TRIPOLI (Reuters) – Saïf al Islam Kadhafi, fils du défunt Mouammar Kadhafi recherché par la Cour pénale internationale (CPI), a franchi la frontière de la Libye avec le Niger, a déclaré jeudi à Reuters un responsable du Conseil national de transition (CNT) qui a évincé l’ancien « guide » du pouvoir.
Craignant pour sa vie s’il est capturé en Libye, Saïf al Islam semble tenter de se rendre à la CPI mais n’a pas encore trouvé le moyen d’y parvenir, a dit le responsable.
« Il y a un contact avec le Mali, l’Afrique du Sud et un autre pays voisin pour organiser sa sortie (…) Il n’a pas encore reçu de confirmation, il attend toujours », a ajouté le responsable du CNT, qui a demandé à conserver l’anonymat.
S’il peut puiser dans l’immense fortune accumulée par le clan Kadhafi au cours de ses 42 ans de règne, les options de Saïf al Islam demeurent limitées en raison des poursuites engagées par la CPI pour son rôle dans la répression contre l’insurrection.
Cela pourrait expliquer son apparente volonté, confirmée par des enregistrements des services de renseignement transmis aux autorités intérimaires, de négocier sa reddition avec la CPI.
La cour tente toujours d’obtenir des précisions sur la situation et les intentions du fils de Kadhafi ainsi que celles de l’ancien chef du renseignement libyen, Abdoullah el Senoussi, également sous le coup d’un mandat d’arrêt international.
DEMANDE D’UN AVION
Une source au sein du CNT a indiqué à Reuters que les deux hommes toujours en fuite se trouvent ensemble et qu’ils sont protégés par des nomades touaregs.
« Saïf s’inquiète pour sa sécurité. Il pense que la meilleure solution pour lui est de se rendre », a précisé cette source.
Le plus jeune fils de Kadhafi a souvent été présenté comme le membre le plus libéral de la famille avant d’adopter une position jusqu’au-boutiste face au soulèvement des rebelles qui ont conquis la capitale Tripoli en août.
« Il veut qu’on lui envoie un avion. Il veut des garanties », a poursuivi cette même source au sein du CNT.
Un porte-parole de la CPI a précisé que l’instance judiciaire tentait de confirmer les déclarations de la source interne au CNT et de mettre sur pied les dispositions du transfert des deux fuyards.
« Tout dépend de l’endroit où le suspect se trouve, comment nous pouvons entrer en contact avec lui et des moyens nécessaires pour le rapatrier à La Haye », a ajouté le porte-parole Fadi el Abdalah.
Certains observateurs doutent de l’exactitude des informations fournies par le Conseil national de transition en raison des fréquentes approximations commises récemment.
Depuis qu’il s’est échappé du bastion pro-kadhafiste de Bani Walid, des informations divergentes ont été données sur le lieu de résidence de Saïf al Islam.
Si un accord est conclu, il sera transféré à La Haye où la CPI partage une unité de détention avec le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY).
Ne disposant pas d’une force de police dédiée, la CPI a toujours compté par le passé sur la coopération des Etats membres pour arrêter ses suspects.
Pourtant, l’acheminement de Saïf al Islam jusqu’à La Haye posera des problèmes logistiques étant donné qu’il se cache dans une zone reculée du désert libyen.
L’une des solutions serait de faire appel aux Nations unies, qui ont déjà transporté un suspect par hélicoptère au Soudan pour des pourparlers de paix, sans que cela ne donne lieu à une arrestation.
Le fils du guide libyen, âgé de 39 ans, a pris la fuite après la capture et la mort de son père, tué il y a une semaine alors qu’il tentait de fuir Syrte.
Samia Naikhoul, Philippe Bas-Rabérin pour le service français
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