Des gendarmes vidés de leurs domiciles « de fonction » par des Commandos – Les victimes dénoncent une injustice

Il est 08h 09 ce samedi 29 octobre 2011 lorsqu’une trentaine de gendarmes commandos coiffés de bérets rouges, et issus du camp commando de Koumassi, débarquent à Treichville, plus précisément au secteur Arras Gendarmerie. Sous le commandement du sous-lieutenant Djè Adolphe, ces commandos de l’escadron de Koumassi n’avaient qu’une seule mission: vider les gendarmes des appartements qu’ils occupent depuis plus de 15 ans, afin que leurs collègues, affectés à Treichville, puissent y loger. Mais l’opération ne s’est pas déroulée aussi facilement, même si en fin de compte, 10 familles ont pu être chassées. Après un entretien avec le commandant de Brigade des lieux, N’Guessan Bruno, l’opération de déguerpissement a débuté à 9h pour prendre fin à 11h10. Ce sont les commandos eux-mêmes, armes au poing, qui procédaient au déménagement, de sorte qu’il était impossible pour les familles de s’y opposer. Dans la foulée, l’épouse d’un gendarme, Mme Gonti, a été violentée. Comment en est-on arrivé là? Il ressort, selon des sources proches de la Gendarmerie nationale, que depuis plus de 15 ans, des gendarmes occupent des appartements au secteur Arras Gendarmerie, qui abrite le siège de la Brigade de Treichville. Ce secteur compte 62 appartements dont 28 sont occupés par les gendarmes, et deux appartements servent de locaux à la Brigade de gendarmerie. Tous ces appartements, selon nos investigations, étaient gérés par la SICOGI jusqu’à ce que 32 soient rachetés par des civils qui occupent le secteur. Ayant appris que les logements qu’ils occupent n’étaient pas des casernes comme on le leur a fait croire depuis plus d’une décennie, les gendarmes, qui habitent les lieux, ont, eux aussi, décidé de se porter acquéreur des appartements. D’autant plus qu’ils ont découvert que l’un des appartements qu’ils occupent a déjà été acheté par une certaine Kouamé Affoué Massandjé. Les services des impôts ont même transmis, le 20 février 2007, un document à ce propriétaire lui intimant l’ordre de se mettre à jour. Découvrant la vérité, les gendarmes vont donc entamer des démarches auprès de leur ministre de tutelle afin d’obtenir gain de cause. Le 20 décembre 2007, ils vont écrire au ministre Kadet Bertin, alors conseiller de l’ancien président, Laurent Gbagbo, pour avoir les appartements. Celui-ci écrit à son tour à la SICOGI qui dit ne plus percevoir de baux militaires sur les appartements, qui sont donc achetables. Dès lors, les gendarmes qui occupent les logements vont entamer des investigations pour acheter les appartements. Ils rencontrent des collaborateurs du ministre de la Défense, en son temps, Michel Amani N’Guessan. Des assurances leur avaient été données et les discussions étaient en cours jusqu’à ce que le pouvoir change de main. Le nouveau Commandant supérieur de la Gendarmerie, Kouassi Gervais a décidé de remettre les choses en ordre, d’où l’envoi d’un détachement de commandos pour procéder au déménagement forcé des gendarmes. Mais du côté des victimes, l’on dénonce une injustice, d’autant plus que la SICOGI, qui gérait les appartements, ne le fait plus. Mieux, selon des documents que nous avons pu consulter, un huissier de la SICOGI a envoyé des courriers au Mdl Badou Kouakou Séverin, qui devait les distribuer aux gendarmes qui occupent les appartements. Nous avons pu consulter l’un de ces courriers qui sommaient l’un des occupants des appartements à s’acquitter des 3 millions fcfa qui lui restent avant d’acquérir définitivement son logement. Badou Séverin a finalement renoncé à distribuer ces documents sous la pression de la hiérarchie d’alors, parce que son acte constitue la preuve que les appartements sont en vente . Pour les gendarmes, il n’y a plus de doute. Une force « occulte » tire les ficelles et tente de les spolier. Il sont plus que convaincus qu’il y a anguille sous roche, dans la mesure où un officier concerné par l’opération de déménagement forcé (il occupe l’appartement 515) n’a pas été touché. « Cet officier a dit aux commandos qu’il a acheté son appartement », ont répondu des témoins de la scène. Et pourtant, une rencontre avait eu lieu le 10 octobre dernier à Agban; réunion convoquée, de bonnes sources, par le commandant de la légion départementale, le commandant de compagnie, Yao Clément. Celui-ci aurait promis de rendre compte des doléances des gendarmes locataires au commandant supérieur, qui devait les rencontrer incessamment. C’est dans l’attente de cette rencontre que 10 familles ont été déguerpies. Quant au reste, ils refusent de partir parce qu’ils estiment être dans leur droit.

Y.DOUMBIA
L’Inter

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