Agban Camp commando – Soro tance la Gendarmerie: « Arrêtez de mourir pour un individu »

Une journée entière consacrée à la Gendarmerie nationale. La randonnée de deux jours du Premier ministre, ministre de la Défense dans les camps militaires, s`est achevée hier vendredi 28 octobre, avec la visite du Commandement supérieur de la Gendarmerie au Plateau, le camp Commando de Koumassi, la caserne d`Agban à Adjamé et l’École nationale de Gendarmerie à Cocody. A Koumassi, mais surtout au camp d`Agban, Soro Guillaume a adressé un message assez musclé aux gendarmes. « La gendarmerie ne peut pas lier son sort et son avenir à un individu. Les hommes passent, les institutions demeurent. La gendarmerie doit traverser le temps et les personnes pour rester une institution républicaine. Le rôle de la gendarmerie n`est pas de prendre la place des politiques. Arrêtez donc de mourir pour un individu », a martelé le titulaire du portefeuille de la Défense. Soro a regretté que la Gendarmerie nationale, un corps très respecté de toute la population jusqu`à un passé récent, se soit détournée de son rôle régalien de défense des institutions républicaines et de la sécurisation des personnes, des biens et du territoire. « Il y a de cela quelques années, la gendarmerie a joué des rôles qui n`étaient pas honorables (…) Et à la faveur de la crise, nous avons vu la gendarmerie hésiter. Certains gendarmes se sont détournés de leur obligation de réserve, se sont laissés aller à des déclarations et étaient devenus des superstars dans les journaux et à la télévision en se livrant à des interviews fleuves. D`autres ont même posé des actes de subversion en marge de l`orthodoxie de la corporation. C`est pourquoi il est important que ceci soit dénoncé », a relevé la tutelle de l`Armée et de la Gendarmerie. Faisant allusion aux récents événements qui se sont produits au camp d`Agban, ou des coups de feu ont été entendus dans la nuit du 14 au 15 octobre dernier, le Premier ministre a sévèrement mis en garde contre toute velléité de renversement du régime. « Les coups d’État et les déstabilisations, c`est terminé. Et ce n`est pas cela le rôle de la gendarmerie. On ne peut pas rééditer ce qu`on a fait en 2002, en 2010 ou en 2011. Avec les NTIC, très peu de chose se cachent aujourd`hui. Nous avons donc procédé à des interpellations dans notre gendarmerie, et nous allons continuer », a averti Soro. Pour sa part, le Général de Brigade Kouassi Gervais a promis la loyauté de la gendarmerie aux gouvernants, et la fermeté contre les gendarmes « égarés ». « Tous ceux qui ont fait preuve d`une dérive messianique, tous ceux qui se laissent instrumentaliser par des hommes politiques, nous ferons en sorte de les ramener au pas ou de les mettre hors d`état de nuire. Je ferai en sorte que la gendarmerie soit la gardienne des institutions de la République et la protectrice de tous les Ivoiriens », a rassuré le nouveau Commandant de la Gendarmerie nationale.

Anassé Anassé
L’Inter

…….
Encadré : Le sens caché d’une visite
Ne pas effectuer une visite, en tant que ministre de la Défense et de surcroît chef du gouvernement, dans les casernes et autres camps militaires à un moment où des informations relatives à un soulèvement éventuel des militaires et des gendarmes, à un coup d’Etat, ou à une mutinerie, aurait bien surpris plus d’un. L’attaque de Taï (à l’ouest du pays) et les coups de feu au camp de gendarmerie d’Agban (Adjamé), il y a quelques semaines, ont été les motifs supplémentaires pour que le Premier ministre inscrive sur son agenda cette visite dans les casernes. Soro Guillaume a compris qu’il était temps d’aller parler aux soldats. D’abord, il entendait se faire une idée de l’ambiance qui règne dans les casernes, du volume de la grogne des hommes armés, mettre en garde les militaires et leur faire comprendre les risques qu’il y a à se hasarder sur le chemin tortueux des coups d’Etat. Il était naturellement de bon aloi, en outre, que le ministre de la Défense se donne la peine de prêter une oreille attentive aux militaires et gendarmes qui, dans un tel contexte, ont forcément des revendications à faire connaître. Car, si ces doléances ne font pas l’objet d’une attention particulière, elles pourraient être source de discorde entre le pouvoir et l’Armée. A la vérité, cet échange avec les soldats ne cache pas moins le fait que le pouvoir actuel redoute une déstabilisation des institutions de la République et craint un coup d’Etat qui pourrait l’emporter, même s’il montre des signes de sérénité. Mais cette visite aura permis au chef du gouvernement de mesurer les dégâts causés par la guerre sur l’outil de défense, afin d’envisager sa remise à niveau et d’asseoir ainsi un dispositif capable de contrer toute agression.

A. BOUABRE

Commentaires Facebook