnes ciblées ayant pris la poudre d’escampette avant l’arrivée des justiciers, le « commandant » Ahmed a promis revenir sur les lieux. Et depuis, la psychose s’est emparée des éléments en poste ou squattant le 17ème arrondissement. Alertée, la gendarmerie nationale patrouille dans les environs. Il faut noter que la pétarade d’avant-hier, à Yopougon, vient remettre au goût du jour la question des populations civiles armées hier par le régime actuel contre le président Laurent Gbagbo et les troupes gouvernementales. En effet, ayant pendant de longues années instrumentalisé les frictions récurrentes entre les transporteurs et les forces de l’ordre, Ouattara et les siens se retrouvent aujourd’hui face au monstre qu’ils ont ainsi créé, avec leur grande haine pour l’ex chef de l’Etat. Si on prend en compte les témoignages de plus en plus nombreux sur la dotation en arme de la plupart des conducteurs de taxis ou de mini-cars appelés communément « gbakas », de la cité, il ya de quoi avoir froid dans le dos et nourrir des sentiments pessimistes pour l’avenir de la Côte d’Ivoire. Car avec toutes ces armes qui circulent ainsi sous les manteaux, il ne faudra pas grand-chose pour déclencher la guerre civile, le décor ayant déjà été planté par les « vainqueurs » du 11 avril 2011. En somme une poudrière prête à exploser à tout moment.
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